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retour "Portraits
de femmes" Grande soirée au cinéma
Le France
Le Vendredi 15 octobre à 20h00 à Saint-Etienne(42)
Manifestations dans le cadre des 40 ans du
MLF...
et du 100ème
anniversaire de la journée de la femme,
les filles de
FACE à FACE
proposent les
portraits de deux femmes dont l'action a
représenté une contribution inestimable à
l'amélioration de la condition féminine : > Wangari Maathai,première femme africaine à recevoir le Prix
Nobel de la paix en 2004, parvient à mettre un
terme à la déforestation du Kenya. Fondatrice du
Green Belt Movement, elle a mobilisé les femmes
des zones rurales en leur apprenant à planter
des arbres et réussit à créer de nouvelles
sources de revenus pour les communautés locales.
"TAKING ROOT : the Vision of Wangari Maathai"
documentaire de Lisa Merton et Alan Dater2008,
1h20, Etats-Unis VO ST Français
> Simone Veil
réforme la loi sur
l'avortement en 1974
Extrait du discours de Simone Veil à l'Assemblée
nationale
Extrait du discours de Simone Veil au Sénat
Interview de Joelle Brunerie-Kaufmann (extraits)
Archives INA - 17 mn - Avec les
intervenantes du Planning familial Discussion ouverte autour d'un buffet sucré
en fin de séance Tarif soirée : 5
euros
PLUS d'INFOS :
Association FACE
à FACE
www.festivalfaceaface.fr
Festival du film gay et lesbien de Saint-Etienne
Cinéma LE FRANCE - 8 rue de la Valse - 42100
Saint-Etienne - Téléphone : 06 29 43 01 20Mail :
faceaface.stetienne@free.fr
Françoise
Gaspard
-
Femme politique, Sociologue,
Activiste lesbienne et
féministe
Née le 7 juin 1945 à
Dreux -
Son début de
carrière est lié à
l'enseignement :
professeure
d’histoire au lycée
Michelet à Vanves -
1971-1974, chargée
de cours d’histoire
économique à la
Sorbonne -
1970-1974, élève à
l’ENA - 1974-1977.
Françoise Gaspard
devient mairesse de
Dreux de 1977 à 1983
et députée PS de
1981 à 1988.
Sociologue, maître
de conférences à
l'école des Hautes
études en sciences
sociales,
représentante de la
France à la
Commission de la
condition de la
femme à l'ONU,
Françoise Gaspard est depuis 2001
Experte au sein du
Comité CEDAW de
l'ONU, comité
d'experts chargés du
suivi par les États
qui l'ont ratifié de
la Convention de New
York sur
l'élimination de
toutes les
discriminations à
l'égard des femmes
et membre de la
Commission nationale
consultative des
droits de l'homme.
Elle s'est pacsée
publiquement avec
Claude
Servan-Schreiber en
2000.
Interview
sur son
homosexualité
et le
coming-out
des hommes
politiques
Interview du
Nouvel Obs
- Source :
http://comingout.free.fr Le Nouvel
Observateur.
Que
pensez-vous
du " coming
out "
télévisé de
Bertrand
Delanoë ?
Françoise
Gaspard.
Il n'est
pas inutile
que des
parlementaires
homosexuels
disent
qu'ils le
sont. C'est
une façon de
banaliser
l'homosexualité.
Pour autant,
tous ne sont
pas obligés
de le dire à
la
télévision.
Libre à
chacun d'en
faire état
publiquement
ou pas.
N. O.
Vous n'avez
plus de
mandat
politique,
mais si vous
étiez
aujourd'hui
candidate à
une
élection, en
feriez-vous
état ? F.
Gaspard.
Absolument.
Chaque fois
que je
pourrai
contribuer à
banaliser
l'homosexualité,
je le ferai.
N. O.
Pourquoi ne
pas l'avoir
dit au
moment de
votre
candidature
à la mairie
de Dreux, en
1977 ? F.
Gaspard.
J'ai fait
campagne sur
des
convictions
sans rien
renier de ce
que j'étais
: je me
déplaçais à
moto, avec
un blouson
de cuir et
ça
surprenait.
Ce qui a
encore plus
surpris,
c'est que
j'ai été
élue.
N. O.
Vos
adversaires
politiques
s'en
sont-ils
servis
contre vous
? F.
Gaspard.
Jamais.
Mes amis,
oui.
N. O.
Pourtant à
Dreux, la
rumeur a
circulé.
Vous avez
été " outée
" ? F.
Gaspard.
Par un
article de
Guy
Hocquenghem
dans "
Libération
", en 1979.
Aux
élections de
1988, il y a
eu des
inscriptions
: " Gaspard
lesbienne ".
On m'a dit
que le coup
venait de
mes
opposants au
sein du
Parti
socialiste.
Jamais l'extrême-droite
locale n'en
a fait état.
Et pour
cause : des
militants de
l'appareil
étaient
gays.
N. O. Comment
justifiez-vous
la
complaisance
à l'égard du
discours
homophobe de
certains
élus par
ailleurs
homosexuels
?F.
Gaspard.
Par la peur
! Ils
pensent
qu'être
étiquetés
gays nuira à
leur
carrière. A
mon avis,
les
électeurs
sont
beaucoup
plus
libéraux et
tolérants
que ne le
croient les
élus. Je ne
leur demande
pas de le
crier sur la
place
publique,
mais qu'ils
s'illustrent
dans une
manifestation
où l'on crie
: " Les
pédés au
bûcher ! ",
ça, c'est
intolérable.
N. O.
L'omerta qui
règne sur le
sujet dans
la classe
politique
n'est-elle
pas un
archaïsme ?
F.
Gaspard.
Le
milieu
politique a
peu changé.
Il est
encore très
frileux par
rapport à la
sexualité,
qui, quelle
qu'elle
soit, reste
un non-dit.
Elle est
aussi un
obstacle à
l'entrée des
femmes dans
cet univers
d'hommes.
J'ai eu
l'occasion
de me
pencher sur
les débats
de la
franc-maçonnerie
à la fin du
XIXe siècle.
Ils
traduisaient
ce qui se
disait à
voix basse
dans les
partis : les
femmes ne
pouvaient
accéder à la
politique
car elles
risquaient
d'y
introduire
du désir,
donc du
désordre.
L'antiféminisme
en politique
a toujours
eu de fortes
connotations
sexuelles.
Voyez les
discussions
à la buvette
de
l'Assemblée
: on y parle
des femmes
pour dire si
elles sont "
baisables "
ou non.
N.O.
Le milieu
sait très
bien qui est
homo ou pas.
Comment
réagit-il ?
F.
Gaspard.
De temps en
temps, on en
rigole, on
s'en moque.
Mais au
fond, il y a
une
complicité
et une
acceptation.
Quand
j'étais
députée,
l'un de mes
assistants,
gay, m'a
révélé le
nombre de
parlementaires
qui avait la
même
sexualité
que lui.
J'étais
abasourdie !
D'autant que
beaucoup
d'entre eux
étaient
mariés. J'ai
découvert
ainsi que le
mariage est
un passeport
pour se
présenter
devant les
électeurs.
N. O.
Gaston
Defferre,
dont vous
étiez
proche, vous
avait
d'ailleurs
alertée à
plusieurs
reprises sur
votre
situation de
femme non
mariée...
F.
Gaspard.
En 1980, il
m'a
convoquée à
un dîner en
tête à tête
pour
m'annoncer :
" François
Mitterrand
va gagner
les
élections,
il faut que
vous vous
mariiez
avant les
présidentielles
vous et
quelques
autres si
vous voulez
avoir une
carrière
ministérielle...
"
N. O.
Votre
réaction ?
F.
Gaspard.
Je lui ai
fait
remarquer
qu'il
faudrait que
la loi
change pour
que je
puisse me
marier !
N. O.
Et les
quelques
autres ? F.
Gaspard.
Le Carnet du
" Monde ",
entre
décembre
1980 et mai
1981, prouve
qu'un
certain
nombre de
mes petits
camarades
ont convolé.
Des hétéros
qui
n'avaient
pas envie de
se marier
l'ont fait,
et des homos
ont épousé
des femmes
qui se
voyaient
bien mariées
à un futur
ministre.
C'était
encore le
XIXe siècle
!
F.Gaspard et sa compagne Claude Servan-Schreiber
Françoise Gaspard
(1984) assumera publiquement son homosexualité, devenant ainsi l'une des premières personnalités politiques françaises à le faire et presque la seule en tant que femme.(...) Françoise Gaspard a joué un rôle pionnier dans l'introduction des études gays et lesbiennes en France : elle a conduit, avec Didier Eribon, un séminaire de recherche à l'EHESS (de 1998 à 2004) consacré à la sociologie des homosexualités ; elle codirige avec Bruno Perreau le premier cours français sur l'homosexualité destiné à des étudiants de premier cycle (à Sciences Po, depuis le printemps 2006).
Source et doc compl. : fr.wikipedia.org/wiki/Une_petite_ville_en_France + info : bu.univ-angers.fr/.../CAF/numer/ANGaspard.htm
Françoise Gaspard
est notamment
l'auteur de : Au
pouvoir citoyennes !
Liberté, égalité,
parité (avec Claude
Servan-Schreiber et
Anne Le Gall, éd. du
Seuil, 1992) et le
Foulard et la
République (avec Farhad Khosrokhavar)
éd. du Seuil, 1995
(elle a une
bibliographie très
fournie sur le thème
des droits de la
femme).
Ruth Ellis, la plus ancienne militante LGBT de
l'histoire
Source veryfriendly.fr 08/10/2009
Elle a vécu jusqu'à 101 ans et elle est connue
comme l'une des plus ferventes défenseuses des
droits des gays et lesbiennes des États-Unis. En
son honneur, un centre un centre qui aide les
jeunes homos à la rue a été créé
Ruth Ellis est né le 23 Juillet 1899. Elle était
la plus jeune de quatre enfants et la seule
fille. Ses parents sont nés dans le Tennessee,
États-Unis, pendant les dernières années de
l'esclavage. Son père a été le facteur premier
noir dans la ville de Springfield. Ellis a
fréquenté l'école à un moment où très peu
d'américains s'étaient inscrits dans
l'enseignement secondaire et une minorité
d'origine africaine. Elle se rendit compte de
son orientation sexuelle quand elle avait 16
ans. Elle faisait remonter ses premiers émois à
son professeur de gymnastique, la première femme
qui l'avait attirée. Au début de 1920, Ruth
Ellis a rencontré Cecilie "Babe" Franklin. Elles
sont devenues amies et amantes pendant plus de
35 ans. Lorsque Ellis déménagé à Detroit
en 1930, "Babe" l'a rejointe. Le couple a acheté
une maison et celle qui deviendra une fervente
activiste a commencé une entreprise
d'imprimerie. Elle devint ainsi la première
femme originaire du Michigan (et noire) à
exploiter une entreprise d'imprimerie...
Sa
maison devint le lieu de rencontre local pour
les Américains gais et lesbiennes
afro-américains. Connu comme "le lieu gay",
Ellis a ouvert sa maison pour les fêtes, et n'a
jamais refusé d'héberger un qui avaient besoin
d'un endroit pour dormir... Dans la dernière
partie de sa vie, Ellis est devenu un personnage
bien connu dans la communauté LGBT, d'abord
localement, puis à l'échelle nationale. Elle
assiste à des manifestations et des programmes
dans tout le pays, souvent comme oratrice ou en
invité spécial. Elle aimait toujours danser et
rencontrer des gens, même avec l'âge...
En 1999, la vie Ellis a fait l'objet du
documentaire "Living With Pride: Ruth C. Ellis @
100 ", dirigée par Yvonne Welbon. Le film a
été projeté dans les cinémas du monde entier et
dans des festivals, il a remporté le Prix du
Public du Meilleur documentaire à
l'international du "San Francisco Gay and
Lesbian Film Festival" en 1999.
Décédée en 2000, elle laisse derrière elle des
années de combat à son échelon, mais aussi une
figure de lesbienne forte, âgée, ce qui est
rare, et fière, comme active jusqu'au bout. Pour
l'égalité.
En son honneur a été créé Ruth Ellis Center, un
espace qui aide actuellement les personnes LGBT
sans abri.
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retour
Paris:
une
place au
nom de
la
poétesse
lesbienne
Mireille
Havet
Source
tetu.com
29/01/2009
Enfin,
on
permet à
la
culture
lesbienne
d'exister,
en
l'inscrivant
dans le
patrimoine
urbain!
Ce
vendredi
29
janvier,
en
effet,
en
effet,
sera
inaugurée
la
«place
Mireille-Havet»
du nom
de la
poétesse
amie de
Cocteau,
de
Colette,
et dont
on a
commencé
à
rééditer
le très
sombre
et
magnifique
Journal
en 2003
aux
éditions
Claire
Paulhan.
Mireille
Havet y
racontait
ses
errances
et sa
complainte
de
garçonne
Don
Juane,
ses
conquêtes
désespérées
et y
confiait
son goût
pour
l'opium
et les
soirées
littéraires
du Paris
des
années
folles.
Vendredi,
à 11h,
la place
sera
donc
baptisée
du nom
de la
fugace
poétesse
disparue
à 34
ans, sur
le
terre-plein
central
du
faubourg
Saint-Antoine,
entre
les rues
Saint-Bernard
et
Faidherbe.
Une
vraie
avancée
pour la
visibilité
lesbienne!
-
Journal
1918-1919,
de
Mireille
Havet,
éd.
Claire
Paulhan,
256 p.,
20 €.
Suivi de
Journal
1919-1924,
544 p.,
35 €, de
Journal
1924-1927,
448 p.,
36 €.
Mireille
Havet,
poétesse
lesbienne
(extrait
photo
coll.particulière)
femme
extrême,
jouisseuse,
féroce,
mondaine
qui a
traversé
les
Années
folles
en
sainte
damnée,
croisant
Cocteau,
Apollinaire,
Coco
Chanel…
Elle
laisse
un
brûlant
journal
intime
(1913 à
1929)
-
Source
Télérama
-
02/08/2008 - "Je
serai
abracadabrante
jusqu'au
bout »,
déclarait
dans son
ténébreux
journal
la «
petite
poyétesse
»
(...)que
lança
Guillaume
Apollinaire
en 1914
; qui
troubla,
adolescente,
son aîné
Paul
Fort ;
émut,
jeune
fille,
Colette,
et fut
vivement
célébrée,
jeune
femme,
par
Cocteau,
le
compagnon
des
nuits
d'opium
(...)
Mireille
Havet
fut
tellement
abracadabrante,
sulfureuse
amazone
des
Années
folles,
que la
postérité
se fit
un
devoir
d'oublier
cette
étoile
filante
trop
douée,
morte de
tuberculose
dans la
solitude
et la
misère à
34 ans
(1932),
après
avoir
été une
jeune
écrivaine
prodige
promise
à tous
les
succès,
une
indomptable
don
Juane du
Paris
lesbien,
un
esprit
libre et
acéré
qui ne
supportait
aucun
masque.(...)
On
découvre
une
artiste
tout
ensemble
proche
de
Marcel
Proust
pour sa
vision
assassine
d'une
société
à la
dérive,
de la
religieuse
portugaise
pour ses
vertiges
amoureux,
des plus
roués
libertins
du
XVIIIe
pour ses
transgressions
de tout
tabou,
de
Dostoïevski
pour ses
descentes
aux
enfers.
Une
extrême.
Une
jouisseuse.
-«
J'aime
la vie.
Elle me
monte à
la tête,
elle
m'envahit.
Elle
surpasse
ses
promesses
comme
une
maîtresse
follement
amoureuse
et qui
ne
craint
plus de
trop
prouver
son
amour.
J'aime
la vie
et elle
m'aime.
Je sens
sur mes
joues
ses
longues
caresses.
[...]
J'ai la
chance
inouïe
d'avoir
faim de
tous les
plats du
monde et
d'agrandir
au
contraire
mon
appétit
à mesure
qu'âprement
je
dévore
l'univers
»,
écrit-elle
en 1922.
Tout,
alors,
semble
encore
possible
à la
jeune et
frêle
poétesse,
tôt
fêtée
dans le
Paris
artiste
de
l'époque,
ambitieuse,
rosse et
mondaine,
arborant
crânement
cheveux
courts,
canne,
costume
d'homme
et
cravate.
Elle
n'a
jamais
dissimulé
son goût
passionné
des
femmes
et
n'a
jamais
vraiment
souffert
non plus
d'ostracisme,
née dans
un
milieu
bourgeois
plutôt
curieux
et
éclairé.
(...)Elle
préfère
sans
complexe
se
laisser
entretenir
par des
maîtresses
fortunées
- «
J'acceptais
d'elle
ce qui
est
naturel
entre
amants,
qu'elle
assure
ma vie
matérielle
»,
avoue-t-elle
en 1925
à propos
du grand
amour de
sa vie,
Reine
Bénard.
(...)
malgré
des
tentatives
de
désintoxication
moult
fois
recommencées.
Mireille
Havet a
osé
décrire
comme
peu d'opiomanes
comment
« aller
droit à
l'enfer
par le
chemin
même qui
le fait
oublier
», tout
en
reconnaissant
: « ma
folie ne
me rend
pas
heureuse,
mais je
la
préfère
». Aux
frontières
du
masochisme,
sa
lucidité
émerveille.
Et ce
regard
impitoyable
sur
elle-même
et le
monde. «
La vie,
c'est un
endroit
où l'on
meurt »,
dit-elle
sans
craindre
les
paradoxes.
Ne
fut-elle
pas
proche
des
artistes
d'avant-garde
tout en
cultivant
un
romantisme
d'un
autre
âge ;
d'apparence
libérée,
ouverte,
affranchie
tout en
accumulant
les
préjugés
antisémites
et
nationalistes,
tout en
se
comportant
en macho
avec ses
petites
amies
qu'elle
battait
volontiers,
tout en
se
moquant
ouvertement
des «
gousses
», elle
qui
n'aimait
rien
tant que
«
pervertir
» les
sages
bourgeoises
hétérosexuelles
? La
femme
était
consciente
de ses
cruautés,
de ses
fêlures
: « J'ai
perdu ce
qui
faisait
de moi
un poète
et je
suis
devenue
un être
avec
toutes
les
paresses,
toutes
les
lâchetés,
tous les
désirs
des
êtres
que la
vie a
domestiqués,
asservis
sous son
poing de
fer,
courbés
sous le
joug de
l'argent,
de
l'amour
et de
l'ennui.
»
C'est
qu'elle
est
avant
tout une
femme de
l'entre-deux-mondes.
Elle a
vu
mourir
les
guerriers
des
derniers
empires
en
14-18,
vu
s'effondrer
l'économie
mondiale
en 1929
; elle
disparaît
en 1932
quand va
poindre
le
nazisme
et
autres
atrocités
contemporaines.
Sans
s'en
rendre
toujours
bien
compte,
la
garçonne-médium
des
Années
folles
fait le
pont
entre le
triste
hier et
le
terrible
demain,
deux
moments
de
déchirure
- « je
suis une
grande
brèche
où
toutes
les
monstruosités
du monde
peuvent
passer
».Elle
n'y
résiste
pas.
Car
celle
qui
adore
danser
le tango
dans les
bouges
habillée
en homme
refuse
le «
mentir
vrai »
de son
ami Jean
Cocteau,
dont
elle
incarnera
le
personnage
de la
Mort
dans
Orphée,
habillée
par sa
camarade
Chanel,
en 1926.
Elle
abhorre
le
mensonge.
Affronte
ses
outrances
et ses
vices.
Décrit
avec une
cinglante
vérité
la
violence
d'une
sexualité
irrépressible
: « Dans
la
tombe,
je
tombe. »Au
moins
Mireille
Havet la
ténébreuse,
la
veuve,
l'inconsolée,
qui se
comparait
si
souvent
à un
pauvre
Arlequin,
aura-t-elle
été au
bout de
ses
labyrinthes.
Mais
seul son
journal
plaintif
et
convulsif,
lapidaire
et
lyrique,
témoigne
de ce
cheminement
de
sainte
damnée.
Il était
son
salut.
Il est
aujourd'hui
sa
résurrection.
L'écriture
comme
jamais
aura ici
sauvé
une âme
perdue
de ses
démons,
enfin
magnifiés
pour
l'éternité."
(excellent
article
de)
Fabienne
Pascaud
-
Télérama
n° 3055
-
Article
complet
www.telerama.fr/livre/mireille-havet-l-inconsolee,32048.php#cmtavis
A LIRE
***
“Mireille
Havet,
L'enfant
terrible”,
d'Emmanuelle
Retaillaud-Bajac,
éd.
Grasset,
524 p.,
20,90 €.
****
“Journal
1918-1919”,
de
Mireille
Havet,
éd.
Claire
Paulhan,
256 p.,
20 €.
Suivi de
Journal
1919-1924,
544 p.,
35 €, de
Journal
1924-1927,
448 p.,
36 €.
**
“Carnaval”,
de
Mireille
Havet,
éd.
Claire
Paulhan,
248 p.,
23 €.
"Vous
étiez
belle,
Madame...et
cet
imparfait
n'
enlève
rien à
l' éclat
toujours
vif de
vos yeux
d'
octogénaire.
Ardente,
infatigable... On
se
souvient
de
vos plus
grands
combats
:
pilule,
avortement,
ces
atouts
de femme
que vous
avez
remarquablement
soutenus
par
votre
talent
d'
écrivain.
Dans
votre
dernier
ouvrage
"La
touche
étoile",
vous
affirmez
...
-"On a le
droit de
faire toutes
les
conneries
que l' on
veut toute
sa vie. Se
marier, se
tromper,
divorcer et
même se
suicider.
Mais au
moment de
mourir,
terminé la
liberté. On
devient le
jouet de
forces
adverses
dont on n' a
rien à
faire, la
morale, le
pape ou des
médecins qui
ne veulent
pas entraver
leur
carrière."
édité aussi au"Livre de Poche" 6€ EAN / ISBN : 9782253119746 - Code Hachette : 3119740Prix TTC : 6,00 € - 256 pages
Je retrouve le franc-parler de la militante que vous demeurez, sincèrement engagée dans l' Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité.
Alors,
formulons le
voeu,
ensemble, de
ne pas avoir
besoin d'un
ultime
voyage en
Belgique...
Formulons le
voeu de voir
surgir un
nouvel état
de
conscience
où
responsabilité
et humanisme
iraient de
paire sur le
plus beau
mot de notre
langue comme
disait
Pasteur (...)Solange
Arcamone :
http://lettresdecoeur.blogg.org/date-2006-04.html
Photo CHD -
Benoite Groult,
Printemps du
Livre2007 à CASSIS
(séance de
dédicaces
)
Djuna Barnes célèbre la chair des "Répulsives" Source tetu.com 08/2008 Le premier livre de Djuna Barnes, Le Livre des répulsives, un recueil de huit poèmes et de cinq dessins datant de 1915, vient d'être édité en France, en édition bilingue. Il était temps. Auteure de l'Almanach des dames, Djuna Barnes, écrivaine et journaliste lesbienne new-yorkaise appartenant à l'avant-garde moderniste, s'installa à Paris dans les années 1920 et fréquenta le Paris lesbien arty des Gertrude Stein, Natalie Barney et Sylvia Beach. Ursula Del Aguila... " Le Livre des répulsives, de Djuna Barnes, (Éditions Ypsilon), 15euros En 1927, elle s'éprend de la sculptrice Thelma Wood, avec qui elle vit au 9 rue St-Romain. Elles rompent en 1931. "Après un roman quasi autobiographique (Ryder, 1928), elle écrit son chef d’œuvre, Le Bois de la nuit (Nightwood), préfacé par T. S. Eliot. Elle (...) retourne aux États-Unis qu’au début de la Seconde Guerre mondiale et meurt à New-York en 1982. Malgré l’intérêt que lui ont porté les féministes à partir des années 1970, elle reste peu connue aux États-Unis et à peu près ignorée en France. (...)suite et article complet : http://poezibao.typepad.com/poezibao/2007/02/djuna_barnes.html
La
tombe d'Annie Pecher
& de
Jeannine
Deckers
(Soeur
Sourire)
réunies
dans la
mort,
à Wavre (Belgique)
Faut-il
rappeler
le
suicide
également
d'une
autre
chanteuse
:
Gribouille
Sœur
Sourire, Une martyre lesbienne
Le destin tragique de Sœur Sourire (1933-1985)
"Certains se souviennent peut-être de la chanson très sixties "Dominique nique nique", chanté par Sœur Sourire. On oublie souvent qu'elle était à l'époque une novice dans un monastère près de Waterloo, en Belgique.
Et qui se souvient encore de son suicide tragique en 25 mars 1985, en même temps que sa compagne Annie Pecher....
CINEMALESBIEN 2009 -Cécile de France incarne à merveille "Soeur Sourire" au cinéma...
Si Jeannine Deckers est bien une victime de ce que l'on n'appelait pas encore Homophobie, ainsi que sa compagne, puisque la non reconnaissance, le mépris, le rejet social et familial... tuent encore sûrement de nos jours. Elle semble surtout avoir été victime du tour de passe-passe de l'Eglise Catholique qui s'est empoché 1,6 milliard de centimes...
Photo Annie Pecher &
Jeannine
Deckers (Soeur Sourire)
SOEUR
SOURIRE
VICTIME D'
HOMOPHOBIE
Cette page
est un
hommage
rendu à
Jeannine
Deckers,
lesbienne,
qu'aucune
assoc n'a
aidé, le
contexte
étant
différent de
notre
époque."Source
skingay59/archives
- 20/02/2009
En 1961 le
premier
disque
qu'une de
mes tante
m'a offert
Soeur
Sourire avec
sa chanson
Dominique au
hits parade
en tête
pendant
plusieurs
mois
"Dominique,
nique,
nique, S'en
allait tout
simplement,
Routier,
pauvre et
chantant En
tous
chemins, en
tous
lieux,Il ne
parle que du
Bon Dieu,Il
ne parle que
du Bon
Dieu... "
Elle est née
le 19
octobre 1963
à Bruxelles.
Son père,
Lucien
Deckers est
pâtissier ,
sa mère est
Gabrielle
Denis, des
commerçants
aisés.
Jusqu'à
l'âge de
13ans elle
vit avec ses
parents et
sa soeur
cadette rue
de Laeken à
deux pas de
la Place de
Brouckère.
En 1946,
toute la
famille
déménage
pour gagner
Woluwe-Saint-Lambert,
une commune
bruxelloise
plus cossue
pour tenir
une
pâtisserie
et un salon
de
dégustation.La
future
religieuse
est une
bonne élève
au caractère
indépendant.
Elle entre
dans les
Guides, un
mouvement de
jeunesse
catholique
où elle
reçoit le
surnom
d'Ourson
concentré. A
l'issue de
ses études
secondaires,
elle entre
àl'école
Normale pour
devenir en
1953
professeur
de dessin.
De1954à 1959
elle
enseigne le
dessin et
joue de la
guitare tout
en suivant
des cours
dans un
institut
supérieur
d'architecture.
En 1959 elle
décide de
tenter l'
expérience
moniale au
couvent de
Firchermont
prés de
Waterloo. En
mai 1960
elle revêt
l'habit des
dominicaines.
Elle restera
attachée au
monastère de
Fichermont
de 1959 à
1966.
Le 24
octobre 1961
elle entre
dans les
studios de
la grande
firme
disquaire
Philips pour
enregistre
un premier
45 tours.
Début 1962
le disque
sort et
connaît
immédiatement
un succés
considérable.
La chanson
Dominique
restera
numéro un
durant 4
semaines et
dix semaines
en tête des
hits parade
des albums.
Qui lui
valut
d''être
numéro 1 au
Top
américain
devançant le
King Elvis
Presley.
Le 21juin
1963, Soeur
Luc
-Gabriel,
son
véritable
nom chez les
dominicaines,
prononce des
voeux
provisoires
pour une
période de 3
ans. Elle
suit des
cours de
sciences
religieuses
à
l'université
de Louvain.
A la mi
décembre
1964 elle
retrouve,
une amie
d'adolescence,
qu'elle ne
quittera
plus
jusque-là
fin
tragique. Le
20 juin 1965
elle
renouvelle
ses voeux au
couvent de
Fichermont.
En 1966 les
Etats Unis
décide
d'exploiter
le succès
considérable
de Soeur
Sourire en
lui
consacrant
un film avec
l'aval des
autorités
religieuses
belges.
Comme le
voulait la
règle
monacale,
elle reverse
la totalité
de ses gains
à l'ordre
des
Dominicains.
En
juillet
1966,
Jeannine
Deckers
signe une
série de
document que
lui
proposent sa
Mère
Supérieure
et l'avocat
conseil du
couvent. Ces
documents
seront à
l'origine
des énormes
problèmes
que
connaîtra la
nonne
chantante.
dans ces
documents la
totalité des
gains de
Soeur
Sourire
reviennent à
l'ordre mais
les impôts à
Jeannine
Deckers.
Elle quitte
le couvent,
ce dernier
rompt le
contrat avec
la firme
Philips.
L'ordre des
dominicains
récupère les
droits
d'auteurs,
les
bénéfices de
ses
spectacles
ce qui
représente
2,5 millions
d'euros.
- "Le
contrat
passé avec
sa maison de
disques lui
interdisait
d’utiliser
en tant que
laïque le
pseudonyme
qui l’avait
rendue
célèbre.
C’est donc
sous le
nouveau
pseudonyme
de Luc
Dominique
que Jeannine
tentera de
poursuivre
sa carrière
de chanteuse
avec des
chansons
décalées et
jugées
parfois
provocatrices
comme la
"Pilule
d’or" en
1967, ode à
la
contraception.
Jeannine
veut prouver
aux autres
et d’abord à
elle-même,
qu’elle
s’est enfin
libérée :
elle verse
dans le
féminisme,
mais elle
ne peut
reconnaître
son
homosexualité
arguant
essayer de
bâtir une
vie
alternative
avec Annie
Pécher, à
mi-chemin
entre la vie
monastique
et la vie
laïque. En
pleine
période
contestataire,
elle écrit à
cette époque
des titres
polémiques
où elle s’en
prend à la
société, aux
mères, aux
hommes
(violents et
dominateurs),
à l’Eglise
catholique
et au
conservatisme
politique
:"Les
Con-conservateurs".
Jeannine
Deckers
s’exprime en
ces termes : « Je
réclame de
mes frères
le droit
d’évoluer,
de vivre
solidaire
(...) Elle
est morte,
Soeur
Sourire.
Elle est
morte, il
était temps.
J’ai vu
voler son
âme, à
travers les
nuages, dans
le soleil
couchant. »
-
Le 21 mars
1967
Jeannine
Deckers se
libère
officiellement
de son
ordre. Les
médias et le
clergé
disent
qu'elle a
attrapé la
grosse tête
et que c'est
pour
l'argent
qu'elle
quitte les
ordres. En
1967 elle
provoque un
scandale en
composant la
pilule d'or
pour
défendre la
contraception.
Les doutes
quant à sa
foi et les
nombreuses
épreuves
qu'elle doit
affronter la
conduisent à
une longue,
profonde et
grave
dépression.
Elle suis
des séances
d'assistance
psychologiques
à
répétition.
1974
Soeur
Sourire
reçoit des
courriers
des impôts
lui
réclamant
des sommes
considérables
en guise
d'arriérés.
De plus en
plus elle
fait appel à
des
cocktails de
médicaments
mélangés à
de l'alcool,
les périodes
d'euphorie
succèdent à
des périodes
de
dépression
avec une
fréquence
alarmante.
Elle évoque
à plusieurs
reprises des
idées de
suicide dans
son journal
intime.
1982 elle
sort une
nouvelle
version de
Dominique
version gay,
elle a peu
de succès
ses ennemis
homophobes,
presse
people la
traque.
L'appartement
du dernier
étage des
Verts
Horizons à
Wavre dans
le Brabant
Wallon
abrite
Jeannine
Deckers et
Anne Pecher
pour des
périodes de
plus en plus
sombres.Complètement
désespérées
les deux
amies le 25
mars 1985
décident de
mettre fin à
leurs jours.
La police
locale
retrouvera
autour des 2
corps des
lettres
d'adieu,
dans un coin
de la pièce
repose Adèle
la première
guitare de
la nonne
chantante.
et une autre
offerte par
Georges
Brassens.
Suivant leur
ultimes
volontés
Jeannine
Deckers et
Annie Pecher
sont
entérrées
ensembles.
Le 1er avril
1985 la mort
de Soeur
Sourire est
annoncé aux
médias.
Une fin qui
laisse
songeur si
l'on pense
que Soeur
Sourire
meurt dans
le dénuement
le plus
complet
alors que sa
carrière a
généré des
gains pour
environs 2,5
millions
d'euros.
En 2005, 20
ans après sa
mort , cette
figure
emblématique
reviens nous
interroger
au travers
un texte vif
et poignant
de Marie
Destrait .
L'auteur
nous dévoile
, sans
complaisance,
une
personnalité
attachante
et sincère,
qui en dépit
de ses
contradictions,
eu le le
mérite de
lever le
voile sur la
difficulté
de suivre un
idéal au
quotidien."
Hildegarde de
Birgen(1098
à 1179)... la méconnue
Hildegarde
von Bingen, mystique allemande du XIe
siècle, Abbesse, femme de science,
femme médecin, célèbre, érudite,
Hildegarde est également musicienne et
compositrice prolifique, personnalité
politique, religieuse et visionnaire.
"Grande Abbesse, Religieuse visionnaire,
Herboriste accomplie,
Musicienne...Hildegarde
soutenait en particulier que l'esprit de
la femme est en tous points comparable
et égal à celui de l'homme.
Ces
déclarations lui avaient attiré les
bonnes grâces du peuple, mais n'avaient
pas manqué de choquer des hauts membres
du clergé de Mayence et même la noblesse
masculine allemande de l'époque. (...)
Hildegarde composa plus de 77
symphonies répertoriées
(musique
considérée comme étrangement moderne)
qu'interprètent
encore de nombreuses bénédictines
aujourd'hui (...)
Hildegarde était
également Maître dans la médecine
psychosomatique et l'art de guérir par
les plantes (...)
Trois siècles avant
Léonard de Vinci, Hildegarde avait déjà
dessiné une de ses visions : l'homme aux
six mains au coeur du Cosmos. (...)Hildegarde de Bingen "Prévention et
guérison des maladies"
>>> et aussi d'excellents portrait de
Hildegarde de Birgen :
>>>http://users.skynet.be/fa826656/pat/hist/vonbingen.htm
et
www.christ-roi.net/index.php/Hildegarde_de_Bingen
Marguerite Yourcenar
"Dès qu'il y a sympathie(ce mot si beau qui
veut dire "sentir
avec"...)commencent
à la fois l'amour et la bonté"
Marguerite Yourcenar
"Marguerite
Yourcenar et son oeuvre sont plus que passionnantes. Mais quand ses
biographes en parlent, certains domaines restent dans l'ombre ou
sont très mal éclairés : ceux où son anticonformisme déconcerte
le plus, encore aujourd'hui. Ceux où son anticonformisme découlait
de la sympathie par Alias * Mon
livre de chevet à moi, ce que j'ai le plus lu et relu, c'est
Yourcenar, et dans Yourcenar particulièrement L'œuvre
au noir, et dans L'œuvre
au noir, particulièrement le chapitre "L'Abîme".
Quel que soit l'état où je me trouve avant ma lecture, cet abîme
m'aide à le relativiser. Concentrée, précise, la condition
humaine universelle y coule et me calme. Mes anxiétés, mes colères,
mes enthousiasmes se ramènent à leurs justes proportions de
gouttes d'eau. Et par delà l'abîme, il y a toute cette magnifique
œuvre au noir. Et derrière l'œuvre au noir il y a Yourcenar.
On
a tant écrit sur Yourcenar (il existe même
une Société internationale d'études
yourcenariennes !), pourquoi en rajouter ?
Parce que ce qu'on a écrit m'agace
souvent. Et particulièrement ses deux
biographies les plus connues et récentes,
celles qui ont été publiées après sa
mort et qui font autorité, celle de
Josyane Savigneau chez Gallimard* en 1990
et celle de Michèle Sarde chez Laffont en
1995. Très poussées et informatives,
leurs présentations escamotent pourtant
les spécificités les plus difficiles à
cerner (faire quelqu'un ou se laisser
habiter par un personnage, vues
spirituelles et philosophiques...) et en déforment
totalement un autre, celui de l'amour et
de la sexualité.
*
A
l'opposé, les biographes s'ingénient
(c'est quasiment obsessionnel chez Michèle
Sarde) à trouver des amours hétérosexuels
dans la vie de l'écrivain et croient
plausible d'en détecter deux, un de
jeunesse, André Fraigneau, et un de
vieillesse, Jerry Wilson. Passons sur le
fait qu'il s'agit dans les deux cas
d'homosexuels, ce qui place d'emblée la
relation hors du schéma hétéro
classique. Mais même dans le cas, assez
improbable et qui laisse somme toute le
lecteur passablement indifférent, où
elle ait eu avec l'un ou l'autre des
relations sexuelles, en quoi était-ce
plus important que ses amours homosexuels,
en quoi ces derniers doivent-ils s'en
trouver dévalués, relativisés ou
ridiculisés ? Pourquoi en faire tant
d'histoires, pourquoi laisser entendre que cela était si
essentiel ? Pour ramener coûte
que coûte une personnalité dans la
normalité ? Pour ne pas avoir à évoquer
d'éventuels amours platoniques, les
seules passions toujours méprisées et dévalorisées
? Ou tout simplement pour ramener sur un
terrain connu des gens ou des situations
qui sont tout sauf banal, de façon à
rendre familier et compréhensible ce et
ceux que l'on n'arrive pas à saisir ?
Sacrifiée,
Yourcenar ? L'une
comme l'autre, Savigneau et Sarde
s'acharnent à minimiser l'amour que
Marguerite Yourcenar partagea avec Grace
Frick la moitié de sa vie (amour que
seule la mort a vaincu), et à monter en
épingle de possibles amours hétérosexuels.
A
les lire, on a constamment l'impression
que Marguerite s'est sacrifiée pour Grace
tout en étant sous sa coupe et que leur
vie ensemble était ridicule. On nous rabâche
que Yourcenar s'est exilée de France pour
suivre l'américaine Grace Frick, laquelle
la récompensa bien mal en tombant malade,
la privant de voyages. Cette Grace décidément
machiavélique se serait de surcroît
immiscée dans ses affaires, relisant et
classant ses papiers sous couvert de secrétariat
et d'archivisme. Enfin, leur vie commune
était "stagnante" et constituée
de "rites menus" (cartes de
Saint Valentin, petits gâteaux...) pour
citer Savigneau.
Imaginons
d'autres cas de figure : une femme s'exile
pour suivre son époux et le soigne quand
il est malade. Parle-t-on toujours de
sacrifice ? Une femme allège le travail
de son mari écrivain en lui épargnant
les taches de bureau. Y voit-on à redire
? Un couple marié garde de longues années
de petits gestes amoureux et complices.
N'est-ce pas attendrissant ?
Alors
non Yourcenar ne s'est pas sacrifiée, ou
si elle s'est "sacrifiée" il ne
s'agit que de concessions bien naturelles
dans une histoire d'amour. Le choix d'un
lieu de vie, prendre ses responsabilités
face à la maladie de l'être aimé, ce
n'est pas héroïque. Il faut bien peu
aimer pour penser le contraire. Quand dans
un couple la souffrance et la mort se
profilent, la vie ne "stagne"
pas. On s'y bat. Et les "rites
menus" y aident. Et à mes yeux ces
rites menus atteignent une grandeur que
bien peu de haut faits publics n'égalent.
Quelle que soit l'œuvre immense laissée
par Yourcenar, je ne la respecte que plus
de savoir que pour elle Marguerite n'a pas
négligé une date à fêter avec son
amour, fut-il sur son lit de mort. Je lis
d'autant mieux les grands sentiments proférés
quand ils viennent de quelqu'un qui sait
les vivre, les mots sonnent alors moins
creux à mes oreilles.
Par
ailleurs, quand on connaît un peu la
personnalité particulièrement forte de
Yourcenar, l'imaginer "sous la
coupe" de quelqu'un, c'est à dire
manipulable, timide ou influençable, est
vraiment très difficile tant cela
correspond peu à l'image constamment donnée
d'elle.
Bref,
toutes ces idées de sacrifice et de rites
menus sous la coupe de Grace m'irritent.
Elles font bien peu de cas d'une vie
commune d'environ quarante ans sur les 84
que vécut Yourcenar. Yourcenar que Grace
écrivait MY, ses initiales mais aussi
"my". Cet amour magnifique
aurait mérité, à mon sens, plus de
respect.
Hallucinée,
Yourcenar ? L'amour
est heureusement mille fois plus vaste que
ce à quoi on voudrait le réduire. Il
partage une frontière très floue avec
l'amitié, du moins celle digne de ce nom
(si l'on peut se permettre d'être moins
exigeant en amitié, c'est qu'il ne s'agit
en fait que de simple camaraderie). Et sur toutes les multiples formes que
peut emprunter l'amour ou l'amitié
amoureuse ou tout ce qu'on voudra,
Yourcenar n'avait certes rien à
apprendre, elle qui pouvait aussi aimer
passionnément dans un domaine imaginaire
où elle était ou voyait quelqu'un
d'autre. Mais on entre là dans un cadre
encore moins connu, on aborde une notion
sur laquelle quasiment tout le monde bute.
En tous cas au delà d'un certain âge. Très
peu d'adultes en effet se laissent habiter
par des personnages en leur donnant autant
d'importance qu'ils s'en donnent à eux-mêmes.
Cette magnifique façon d'appréhender le
monde de l'intérieur, à l'instinct, est
le propre des enfants. Si les adultes s'en
souvenaient, ils éviteraient de proférer
certaines stupidités : non, les Mémoires
d'Hadrien ne sont pas un autoportrait
déguisé comme il l'a souvent été prétendu.
Simplement Yourcenar "faisait"
ou "voyait" Hadrien ou Zénon.
Elle vécut bien plus que sa vie, qu'elle
ne négligea pas pour autant. Elle avait
assez d'intensité pour aimer des femmes
et des hommes (différemment ou non, peu
importe), des êtres côtoyés et des êtres
imaginés. Sans hiérarchie. S'il y a de
l'autoportrait dans les Mémoires
d'Hadrien, il se résume à cette
phrase : "Je
ne suis pas toujours à Tibur quand j'y
suis".
Marguerite
Yourcenar appelait "magie
sympathique" cette faculté
"à
se transporter en pensée à l'intérieur
de quelqu'un", ce qui amène bien
sûr à s'ouvrir à d'autres idées, à
vivre d'autres expériences : "Je
crois que je ne renonce jamais à un être
que j'ai connu, et assurément pas à mes
personnages. Je les vois, je les entends,
avec une netteté que je dirais
hallucinatoire si l'hallucination n'était
autre chose, une prise de possession
involontaire, ou même forcée, qui
s'entoure, à ce qu'il semble, d'une aura
de peur (...) Un personnage crée par nous
ne meurt plus, pas plus que ne meurent
dans ce sens nos amis morts.
Quand
on passe des heures et des heures avec une
créature imaginaire, ou ayant autrefois vécu,
ce n'est plus seulement intelligence qui
la conçoit, c'est l'émotion et
l'affection qui entrent en jeu. Il s'agit
d'une lente ascèse, on fait taire complètement
sa propre pensée; on écoute une voix :
qu'est-ce que cet individu a à me dire,
à m'apprendre ? Et quand on l'entend
bien, il ne nous quitte plus. Cette présence
est presque matérielle, il s'agit en
somme d'une "visitation". (...Ces
êtres)
sont autant d'avenues de plus par
lesquelles je pénètre la réalité. A
travers eux, j'ai vécu des vies parallèles
(...) Toute sympathie et toute compréhension
accordées aux êtres, qu'ils soient
d'hier ou d'aujourd'hui, qu'ils naissent
de notre esprit, qu'ils nous accompagnent
ou coupent notre chemin dans la vie,
multiplient nos chances de contact avec la
réalité (...) Pour le public, c'est un délire;
pour celui qui s'y adonne, c'est le comble
de la sagesse (...) c'est ce que les sages
hindous appelaient l'attention" (Les
yeux ouverts, entretiens avec Matthieu
Galey, le Livre de poche).
Spirituelle,
Yourcenar ? Nul
doute que cette attention,
cette propension à se mettre à la place
de l'autre en faisant abstraction de soi,
cette "magie sympathique", a joué
un rôle de première importance dans la
grande ouverture d'esprit de Yourcenar
face aux athéismes comme aux religions,
aux politiques comme aux philosophies.
Sans jamais la moindre trace de manichéisme,
elle jouait comme personne une dimension
de "relais"
à laquelle elle tenait par dessus tout.
Pour cela, elle triait pour nous dans
chaque discipline, chaque connaissance,
chaque croyance, et nous en redistribuait
le meilleur débarrassé du reste. C'est
ainsi qu'elle traduisit des poètes grecs,
des negro
spirituals, James ou Virginia Woolf.
Qu'elle fit vibrer pour nous La
Voix des choses, recueil de pensées
de toutes époques et provenances. Qu'elle
nous livra une biographie peu classique de
Mishima ou nous entraîna sur la tombe de
Federico Garcia Lorca. Qu'elle nous parla
aussi bien de l'abbé Lemire ou de Thomas
Merton que de Tagore ou Castaneda. On
dirait qu'elle savait ne percevoir que les
individus, et par dessus tout leur évolution
intérieure. D'où sa patience quand
personnes ou idées n'étaient encore qu'à
un stade débutant, son intérêt pour
tout, sa lucidité. Son goût des rites,
chargés de sens, sur lesquels Savigneau déchaîne
son mépris. Son goût du petit geste
comme du paysage grandiose, elle que l'on
aurait pu dire citoyenne du cosmos.
Exemplaire
et sans limites en toutes formes d'amour,
douée d'une extraordinaire faculté
d'imagination qui lui faisait embrasser et
comprendre ce que ses yeux ne pouvaient
lui montrer, on ne s'étonnera pas que son
souci d'un mieux être ne se limitait pas
aux seuls humains. L'imagination, cette
"magie sympathique" aide à
comprendre les arguments d'un
interlocuteur, elle aide aussi à
ressentir la souffrance de l'autre,
quelque soit cet autre. Certes, de son
temps (1903-1987), des expressions comme
"antispecisme" ou "libération
animale" n'existaient pas et son végétarisme
devait étonner bien davantage que de nos
jours. Mais elle n'avait nul besoin qu'une
idée soit théorisée ou vulgarisée pour
la vivre. Et n'a pas attendu que la vache
soit donnée comme folle pour s'émouvoir
de son sort : "Je
me dis souvent que si nous n'avions pas
accepté depuis des générations de voir
étouffer les animaux dans des wagons à
bestiaux, ou s'y briser les pattes comme
il arrive à tant de vaches ou de chevaux,
envoyés à l'abattoir dans des conditions
absolument inhumaines, personne, pas même
les soldats chargés de les convoyer,
n'aurait supporté les wagons plombés des
années 1940-1945. Si nous étions
capables d'entendre le hurlement des bêtes
prises à la trappe (toujours pour leurs
fourrures) et se rongeant les pattes pour
essayer d'échapper, nous ferions sans
doute plus attention à l'immense et dérisoire
détresse des prisonniers de droit commun
-dérisoire parce qu'elle va à l'encontre
du but, qui serait de les améliorer, de
les rééduquer, de faire d'eux des êtres
humains. Et sous les splendides couleurs
de l'automne, quand je vois sortir de sa
voiture, à la lisière d'un bois pour s'épargner
la peine de marcher, un individu
chaudement enveloppé dans un vêtement
imperméable, avec une "pint"
de whisky dans la poche du pantalon et une
carabine à lunette pour mieux épier les
animaux dont il rapportera le soir la dépouille
sanglante, attachée sur son capot, je me
dis que ce brave homme, peut-être bon
mari, bon père ou bon fils, se prépare
sans le savoir aux My Laï de l'avenir. En
tout cas, ce n'est plus un homo
sapiens" (Les Yeux ouverts, op
cit).
C'est
tout naturellement qu'elle se souciait de
"l'égalité
totale de tous les êtres humains sans
distinction de sexe et de couleur. Et
pourquoi pas égalité de tous les êtres
sans distinction d'espèce ?"
demandait-elle déjà en 1977 à une
correspondante (Lettres
à ses amis et quelques autres, Folio)
Dans une autre lettre datant de 1970 et
publiée dans le même ouvrage, elle déplorait
être taxée d'humanisme, cette "sorte
de chauvinisme de la condition
d'homme". Mais c'est déjà en
1957 que l'on pouvait relever dans un
courrier précédent : "On
ne dira jamais assez que l'exploitation
illimitée de l'animal par l'homme, le
libre exercice de sa brutalité, de son
sadisme ou (ce qui est peut-être pis
encore) de son épaisse indifférence à
l'égard de ces êtres engagés comme lui
dans l'aventure d'exister est une des
formes du mal; et c'est une forme
qu'aucune religion, aucune morale (du
moins dans notre Occident) n'a eu le
courage de dénoncer ni même de regarder
en face "(op cit). En 1957 !
Quarante-cinq ans plus tard, on ne regarde
toujours pas ce mal en face, mais tout
juste du coin de l'œil et en clignant
beaucoup.
Il
ne doit pas y avoir non plus davantage de
monde qu'alors pour comprendre en quoi
consiste la "visitation" ou
"l'attention" comme moyen d'appréhender
une réalité. Et bien peu exercent leurs
talents à humblement servir de
"relais". Bien peu savent aimer
jusqu'à l'exil, la maladie, la mort, par
delà l'épreuve et le temps, sans considération
de sexe, d'humanité, de réalité. Mais
fidèlement, jusqu'au bout. Tous ces
anticonformismes ne se paient pas de mots.
Ils se vivent. C'est sans doute pourquoi
ils sont toujours aussi peu répandus. "
Mme
Marguerite YOURCENAR, ayant été élue par l’Académie
française à la place laissée vacante par la mort de M.
Roger CAILLOIS, y est venue prendre séance le jeudi 22
janvier 1981 et a prononcé le discours suivant :
www.academie-francaise.fr/immortels/discours_reception/yourcenar.html
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