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Portraits Choisis

 

"Portraits de femmes" Grande soirée au cinéma à Saint-Etienne
Françoise Gaspard, Femme politique, lesbienne et féministe
Ruth Ellis, la plus ancienne militante LGBT de l'histoire
Mireille HAVET
, poétesse
Benoite Groult
Djuna Barnes
Sœur Sourire, une martyre lesbienne
Hildegarde de Birgen
, la méconnue 
Marguerite Yourcenar           

 
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"Portraits de femmes"   Grande soirée au cinéma Le France
Le Vendredi 15 octobre à 20h00
 à Saint-Etienne (42)
Manifestations dans le cadre des 40 ans du MLF... et du 100ème anniversaire de la journée de la femme,  les filles de FACE à FACE proposent les portraits de deux femmes dont l'action a représenté une contribution inestimable à l'amélioration de la condition féminine :

> Wangari Maathai,
première femme africaine à recevoir le Prix Nobel de la paix en 2004, parvient à mettre un terme à la déforestation du Kenya. Fondatrice du Green Belt Movement, elle a mobilisé les femmes des zones rurales en leur apprenant à planter des arbres et réussit à créer de nouvelles sources de revenus pour les communautés locales.
"TAKING ROOT : the Vision of Wangari Maathai" documentaire de Lisa Merton et Alan Dater2008, 1h20, Etats-Unis VO ST Français

> Simone Veil réforme la loi sur l'avortement en 1974
Extrait du discours de Simone Veil à l'Assemblée nationale
Extrait du discours de Simone Veil au Sénat
Interview de Joelle Brunerie-Kaufmann (extraits)
Archives INA - 17 mn  - Avec les intervenantes du Planning familial
Discussion ouverte autour d'un buffet sucré en fin de séance  Tarif soirée : 5 euros

PLUS d'INFOS : Association FACE à FACE 
www.festivalfaceaface.fr
Festival du film gay et lesbien de Saint-Etienne

Cinéma LE FRANCE - 8 rue de la Valse - 42100 Saint-Etienne - Téléphone : 06 29 43 01 20Mail :
faceaface.stetienne@free.fr 
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Françoise Gaspard Femme politique, Sociologue, Activiste lesbienne et féministe
Née le 7 juin 1945 à Dreux - Son début de carrière est lié à l'enseignement : professeure d’histoire au lycée Michelet à Vanves - 1971-1974, chargée de cours d’histoire économique à la Sorbonne - 1970-1974, élève à l’ENA - 1974-1977.  Françoise Gaspard devient mairesse de Dreux de 1977 à 1983 et députée PS de 1981 à 1988.  Sociologue, maître de conférences à l'école des Hautes études en sciences sociales, représentante de la France à la Commission de la condition de la femme à l'ONU, Françoise Gaspard est depuis 2001 Experte au sein du Comité CEDAW de l'ONU, comité d'experts chargés du suivi par les États qui l'ont ratifié de la Convention de New York sur l'élimination de toutes les discriminations à l'égard des femmes et membre de la Commission nationale consultative des droits de l'homme.
Elle s'est pacsée publiquement avec Claude Servan-Schreiber en 2000.
Interview sur son homosexualité et le coming-out des hommes politiques
Interview du Nouvel Obs  - Source : http://comingout.free.fr
Le Nouvel Observateur. ­ Que pensez-vous du " coming out " télévisé de Bertrand Delanoë ?
Françoise Gaspard. ­ Il n'est pas inutile que des parlementaires homosexuels disent qu'ils le sont. C'est une façon de banaliser l'homosexualité. Pour autant, tous ne sont pas obligés de le dire à la télévision. Libre à chacun d'en faire état publiquement ou pas.

N. O. ­ Vous n'avez plus de mandat politique, mais si vous étiez aujourd'hui candidate à une élection, en feriez-vous état ?
F. Gaspard. ­ Absolument. Chaque fois que je pourrai contribuer à banaliser l'homosexualité, je le ferai.

N. O. ­ Pourquoi ne pas l'avoir dit au moment de votre candidature à la mairie de Dreux, en 1977 ?
F. Gaspard. ­ J'ai fait campagne sur des convictions sans rien renier de ce que j'étais : je me déplaçais à moto, avec un blouson de cuir et ça surprenait. Ce qui a encore plus surpris, c'est que j'ai été élue.

N. O. ­ Vos adversaires politiques s'en sont-ils servis contre vous ?
F. Gaspard. ­ Jamais. Mes amis, oui.

N. O. ­ Pourtant à Dreux, la rumeur a circulé. Vous avez été " outée " ?
F. Gaspard. ­ Par un article de Guy Hocquenghem dans " Libération ", en 1979. Aux élections de 1988, il y a eu des inscriptions : " Gaspard lesbienne ". On m'a dit que le coup venait de mes opposants au sein du Parti socialiste. Jamais l'extrême-droite locale n'en a fait état. Et pour cause : des militants de l'appareil étaient gays.

N. O. ­Comment justifiez-vous la complaisance à l'égard du discours homophobe de certains élus par ailleurs homosexuels ?F. Gaspard. ­ Par la peur ! Ils pensent qu'être étiquetés gays nuira à leur carrière. A mon avis, les électeurs sont beaucoup plus libéraux et tolérants que ne le croient les élus. Je ne leur demande pas de le crier sur la place publique, mais qu'ils s'illustrent dans une manifestation où l'on crie : " Les pédés au bûcher ! ", ça, c'est intolérable.

N. O. ­ L'omerta qui règne sur le sujet dans la classe politique n'est-elle pas un archaïsme ?
F. Gaspard. ­ Le milieu politique a peu changé. Il est encore très frileux par rapport à la sexualité, qui, quelle qu'elle soit, reste un non-dit. Elle est aussi un obstacle à l'entrée des femmes dans cet univers d'hommes. J'ai eu l'occasion de me pencher sur les débats de la franc-maçonnerie à la fin du XIXe siècle. Ils traduisaient ce qui se disait à voix basse dans les partis : les femmes ne pouvaient accéder à la politique car elles risquaient d'y introduire du désir, donc du désordre. L'antiféminisme en politique a toujours eu de fortes connotations sexuelles. Voyez les discussions à la buvette de l'Assemblée : on y parle des femmes pour dire si elles sont " baisables " ou non.

N.O. ­ Le milieu sait très bien qui est homo ou pas. Comment réagit-il ?
F. Gaspard. ­ De temps en temps, on en rigole, on s'en moque. Mais au fond, il y a une complicité et une acceptation. Quand j'étais députée, l'un de mes assistants, gay, m'a révélé le nombre de parlementaires qui avait la même sexualité que lui. J'étais abasourdie ! D'autant que beaucoup d'entre eux étaient mariés. J'ai découvert ainsi que le mariage est un passeport pour se présenter devant les électeurs.

N. O. ­ Gaston Defferre, dont vous étiez proche, vous avait d'ailleurs alertée à plusieurs reprises sur votre situation de femme non mariée...
F. Gaspard. ­ En 1980, il m'a convoquée à un dîner en tête à tête pour m'annoncer : " François Mitterrand va gagner les élections, il faut que vous vous mariiez avant les présidentielles ­ vous et quelques autres ­ si vous voulez avoir une carrière ministérielle... "

N. O. ­ Votre réaction ?
F. Gaspard. ­ Je lui ai fait remarquer qu'il faudrait que la loi change pour que je puisse me marier !

N. O. ­ Et les quelques autres ?
F. Gaspard. ­ Le Carnet du " Monde ", entre décembre 1980 et mai 1981, prouve qu'un certain nombre de mes petits camarades ont convolé. Des hétéros qui n'avaient pas envie de se marier l'ont fait, et des homos ont épousé des femmes qui se voyaient bien mariées à un futur ministre. C'était encore le XIXe siècle !


F.Gaspard et sa compagne Claude Servan-Schreiber
Françoise Gaspard
(1984) assumera publiquement son homosexualité, devenant ainsi l'une des premières personnalités politiques françaises à le faire et presque la seule en tant que femme.(...) Françoise Gaspard a joué un rôle pionnier dans l'introduction des études gays et lesbiennes en France : elle a conduit, avec Didier Eribon, un séminaire de recherche à l'EHESS (de 1998 à 2004) consacré à la sociologie des homosexualités ; elle codirige avec Bruno Perreau le premier cours français sur l'homosexualité destiné à des étudiants de premier cycle (à Sciences Po, depuis le printemps 2006).
Source et doc compl. : fr.wikipedia.org/wiki/Une_petite_ville_en_France
+ info : bu.univ-angers.fr/.../CAF/numer/ANGaspard.htm
Françoise Gaspard est notamment l'auteur de : Au pouvoir citoyennes ! Liberté, égalité, parité (avec Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall, éd. du Seuil, 1992) et le Foulard et la République (avec Farhad Khosrokhavar) éd. du Seuil, 1995 (elle a une bibliographie très fournie sur le thème des droits de la femme).
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Ruth Ellis, la plus ancienne militante LGBT de l'histoire Source veryfriendly.fr 08/10/2009
Elle a vécu jusqu'à 101 ans et elle est connue comme l'une des plus ferventes défenseuses des droits des gays et lesbiennes des États-Unis. En son honneur, un centre un centre qui aide les jeunes homos à la rue a été créé
Ruth Ellis est né le 23 Juillet 1899. Elle était la plus jeune de quatre enfants et la seule fille. Ses parents sont nés dans le Tennessee, États-Unis, pendant les dernières années de l'esclavage. Son père a été le facteur premier noir dans la ville de Springfield. Ellis a fréquenté l'école à un moment où très peu d'américains s'étaient inscrits dans l'enseignement secondaire et une minorité d'origine africaine. Elle se rendit compte de son orientation sexuelle quand elle avait 16 ans. Elle faisait remonter ses premiers émois à son professeur de gymnastique, la première femme qui l'avait attirée. Au début de 1920, Ruth Ellis a rencontré Cecilie "Babe" Franklin. Elles sont devenues amies et amantes pendant plus de 35 ans.  Lorsque Ellis déménagé à Detroit en 1930, "Babe" l'a rejointe. Le couple a acheté une maison et celle qui deviendra une fervente activiste a commencé une entreprise d'imprimerie. Elle devint ainsi la première femme originaire du Michigan (et noire) à exploiter une entreprise d'imprimerie...
 Sa maison devint le lieu de rencontre local pour les Américains gais et lesbiennes afro-américains. Connu comme "le lieu gay", Ellis a ouvert sa maison pour les fêtes, et n'a jamais refusé d'héberger un qui avaient besoin d'un endroit pour dormir... Dans la dernière partie de sa vie, Ellis est devenu un personnage bien connu dans la communauté LGBT, d'abord localement, puis à l'échelle nationale. Elle assiste à des manifestations et des programmes dans tout le pays, souvent comme oratrice ou en invité spécial. Elle aimait toujours danser et rencontrer des gens, même avec l'âge...  En 1999, la vie Ellis a fait l'objet du documentaire "Living With Pride: Ruth C. Ellis @ 100 ", dirigée par Yvonne Welbon. Le film a été projeté dans les cinémas du monde entier et dans des festivals, il a remporté le Prix du Public du Meilleur documentaire à l'international du "San Francisco Gay and Lesbian Film Festival" en 1999. Décédée en 2000, elle laisse derrière elle des années de combat à son échelon, mais aussi une figure de lesbienne forte, âgée, ce qui est rare, et fière, comme active jusqu'au bout. Pour l'égalité.
En son honneur a été créé Ruth Ellis Center, un espace qui aide actuellement les personnes LGBT sans abri.
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Paris: une place au nom de la poétesse lesbienne
Mireille Havet Source tetu.com 29/01/2009
Enfin, on permet à la culture lesbienne d'exister, en l'inscrivant dans le patrimoine urbain! Ce vendredi 29 janvier, en effet, en effet, sera inaugurée la «place Mireille-Havet» du nom de la poétesse amie de Cocteau, de Colette, et dont on a commencé à rééditer le très sombre et magnifique Journal en 2003 aux éditions Claire Paulhan. Mireille Havet y racontait ses errances et sa complainte de garçonne Don Juane, ses conquêtes désespérées et y confiait son goût pour l'opium et les soirées littéraires du Paris des années folles.
Vendredi, à 11h, la place sera donc baptisée du nom de la fugace poétesse disparue à 34 ans, sur le terre-plein central du faubourg Saint-Antoine, entre les rues Saint-Bernard et Faidherbe. Une vraie avancée pour la visibilité lesbienne!
- Journal 1918-1919, de Mireille Havet, éd. Claire Paulhan, 256 p., 20 €. Suivi de Journal 1919-1924, 544 p., 35 €, de Journal 1924-1927, 448 p., 36 €. 
Mireille Havet, poétesse lesbienne (extrait photo coll.particulière)
femme extrême, jouisseuse, féroce, mondaine qui a traversé les Années folles en sainte damnée, croisant Cocteau, Apollinaire, Coco Chanel… Elle laisse un brûlant journal intime (1913 à 1929)
- Source Télérama - 02/08/2008
- "Je serai abracadabrante jusqu'au bout », déclarait dans son ténébreux journal la « petite poyétesse » (...)que lança Guillaume Apollinaire en 1914 ; qui troubla, adolescente, son aîné Paul Fort ; émut, jeune fille, Colette, et fut vivement célébrée, jeune femme, par Cocteau, le compagnon des nuits d'opium (...)  Mireille Havet fut tellement abracadabrante, sulfureuse amazone des Années folles, que la postérité se fit un devoir d'oublier cette étoile filante trop douée, morte de tuberculose dans la solitude et la misère à 34 ans (1932), après avoir été une jeune écrivaine prodige promise à tous les succès, une indomptable don Juane du Paris lesbien, un esprit libre et acéré qui ne supportait aucun masque.(...)
On découvre une artiste tout ensemble proche de Marcel Proust pour sa vision assassine d'une société à la dérive, de la religieuse portugaise pour ses vertiges amoureux, des plus roués libertins du XVIIIe pour ses transgressions de tout tabou, de Dostoïevski pour ses descentes aux enfers. Une extrême. Une jouisseuse. -« J'aime la vie. Elle me monte à la tête, elle m'envahit. Elle surpasse ses promesses comme une maîtresse follement amoureuse et qui ne craint plus de trop prouver son amour. J'aime la vie et elle m'aime. Je sens sur mes joues ses longues caresses. [...] J'ai la chance inouïe d'avoir faim de tous les plats du monde et d'agrandir au contraire mon appétit à mesure qu'âprement je dévore l'univers », écrit-elle en 1922.
Tout, alors, semble encore possible à la jeune et frêle poétesse, tôt fêtée dans le Paris artiste de l'époque, ambitieuse, rosse et mondaine, arborant crânement cheveux courts, canne, costume d'homme et cravate.  Elle n'a jamais dissimulé son goût passionné des femmes et n'a jamais vraiment souffert non plus d'ostracisme, née dans un milieu bourgeois plutôt curieux et éclairé. (...)Elle préfère sans complexe se laisser entretenir par des maîtresses fortunées - « J'acceptais d'elle ce qui est naturel entre amants, qu'elle assure ma vie matérielle », avoue-t-elle en 1925 à propos du grand amour de sa vie, Reine Bénard.
(...) malgré des tentatives de désintoxication moult fois recommencées. Mireille Havet a osé décrire comme peu d'opio­manes comment « aller droit à l'enfer par le chemin même qui le fait oublier », tout en reconnaissant : « ma folie ne me rend pas heureuse, mais je la préfère ». Aux frontières du masochisme, sa lucidité émerveille. Et ce regard impitoyable sur elle-même et le monde. « La vie, c'est un endroit où l'on meurt », dit-elle sans craindre les paradoxes. Ne fut-elle pas proche des artistes d'avant-garde tout en cultivant un romantisme d'un autre âge ; d'apparence libérée, ouverte, affranchie tout en accumulant les préjugés antisémites et nationalistes, tout en se comportant en macho avec ses petites amies qu'elle battait volontiers, tout en se moquant ouvertement des « gousses », elle qui n'aimait rien tant que « pervertir » les sages bourgeoises hétérosexuelles ? La femme était consciente de ses cruautés, de ses fêlures : « J'ai perdu ce qui faisait de moi un poète et je suis devenue un être avec toutes les paresses, toutes les lâchetés, tous les désirs des êtres que la vie a domestiqués, asservis sous son poing de fer, courbés sous le joug de l'argent, de l'amour et de l'ennui. » C'est qu'elle est avant tout une femme de l'entre-deux-mondes. Elle a vu mourir les guerriers des derniers empires en 14-18, vu s'effondrer l'économie mondiale en 1929 ; elle disparaît en 1932 quand va poindre le nazisme et autres atrocités contemporaines. Sans s'en rendre toujours bien compte, la garçonne-médium des Années folles fait le pont entre le triste hier et le terrible demain, deux moments de déchirure - « je suis une grande brèche où toutes les monstruosités du monde peuvent passer ».Elle n'y résiste pas. Car celle qui adore danser le tango dans les bouges habillée en homme refuse le « mentir vrai » de son ami Jean Cocteau, dont elle incarnera le personnage de la Mort dans Orphée, habillée par sa camarade Chanel, en 1926. Elle abhorre le mensonge. Affronte ses outrances et ses vices. Décrit avec une cinglante vérité la violence d'une sexualité irrépressible : « Dans la tombe, je tombe. »Au moins Mireille Havet la ténébreuse, la veuve, l'inconsolée, qui se comparait si souvent à un pauvre Arlequin, aura-t-elle été au bout de ses labyrinthes. Mais seul son journal plaintif et convulsif, lapidaire et lyrique, témoigne de ce cheminement de sainte damnée. Il était son salut. Il est aujourd'hui sa résurrection. L'écriture comme jamais aura ici sauvé une âme perdue de ses démons, enfin magnifiés pour l'éternité."
(excellent article de)  Fabienne Pascaud -
Télérama n° 3055 -
Article complet  www.telerama.fr/livre/mireille-havet-l-inconsolee,32048.php#cmtavis
A LIRE
*** “Mireille Havet, L'enfant terrible”, d'Emmanuelle Retaillaud-Bajac, éd. Grasset, 524 p., 20,90 €.
**** “Journal 1918-1919”, de Mireille Havet, éd. Claire Paulhan, 256 p., 20 €. Suivi de Journal 1919-1924, 544 p., 35 €, de Journal 1924-1927, 448 p., 36 €.
** “Carnaval”, de Mireille Havet, éd. Claire Paulhan, 248 p., 23 €.

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Benoite Groult  (auteurE de "Ainsi soit-elle) "La touche étoile", éd. Grasset - Sélection 2007 "Prix des Lecteurs" !
"Vous étiez belle, Madame...et cet imparfait n' enlève rien à l' éclat toujours vif de vos yeux d' octogénaire.  Ardente, infatigable... On se souvient de vos plus grands combats : pilule, avortement, ces atouts de femme que vous avez remarquablement soutenus par votre talent d' écrivain. Dans votre dernier ouvrage "La touche étoile", vous affirmez ...
-"On a le droit de faire toutes les conneries que l' on veut toute sa vie. Se marier, se tromper, divorcer et même se suicider. Mais au moment de mourir, terminé la liberté. On devient le jouet de forces adverses dont on n' a rien à faire, la morale, le pape ou des médecins qui ne veulent pas entraver leur carrière." édité aussi au"Livre de Poche" 6€ EAN / ISBN : 9782253119746 - Code Hachette : 3119740Prix TTC : 6,00 € - 256 pages

Je retrouve le franc-parler de la militante que vous demeurez, sincèrement engagée dans l' Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité. Alors, formulons le voeu, ensemble, de ne pas avoir besoin d'un ultime voyage en Belgique... Formulons le voeu de voir surgir un nouvel état de conscience où responsabilité et humanisme iraient de paire sur le plus beau mot de notre langue comme disait Pasteur (...)Solange Arcamone : http://lettresdecoeur.blogg.org/date-2006-04.html
Photo CHD - Benoite Groult, Printemps du Livre2007 à CASSIS (séance de dédicaces )

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Djuna Barnes célèbre la chair des  "Répulsives" Source tetu.com 08/2008
Le premier livre de Djuna Barnes, Le Livre des répulsives, un recueil de huit poèmes et de cinq dessins datant de 1915, vient d'être édité en France, en édition bilingue. Il était temps. Auteure de l'Almanach des dames, Djuna Barnes, écrivaine et journaliste lesbienne new-yorkaise appartenant à l'avant-garde moderniste, s'installa à Paris dans les années 1920 et fréquenta le Paris lesbien arty des Gertrude Stein, Natalie Barney et Sylvia Beach. Ursula Del Aguila... "
Le Livre des répulsives, de Djuna Barnes, (Éditions Ypsilon), 15euros
En 1927, elle s'éprend de la sculptrice Thelma Wood, avec qui elle vit au 9 rue St-Romain. Elles rompent en 1931.
"Après un roman quasi autobiographique (Ryder, 1928), elle écrit son chef d’œuvre, Le Bois de la nuit (Nightwood), préfacé par T. S. Eliot. Elle (...) retourne aux États-Unis qu’au début de la Seconde Guerre mondiale et meurt à New-York en 1982. Malgré l’intérêt que lui ont porté les féministes à partir des années 1970, elle reste peu connue aux États-Unis et à peu près ignorée en France. (...)suite et article complet : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/02/djuna_barnes.html
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La tombe d'Annie Pecher & de Jeannine Deckers (Soeur Sourire)   réunies dans la mort,
à Wavre (Belgique)


Faut-il rappeler le suicide également
d'une autre chanteuse :
Gribouille

Sœur Sourire, Une martyre lesbienne
Le destin tragique de Sœur Sourire (1933-1985)
"Certains se souviennent peut-être de la chanson très sixties "Dominique nique nique", chanté par Sœur Sourire. On oublie souvent qu'elle était à l'époque une novice dans un monastère près de Waterloo, en Belgique. Et qui se souvient encore de son suicide tragique en 25 mars 1985, en même temps que sa compagne Annie Pecher....
CINEMALESBIEN  2009 -Cécile de France incarne à merveille "Soeur Sourire" au cinéma...

Si Jeannine Deckers est bien une victime de ce que l'on n'appelait pas encore Homophobie, ainsi que sa compagne, puisque la non reconnaissance, le mépris, le rejet social et familial... tuent encore sûrement de nos jours. Elle semble surtout avoir été victime du tour de passe-passe de l'Eglise Catholique qui s'est empoché 1,6 milliard de centimes...
Photo Annie Pecher &
Jeannine Deckers (Soeur Sourire)

SOEUR SOURIRE VICTIME D' HOMOPHOBIE
Cette page est un hommage rendu à Jeannine Deckers, lesbienne, qu'aucune assoc n'a aidé, le contexte étant différent de notre époque."Source skingay59/archives - 20/02/2009 
En 1961 le premier disque qu'une de mes tante m'a offert Soeur Sourire avec sa chanson Dominique au hits parade en tête pendant plusieurs mois
"Dominique, nique, nique, S'en allait tout simplement, Routier, pauvre et chantant En tous chemins, en tous lieux,Il ne parle que du Bon Dieu,Il ne parle que du Bon Dieu... " Elle est née le 19 octobre 1963 à Bruxelles. Son père, Lucien Deckers est pâtissier , sa mère est Gabrielle Denis, des commerçants aisés. Jusqu'à l'âge de 13ans elle vit avec ses parents et sa soeur cadette rue de Laeken à deux pas de la Place de Brouckère.
En 1946, toute la famille déménage pour gagner Woluwe-Saint-Lambert, une commune bruxelloise plus cossue pour tenir une pâtisserie et un salon de dégustation.La future religieuse est une bonne élève au caractère indépendant. Elle entre dans les Guides, un mouvement de jeunesse catholique où elle reçoit le surnom d'Ourson concentré. A l'issue de ses études secondaires, elle entre àl'école Normale pour devenir en 1953 professeur de dessin. De1954à 1959 elle enseigne le dessin et joue de la guitare tout en suivant des cours dans un institut supérieur d'architecture.
En 1959 elle décide de tenter l' expérience moniale au couvent de Firchermont prés de Waterloo. En mai 1960 elle revêt l'habit des dominicaines. Elle restera attachée au monastère de Fichermont de 1959 à 1966.
Le 24 octobre 1961 elle entre dans les studios de la grande firme disquaire Philips pour enregistre un premier 45 tours. Début 1962 le disque sort et connaît immédiatement un succés considérable. La chanson Dominique restera numéro un durant 4 semaines et dix semaines en tête des hits parade des albums. Qui lui valut d''être numéro 1 au Top américain devançant le King Elvis Presley.
Le 21juin 1963, Soeur Luc -Gabriel, son véritable nom chez les dominicaines, prononce des voeux provisoires pour une période de 3 ans. Elle suit des cours de sciences religieuses à l'université de Louvain. A la mi décembre 1964 elle retrouve, une amie d'adolescence, qu'elle ne quittera plus jusque-là fin tragique. Le 20 juin 1965 elle renouvelle ses voeux au couvent de Fichermont.
En 1966 les Etats Unis décide d'exploiter le succès considérable de Soeur Sourire en lui consacrant un film avec l'aval des autorités religieuses belges. Comme le voulait la règle monacale, elle reverse la totalité de ses gains à l'ordre des Dominicains. En juillet 1966, Jeannine Deckers signe une série de document que lui proposent sa Mère Supérieure et l'avocat conseil du couvent. Ces documents seront à l'origine des énormes problèmes que connaîtra la nonne chantante. dans ces documents la totalité des gains de Soeur Sourire reviennent à l'ordre mais les impôts à Jeannine Deckers. Elle quitte le couvent, ce dernier rompt le contrat avec la firme Philips. L'ordre des dominicains récupère les droits d'auteurs, les bénéfices de ses spectacles ce qui représente 2,5 millions d'euros.
- "Le contrat passé avec sa maison de disques lui interdisait d’utiliser en tant que laïque le pseudonyme qui l’avait rendue célèbre. C’est donc sous le nouveau pseudonyme de Luc Dominique que Jeannine tentera de poursuivre sa carrière de chanteuse avec des chansons décalées et jugées parfois provocatrices comme la "Pilule d’or" en 1967, ode à la contraception. Jeannine veut prouver aux autres et d’abord à elle-même, qu’elle s’est enfin libérée : elle verse dans le féminisme, mais elle ne peut reconnaître son homosexualité arguant essayer de bâtir une vie alternative avec Annie Pécher, à mi-chemin entre la vie monastique et la vie laïque. En pleine période contestataire, elle écrit à cette époque des titres polémiques où elle s’en prend à la société, aux mères, aux hommes (violents et dominateurs), à l’Eglise catholique et au conservatisme politique :"Les Con-conservateurs". Jeannine Deckers s’exprime en ces termes :
« Je réclame de mes frères le droit d’évoluer, de vivre solidaire (...) Elle est morte, Soeur Sourire. Elle est morte, il était temps. J’ai vu voler son âme, à travers les nuages, dans le soleil couchant. » -
Le 21 mars 1967 Jeannine Deckers se libère officiellement de son ordre. Les médias et le clergé disent qu'elle a attrapé la grosse tête et que c'est pour l'argent qu'elle quitte les ordres. En 1967 elle provoque un scandale en composant la pilule d'or pour défendre la contraception. Les doutes quant à sa foi et les nombreuses épreuves qu'elle doit affronter la conduisent à une longue, profonde et grave dépression.
Elle suis des séances d'assistance psychologiques à répétition. 1974 Soeur Sourire reçoit des courriers des impôts lui réclamant des sommes considérables en guise d'arriérés. De plus en plus elle fait appel à des cocktails de médicaments mélangés à de l'alcool, les périodes d'euphorie succèdent à des périodes de dépression avec une fréquence alarmante. Elle évoque à plusieurs reprises des idées de suicide dans son journal intime.
1982 elle sort une nouvelle version de Dominique version gay, elle a peu de succès ses ennemis homophobes, presse people la traque.
L'appartement du dernier étage des Verts Horizons à Wavre dans le Brabant Wallon abrite Jeannine Deckers et Anne Pecher pour des périodes de plus en plus sombres.Complètement désespérées les deux amies le 25 mars 1985 décident de mettre fin à leurs jours. La police locale retrouvera autour des 2 corps des lettres d'adieu, dans un coin de la pièce repose Adèle la première guitare de la nonne chantante. et une autre offerte par Georges Brassens. Suivant leur ultimes volontés Jeannine Deckers et Annie Pecher sont entérrées ensembles. Le 1er avril 1985 la mort de Soeur Sourire est annoncé aux médias. Une fin qui laisse songeur si l'on pense que Soeur Sourire meurt dans le dénuement le plus complet alors que sa carrière a généré des gains pour environs 2,5 millions d'euros. En 2005, 20 ans après sa mort , cette figure emblématique reviens nous interroger au travers un texte vif et poignant de Marie Destrait . L'auteur nous dévoile , sans complaisance, une personnalité attachante et sincère, qui en dépit de ses contradictions, eu le le mérite de lever le voile sur la difficulté de suivre un idéal au quotidien."
 

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Hildegarde de Birgen (1098 à 1179)...  la méconnue 
 Hildegarde von Bingen, mystique allemande du XIe siècle,  Abbesse, femme de science, femme médecin, célèbre, érudite, Hildegarde est également musicienne et compositrice prolifique, personnalité politique, religieuse et visionnaire.
"Grande Abbesse, Religieuse visionnaire, Herboriste accomplie,  Musicienne...
Hildegarde soutenait en particulier que l'esprit de la femme est en tous points comparable et égal à celui de l'homme.
Ces déclarations lui avaient attiré les bonnes grâces du peuple, mais n'avaient pas manqué de choquer des hauts membres du clergé de Mayence et même la noblesse masculine allemande de l'époque. (...)
Hildegarde
composa plus de 77 symphonies répertoriées
(musique considérée comme étrangement moderne) qu'interprètent encore de nombreuses bénédictines aujourd'hui (...)
Hildegarde était également Maître dans la médecine psychosomatique et l'art de guérir par les plantes
(...)
Trois siècles avant Léonard de Vinci, Hildegarde avait déjà dessiné une de ses visions :
l'homme aux six mains au coeur du Cosmos. (...)
Hildegarde de Bingen "Prévention et guérison des maladies"   
>>> et aussi d'excellents portrait de Hildegarde de Birgen   :
>>>http://users.skynet.be/fa826656/pat/hist/vonbingen.htm
et  www.christ-roi.net/index.php/Hildegarde_de_Bingen

Hildegarde Von Bingen, la "conscience inspirée du (XI) XIIe siècle" par Élaine Audet* - Source sisyphe.org 23/04/2007
* Élaine Audet a publié, au Québec et en Europe, des recueils de poésie et des essais, et elle a collaboré à plusieurs ouvrages collectifs...
- "On commence à peine, ces dernières années, à reconnaître l’immense talent d’Hildegarde Von Bingen (1098-1179) et à la compter parmi les penseurEs les plus célèbres et les plus originaux de l’Europe médiévale. Née dans une famille aristocrate rhénane, elle entre au couvent à l’âge de huit ans, parce que son père a promis de donner son dixième enfant à l’Église, et elle y reste pendant les quatre-vingts autres années de sa vie. Abbesse, femme de science, femme médecin, célèbre, érudite, elle est également musicienne et compositrice prolifique, personnalité politique, religieuse et visionnaire. Ses écrits figurent parmi les premiers ouvrages mystiques du Moyen Âge. (...)
"  Suite:  www.sisyphe.org/article.php3?id_article=610   
                                 >>> voir aussi
Le Béguinage, un autre choix de vie                       >>>et Lesbi-Sorcières                                                      

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Marguerite Yourcenar
"Dès qu'il y a sympathie (ce mot si beau qui veut dire "sentir avec"...)commencent à la fois l'amour et la bonté" Marguerite Yourcenar
"Marguerite Yourcenar et son oeuvre sont plus que passionnantes. Mais quand ses biographes en parlent, certains domaines restent dans l'ombre ou sont très mal éclairés : ceux où son anticonformisme déconcerte le plus, encore aujourd'hui. Ceux où son anticonformisme découlait de la sympathie  par Alias *
Mon livre de chevet à moi, ce que j'ai le plus lu et relu, c'est Yourcenar, et dans Yourcenar particulièrement L'œuvre au noir, et dans L'œuvre au noir, particulièrement le chapitre "L'Abîme".  Quel que soit l'état où je me trouve avant ma lecture, cet abîme m'aide à le relativiser. Concentrée, précise, la condition humaine universelle y coule et me calme. Mes anxiétés, mes colères, mes enthousiasmes se ramènent à leurs justes proportions de gouttes d'eau. Et par delà l'abîme, il y a toute cette magnifique œuvre au noir. Et derrière l'œuvre au noir il y a Yourcenar.
On a tant écrit sur Yourcenar (il existe même une Société internationale d'études yourcenariennes !), pourquoi en rajouter ? Parce que ce qu'on a écrit m'agace souvent. Et particulièrement ses deux biographies les plus connues et récentes, celles qui ont été publiées après sa mort et qui font autorité, celle de Josyane Savigneau chez Gallimard* en 1990 et celle de Michèle Sarde chez Laffont en 1995. Très poussées et informatives, leurs présentations escamotent pourtant les spécificités les plus difficiles à cerner (faire quelqu'un ou se laisser habiter par un personnage, vues spirituelles et philosophiques...) et en déforment totalement un autre, celui de l'amour et de la sexualité. 
*


 A l'opposé, les biographes s'ingénient (c'est quasiment obsessionnel chez Michèle Sarde) à trouver des amours hétérosexuels dans la vie de l'écrivain et croient plausible d'en détecter deux, un de jeunesse, André Fraigneau, et un de vieillesse, Jerry Wilson. Passons sur le fait qu'il s'agit dans les deux cas d'homosexuels, ce qui place d'emblée la relation hors du schéma hétéro classique. Mais même dans le cas, assez improbable et qui laisse somme toute le lecteur passablement indifférent, où elle ait eu avec l'un ou l'autre des relations sexuelles, en quoi était-ce plus important que ses amours homosexuels, en quoi ces derniers doivent-ils s'en trouver dévalués, relativisés ou ridiculisés ?  Pourquoi en faire tant d'histoires, pourquoi laisser entendre que cela était si essentiel ? Pour ramener coûte que coûte une personnalité dans la normalité ? Pour ne pas avoir à évoquer d'éventuels amours platoniques, les seules passions toujours méprisées et dévalorisées ? Ou tout simplement pour ramener sur un terrain connu des gens ou des situations qui sont tout sauf banal, de façon à rendre familier et compréhensible ce et ceux que l'on n'arrive pas à saisir ?

Sacrifiée, Yourcenar ?
L'une comme l'autre, Savigneau et Sarde s'acharnent à minimiser l'amour que Marguerite Yourcenar partagea avec Grace Frick la moitié de sa vie (amour que seule la mort a vaincu), et à monter en épingle de possibles amours hétérosexuels. A les lire, on a constamment l'impression que Marguerite s'est sacrifiée pour Grace tout en étant sous sa coupe et que leur vie ensemble était ridicule. On nous rabâche que Yourcenar s'est exilée de France pour suivre l'américaine Grace Frick, laquelle la récompensa bien mal en tombant malade, la privant de voyages. Cette Grace décidément machiavélique se serait de surcroît immiscée dans ses affaires, relisant et classant ses papiers sous couvert de secrétariat et d'archivisme. Enfin, leur vie commune était "stagnante" et constituée de "rites menus" (cartes de Saint Valentin, petits gâteaux...) pour citer Savigneau.

Imaginons d'autres cas de figure : une femme s'exile pour suivre son époux et le soigne quand il est malade. Parle-t-on toujours de sacrifice ? Une femme allège le travail de son mari écrivain en lui épargnant les taches de bureau. Y voit-on à redire ? Un couple marié garde de longues années de petits gestes amoureux et complices. N'est-ce pas attendrissant ?

Alors non Yourcenar ne s'est pas sacrifiée, ou si elle s'est "sacrifiée" il ne s'agit que de concessions bien naturelles dans une histoire d'amour. Le choix d'un lieu de vie, prendre ses responsabilités face à la maladie de l'être aimé, ce n'est pas héroïque. Il faut bien peu aimer pour penser le contraire. Quand dans un couple la souffrance et la mort se profilent, la vie ne "stagne" pas. On s'y bat. Et les "rites menus" y aident. Et à mes yeux ces rites menus atteignent une grandeur que bien peu de haut faits publics n'égalent. Quelle que soit l'œuvre immense laissée par Yourcenar, je ne la respecte que plus de savoir que pour elle Marguerite n'a pas négligé une date à fêter avec son amour, fut-il sur son lit de mort. Je lis d'autant mieux les grands sentiments proférés quand ils viennent de quelqu'un qui sait les vivre, les mots sonnent alors moins creux à mes oreilles.

Par ailleurs, quand on connaît un peu la personnalité particulièrement forte de Yourcenar, l'imaginer "sous la coupe" de quelqu'un, c'est à dire manipulable, timide ou influençable, est vraiment très difficile tant cela correspond peu à l'image constamment donnée d'elle.

Bref, toutes ces idées de sacrifice et de rites menus sous la coupe de Grace m'irritent. Elles font bien peu de cas d'une vie commune d'environ quarante ans sur les 84 que vécut Yourcenar. Yourcenar que Grace écrivait MY, ses initiales mais aussi "my". Cet amour magnifique aurait mérité, à mon sens, plus de respect.

Hallucinée, Yourcenar ?
L'amour est heureusement mille fois plus vaste que ce à quoi on voudrait le réduire. Il partage une frontière très floue avec l'amitié, du moins celle digne de ce nom (si l'on peut se permettre d'être moins exigeant en amitié, c'est qu'il ne s'agit en fait que de simple camaraderie). Et sur toutes les multiples formes que peut emprunter l'amour ou l'amitié amoureuse ou tout ce qu'on voudra, Yourcenar n'avait certes rien à apprendre, elle qui pouvait aussi aimer passionnément dans un domaine imaginaire où elle était ou voyait quelqu'un d'autre. Mais on entre là dans un cadre encore moins connu, on aborde une notion sur laquelle quasiment tout le monde bute. En tous cas au delà d'un certain âge. Très peu d'adultes en effet se laissent habiter par des personnages en leur donnant autant d'importance qu'ils s'en donnent à eux-mêmes. Cette magnifique façon d'appréhender le monde de l'intérieur, à l'instinct, est le propre des enfants. Si les adultes s'en souvenaient, ils éviteraient de proférer certaines stupidités : non, les Mémoires d'Hadrien ne sont pas un autoportrait déguisé comme il l'a souvent été prétendu. Simplement Yourcenar "faisait" ou "voyait" Hadrien ou Zénon. Elle vécut bien plus que sa vie, qu'elle ne négligea pas pour autant. Elle avait assez d'intensité pour aimer des femmes et des hommes (différemment ou non, peu importe), des êtres côtoyés et des êtres imaginés. Sans hiérarchie. S'il y a de l'autoportrait dans les Mémoires d'Hadrien, il se résume à cette phrase : "Je ne suis pas toujours à Tibur quand j'y suis".

Marguerite Yourcenar appelait "magie sympathique" cette faculté "à se transporter en pensée à l'intérieur de quelqu'un", ce qui amène bien sûr à s'ouvrir à d'autres idées, à vivre d'autres expériences :
 "Je crois que je ne renonce jamais à un être que j'ai connu, et assurément pas à mes personnages. Je les vois, je les entends, avec une netteté que je dirais hallucinatoire si l'hallucination n'était autre chose, une prise de possession involontaire, ou même forcée, qui s'entoure, à ce qu'il semble, d'une aura de peur (...) Un personnage crée par nous ne meurt plus, pas plus que ne meurent dans ce sens nos amis morts.

Quand on passe des heures et des heures avec une créature imaginaire, ou ayant autrefois vécu, ce n'est plus seulement intelligence qui la conçoit, c'est l'émotion et l'affection qui entrent en jeu. Il s'agit d'une lente ascèse, on fait taire complètement sa propre pensée; on écoute une voix : qu'est-ce que cet individu a à me dire, à m'apprendre ? Et quand on l'entend bien, il ne nous quitte plus. Cette présence est presque matérielle, il s'agit en somme d'une "visitation". (...Ces êtres) sont autant d'avenues de plus par lesquelles je pénètre la réalité. A travers eux, j'ai vécu des vies parallèles (...) Toute sympathie et toute compréhension accordées aux êtres, qu'ils soient d'hier ou d'aujourd'hui, qu'ils naissent de notre esprit, qu'ils nous accompagnent ou coupent notre chemin dans la vie, multiplient nos chances de contact avec la réalité (...) Pour le public, c'est un délire; pour celui qui s'y adonne, c'est le comble de la sagesse (...) c'est ce que les sages hindous appelaient l'attention" (Les yeux ouverts, entretiens avec Matthieu Galey, le Livre de poche).

Spirituelle, Yourcenar ?
Nul doute que cette attention, cette propension à se mettre à la place de l'autre en faisant abstraction de soi, cette "magie sympathique", a joué un rôle de première importance dans la grande ouverture d'esprit de Yourcenar face aux athéismes comme aux religions, aux politiques comme aux philosophies. Sans jamais la moindre trace de manichéisme, elle jouait comme personne une dimension de "relais" à laquelle elle tenait par dessus tout. Pour cela, elle triait pour nous dans chaque discipline, chaque connaissance, chaque croyance, et nous en redistribuait le meilleur débarrassé du reste. C'est ainsi qu'elle traduisit des poètes grecs, des negro spirituals, James ou Virginia Woolf. Qu'elle fit vibrer pour nous La Voix des choses, recueil de pensées de toutes époques et provenances. Qu'elle nous livra une biographie peu classique de Mishima ou nous entraîna sur la tombe de Federico Garcia Lorca. Qu'elle nous parla aussi bien de l'abbé Lemire ou de Thomas Merton que de Tagore ou Castaneda. On dirait qu'elle savait ne percevoir que les individus, et par dessus tout leur évolution intérieure. D'où sa patience quand personnes ou idées n'étaient encore qu'à un stade débutant, son intérêt pour tout, sa lucidité. Son goût des rites, chargés de sens, sur lesquels Savigneau déchaîne son mépris. Son goût du petit geste comme du paysage grandiose, elle que l'on aurait pu dire citoyenne du cosmos.

Exemplaire et sans limites en toutes formes d'amour, douée d'une extraordinaire faculté d'imagination qui lui faisait embrasser et comprendre ce que ses yeux ne pouvaient lui montrer, on ne s'étonnera pas que son souci d'un mieux être ne se limitait pas aux seuls humains. L'imagination, cette "magie sympathique" aide à comprendre les arguments d'un interlocuteur, elle aide aussi à ressentir la souffrance de l'autre, quelque soit cet autre. Certes, de son temps (1903-1987), des expressions comme "antispecisme" ou "libération animale" n'existaient pas et son végétarisme devait étonner bien davantage que de nos jours. Mais elle n'avait nul besoin qu'une idée soit théorisée ou vulgarisée pour la vivre. Et n'a pas attendu que la vache soit donnée comme folle pour s'émouvoir de son sort : "Je me dis souvent que si nous n'avions pas accepté depuis des générations de voir étouffer les animaux dans des wagons à bestiaux, ou s'y briser les pattes comme il arrive à tant de vaches ou de chevaux, envoyés à l'abattoir dans des conditions absolument inhumaines, personne, pas même les soldats chargés de les convoyer, n'aurait supporté les wagons plombés des années 1940-1945. Si nous étions capables d'entendre le hurlement des bêtes prises à la trappe (toujours pour leurs fourrures) et se rongeant les pattes pour essayer d'échapper, nous ferions sans doute plus attention à l'immense et dérisoire détresse des prisonniers de droit commun -dérisoire parce qu'elle va à l'encontre du but, qui serait de les améliorer, de les rééduquer, de faire d'eux des êtres humains. Et sous les splendides couleurs de l'automne, quand je vois sortir de sa voiture, à la lisière d'un bois pour s'épargner la peine de marcher, un individu chaudement enveloppé dans un vêtement imperméable, avec une "pint" de whisky dans la poche du pantalon et une carabine à lunette pour mieux épier les animaux dont il rapportera le soir la dépouille sanglante, attachée sur son capot, je me dis que ce brave homme, peut-être bon mari, bon père ou bon fils, se prépare sans le savoir aux My Laï de l'avenir. En tout cas, ce n'est plus un homo sapiens" (Les Yeux ouverts, op cit).

C'est tout naturellement qu'elle se souciait de "l'égalité totale de tous les êtres humains sans distinction de sexe et de couleur. Et pourquoi pas égalité de tous les êtres sans distinction d'espèce ?" demandait-elle déjà en 1977 à une correspondante (Lettres à ses amis et quelques autres, Folio) Dans une autre lettre datant de 1970 et publiée dans le même ouvrage, elle déplorait être taxée d'humanisme, cette "sorte de chauvinisme de la condition d'homme". Mais c'est déjà en 1957 que l'on pouvait relever dans un courrier précédent : "On ne dira jamais assez que l'exploitation illimitée de l'animal par l'homme, le libre exercice de sa brutalité, de son sadisme ou (ce qui est peut-être pis encore) de son épaisse indifférence à l'égard de ces êtres engagés comme lui dans l'aventure d'exister est une des formes du mal; et c'est une forme qu'aucune religion, aucune morale (du moins dans notre Occident) n'a eu le courage de dénoncer ni même de regarder en face "(op cit). En 1957 ! Quarante-cinq ans plus tard, on ne regarde toujours pas ce mal en face, mais tout juste du coin de l'œil et en clignant beaucoup.

Il ne doit pas y avoir non plus davantage de monde qu'alors pour comprendre en quoi consiste la "visitation" ou "l'attention" comme moyen d'appréhender une réalité. Et bien peu exercent leurs talents à humblement servir de "relais". Bien peu savent aimer jusqu'à l'exil, la maladie, la mort, par delà l'épreuve et le temps, sans considération de sexe, d'humanité, de réalité. Mais fidèlement, jusqu'au bout. Tous ces anticonformismes ne se paient pas de mots. Ils se vivent. C'est sans doute pourquoi ils sont toujours aussi peu répandus. "
  

* Merci à "Alias" du site Interdit.net, pour une si pertinente vision de notre chère Marguerite - Tdt
 
http://www.interdits.net/2001aout/yourcenar.htm

Voir les sites très intéressants : 
"Marguerite Yourcenar ou la quête des origines..." http://www.france.diplomatie.fr/label_france/FRANCE/LETTRES/YOUR/your.html
  
Mme Marguerite YOURCENAR, ayant été élue par l’Académie française à la place laissée vacante par la mort de M. Roger CAILLOIS, y est venue prendre séance le jeudi 22 janvier 1981 et a prononcé le discours suivant :
www.academie-francaise.fr/immortels/discours_reception/yourcenar.html

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