FLASH
INFOS
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"Tabou : la famille
homoparentale de la
fille de Freud"
Source Rue89.com -
Sur le divan
07/01/2013 -
Un excellent Article
d'Annie Fortems
|Psychanalyste
-E-Mail:
afortems@wanadoo.fr
"Une des
actualités brûlantes
de ces mois est le
débat passionné sur
le « mariage pour
tous » et l’adoption
par les couples
homosexuels. Nous
voyons les opposants
convoquer les écrits
de Freud pour étayer
leur argumentation :
Freud serait
homophobe et la
psychanalyse
condamnerait
l’homosexualité. Ce
sont des
contre-vérités.
En
parallèle à ce
débat, l’événement
très attendu de la
rentrée littéraire
psychanalytique est
la publication en
deux volumes de la
correspondance
inédite entre Freud
et ses six enfants.
Un de ces volumes,
« Sigmund Freud
correspondances Anna
Freud – 1904-1938 »,
est consacré à la
relation épistolaire
entre Freud et sa
plus jeune fille,
Anna, la seule de la
fratrie qui embrassa
la carrière de
psychanalyste.
Un autre
événement important
est contenu dans ce
livre, dans la
préface d’Elisabeth
Roudinesco : pour la
première fois, une
historienne éminente
de la psychanalyse
reconnaît la
relation
homosexuelle qui a
existé entre Anna
Freud et Dorothy
Burlingham.
On y trouve écrit
qu’Anna et Dorothy
ont noué « des
relations d’intimité
qui ressemblent fort
à celles de deux
lesbiennes », et un
peu plus loin « Anna
réalise son souhait
d’être mère en
devenant, à travers
la psychanalyse, le
“ coparent ” des
enfants de
Dorothy ». Même si
ces deux
affirmations restent
prudentes, elles
sont inédites.
« Freud a considéré
qu’il s’agissait
d’une famille »
Le 15 octobre
dernier, lors de son
audition à
l’Assemblée
nationale sur le
thème du « mariage
pour tous », Elisabeth
Roudinesco a réitéré
ses affirmations
devant les
parlementaires, mais
là sans aucune
pondération. Elle a
déclaré que Freud
« a accepté dans sa
vie que sa fille
Anna élève les
enfants de sa
compagne et il a
considéré qu’il
s’agissait là d’une
famille : ce sont
ses mots ».
On peut légitimement
se demander pourquoi
certains
psychanalystes
détracteurs du
« mariage pour
tous » se référent
exclusivement à ce
que Freud aurait pu
dire ou écrire,
plutôt que
d’examiner, aussi et
surtout, ce qu’il
fit. En effet, Freud
a totalement
accueilli la
différence de sa
fille Anna, comme
peu de familles le
font même en 2012.
Il a fait la
démarche d’accepter
et de soutenir Anna,
et d’accueillir sa
compagne et ses
enfants. Avec les
mots d’aujourd’hui,
on pourrait dire que
Freud a non
seulement accueilli
la famille
recomposée et
homoparentale de sa
fille, mais qu’il a
œuvré pour que
Dorothy obtienne la
garde des enfants et
qu’Anna ait ainsi le
statut de « beau-parent »
des quatre enfants
de sa compagne…
Il est tout de même
étonnant de savoir
que tous ces
éléments
d’information sont
disponibles depuis
1986, date de la
publication de la
biographie
officielle d’Anna
Freud, quatre ans
après sa
disparition, par
Elisabeth Young
Bruehl.
Freud savait que sa
fille était
homosexuelle
Pour ma part, je les
ai découverts au
milieu des années
1990. Devant
préparer un cours
sur les mécanismes
de défense en
psychanalyse, je me
suis tournée vers le
premier ouvrage
consacré à ce sujet,
« Le moi et les
mécanismes de
défense » d’Anna
Freud, publié en
1936. Je me suis
donc intéressée à la
vie d’Anna Freud, sa
biographie et celle
de son père, les
ouvrages sur la
famille Freud et les
correspondances
disponibles.
L’auteur de la
biographie
officielle ne le
formule pas aussi
précisément, mais il
est clair à cette
lecture que Freud
savait que sa fille
était homosexuelle.
Il s’est rapidement
imposé à moi au fil
des pages qu’Anna
Freud avait vécu une
relation
homosexuelle avec
celle qui fut la
femme de sa vie, sa
compagne Dorothy
Burlingham, et cela
pendant 55 ans.
Qu’on juge selon les
quelques
informations
suivantes… Nous
sommes en mai 1925.
Dorothy Burlingham
est la dernière
héritière richissime
de la famille
Tiffany, les grands
joailliers
américains. Elle est
sujette à des crises
de phobie et a une
relation très
difficile avec son
mari Robert
Burlingham,
médecin-chirurgien
et
maniaco-dépressif,
avec qui elle aura
quatre enfants.
Elle fuit donc New
York à ce moment-là
et se rend en
Autriche, car elle a
entendu parler de la
réputation de Freud.
Elle viendra à
Vienne pour le
rencontrer, et
mettre Robert, son
fils aîné de dix
ans, en analyse avec
Anna Freud. Dès
l’été 1925, elle
s’installe dans la
maison voisine de la
résidence d’été des
Freud, dans le
Semmering, les
pré-Alpes
autrichiennes.
Anna écrira à un ami
de la famille, Max
Eitingon, en parlant
des enfants :
« Je veux les avoir
à moi, ou avoir
quelque chose d’eux
à moi… Vis-à-vis de
la mère des enfants,
les choses ne sont
pas différentes.
[...]
J’éprouve cette
dépendance, ce désir
d’avoir
quelque-chose. Etre
avec Mme Burlingham
est une grande
joie. »
Un
schéma de famille
recomposée et
homoparentale
A Vienne,
rapidement, Dorothy
déménage et
s’installe dans une
rue d’un quartier
populaire, au 19,
Berggasse, dans
l’immeuble de la
famille Freud, deux
étages au-dessus de
leur appartement
familial – alors
qu’elle dispose par
ailleurs d’une belle
villa dans les
quartiers bourgeois.
Elle fera même
installer une ligne
téléphonique directe
de son appartement à
la chambre d’Anna….
Anna, de son côté,
est dépeinte comme
une vieille fille
austère, infirmière
et secrétaire de son
père, mal fagotée et
asexuée. Et même si
elle va continuer à
se consacrer à son
père et à la
psychanalyse, sa
rencontre avec
Dorothy va faire
basculer sa vie.
En 1927, à 32 ans et
pour la première
fois de sa vie, Anna
part en vacances
sans sa famille, en
Italie, seule avec
Dorothy, sans ses
enfants. Elles
visiteront le lac de
Côme, les îles
italiennes,
passeront de pension
en pension,
profitant du soleil,
des loisirs, de la
dolce vita. Anna
osera même informer
son père de son
intention de
prolonger des
vacances aussi
douces.
Au fil des ans, leur
vie s’organise
autour de la
psychanalyse
(notamment leur
projet
d’institutions pour
les enfants) et des
enfants de Dorothy,
dont Anna et sa
famille prennent
soin. Robert
Burlingham a fini
par accepter de ne
pas interférer dans
la vie de son
épouse, à qui il
cède la garde des
enfants. Nous
sommes, déjà, dans
un schéma de famille
recomposée et
homoparentale. Dans
les années 1930,
c’est précurseur !
Chalet familial
Une nouvelle étape
de la relation entre
Anna et Dorothy sera
l’achat ensemble
d’un chalet dans le
Semmering, qu’elles
transformeront en
lieu de vie joyeux
et convivial où les
deux familles se
retrouveront le
week-end. Quant à
elles, elles s’y
rendent tous les
mercredis après-midi
pour s’occuper de la
maison, du potager,
de leur vache et de
leurs poules, et
reviennent à Vienne
la voiture chargée
des produits de leur
« mini-ferme ».
A partir de 1933,
l’antisémitisme
monte en Autriche.
Freud attendra
1938 pour se
résoudre à quitter
Vienne pour Londres
avec sa famille.
Dorothy part la
première en Suisse
avec ses enfants,
pour mettre sa
fortune à l’abri et
aider les
psychanalystes juifs
et leurs familles à
fuir.
La famille Freud
obtiendra ses visas
au compte-goutte. La
première à l’obtenir
est Mina (la
belle-sœur de
Freud), que Dorothy
vient chercher le
5 mai à Vienne pour
l’emmener à Londres.
Le 4 juin, départ
pour l’Angleterre ;
Freud, Anna et sa
famille
s’installeront dans
la célèbre maison du
20, Maresfield
gardens, et Dorothy…
dans une maison
voisine.
Lorsque
la guerre est
déclarée en août
1939, Dorothy part à
New York mettre à
l’abri ses enfants,
et elle y resta plus
de sept mois. Anna
vit douloureusement
cette absence,
aggravée par la mort
de Freud un mois
plus tard, ce père
vénéré.
« J’ai compris
très clairement ce
que j’éprouvais pour
vous »
Aux Etats-Unis,
Dorothy tombe
amoureuse d’un
psychanalyste et
fait part à Anna de
son dilemme. C’est
la fin de l’année,
Dorothy attend
impatiemment le
télégramme de vœux
de Nouvel an d’Anna,
mais le 1er janvier
passe et rien
n’arrive. Elle est
désespérée et
convaincue qu’Anna,
trop blessée, a
coupé le lien.
Cet évènement va –
paradoxalement – les
déciller sur leur
attachement
réciproque. Dorothy
écrit :
« Quelqu’un
d’autre est entré
dans ma vie, mais
sans pour autant
vous en faire
sortir… mais c’est
seulement maintenant
que j’ai été
bouleversée en
comprenant que je
peux vraiment vous
perdre… Ma vie à de
nouveau un sens,
peut-être puis-je
encore lui donner un
prix, du moment que
vous m’aidiez – car,
Anna, c’est toujours
vous qui devez
m’aider. » Anna
ne souhaite pas le
retour de Dorothy
s’il est mu par la
culpabilité. Une
autre phrase sonne
comme un aveu :
« J’ai compris très
clairement ce que
j’éprouvais pour
vous et ce que ma
relation pour vous
représentait… », lui
répond Dorothy.
Faut-il encore des
preuves ? Il y en a
d’autres...
Fin mars 1940,
Dorothy quitte ses
enfants et le
confort d’un pays en
paix, et reprend le
chemin d’une
Angleterre en guerre
pour rejoindre sa
compagne, quoi qu’il
lui en coûte. Elles
ne se quitteront
plus. A Londres,
elles décident de ne
pas habiter
ensemble, par manque
de place dans la
maison des Freud.
Mais Dorothy
s’installe à
proximité.
A la fin de la
guerre, en décembre
1945, Anna, épuisée
par les épreuves et
les privations,
contracte une
pneumonie. En début
d’année 1946, elle
frôle la mort, mais
Dorothy la soigne,
la veille, et
l’emmènera en
convalescence
plusieurs semaines
dans la station
balnéaire de
Brighton.
Posture d’austérité
en public
La mort de Martha,
la mère d’Anna,
survient en 1951.
Pour la première
fois, 26 ans après
leur rencontre,
elles aménagent dans
la maison des Freud
et elles y
resteront, jusqu’à
la mort de Dorothy
en novembre 1979.
Comme en Autriche,
elles achètent une
maison de campagne à
Walberswick dans le
nord de Londres, et
une autre, isolée,
rien que pour elles
deux, en Irlande.
Anna, dès qu’elle
acquit une notoriété
mondiale en tant
qu’héritière et
gardienne du temple
de la psychanalyse,
afficha avec Dorothy
en public une
posture d’austérité.
Mais en privé, elles
se montraient
heureuses,
fantaisistes,
entourées des
enfants et de
nombreux amis.
Sur le plan
professionnel, elles
seront en alliance
féconde toute leur
vie pour mener à
bien leurs projets
d’écriture de
livres, de
conférences et de
création
d’institutions pour
les enfants. Leur
alliance fut
également fructueuse
sur le plan
théorique et
méthodologique. Dès
1950, elles furent
invitées
régulièrement
ensemble aux
Etats-Unis par des
universités
américaines.
A la mort brutale de
Dorothy, Anna est
très éprouvée et
sombre dans un
profond désespoir.
Les enfants de
Dorothy viennent de
New York pour la
soutenir, puis elle
reste de long mois
seule et enfermée.
Les deux premières
dates anniversaires
de la mort de sa
compagne sont un
calvaire, et elle
s’éteint trois ans
après, à l’âge de
87 ans.
Une relation
occultée ou
minimisée
Après ces
découvertes sur la
vie de ces deux
femmes, j’ai cherché
à savoir comment les
psychanalystes et
les historiens de la
psychanalyse
évoquaient cette
relation. De manière
surprenante, elle a
été soit occultée,
soit minimisée. Un
florilège
d’euphémismes a été
utilisé pour décrire
leur relation : amie
intime, amie chère,
tendre amie, vieille
amie, vieille fille,
célibataire,
collègue, partenaire
de voyage, jumelle…
mais jamais
« compagne ».Pas
même d’ailleurs dans
le fameux
« Dictionnaire de la
psychanalyse » de
Roudinesco-Plon
publié en 1997. Les
auteurs ont
néanmoins le mérite
d’avoir consacré un
paragraphe à
Dorothy, qu’ils
concluent par cette
phrase : « Cette
histoire fut en tout
cas une belle
histoire d’amour et
de fidélité
réciproque ».
Anna Freud s’est
défendue à maintes
reprises de cette
qualification de
relation
homosexuelle, allant
jusqu’à tenir un
discours
quasi-homophobe, que
l’on pourrait
presque apparenter à
une « haine de soi »
pour se protéger ;
« l’homosexualité
est une maladie dont
il fallait guérir »,
écrit-elle. Par
contre, elle a
toujours prôné,
comme son père,
l’ouverture de la
pratique de la
psychanalyse aux
psychanalystes
homosexuels.
A cette époque, et
même encore de nos
jours, nombreuses
sont les personnes
homosexuelles
contraintes au
silence, voire au
déni de ce qu’elles
sont.
On ne peut que
saluer le courage
des personnages du
documentaire « Les
invisibles »,
ce recueil
bouleversant de
témoignages de
personnes âgées
homosexuelles qui
prirent le risque de
vivre leur
différence au grand
jour.
Le
secret, condition
sine qua non pour
continuer d’exercer
Outre le poids de
l’interdit sociétal,
on peut se demander
comment Anna et
Dorothy, en tant que
psychanalystes,
auraient pu faire
autrement que de
garder leur relation
secrète. En effet,
la puissante
Association
internationale de
psychanalyse (IPA),
fondée par Freud,
décida en
1920 contre l’avis
de son fondateur la
« règle orale », qui
interdisait aux
personnes
homosexuelles d’être
psychanalystes.
De 1941 à 1945,
pendant « les
grandes
controverses »,
somme de conflits
théoriques et de
guerres de pouvoir
qui secoua la
Société britannique
de psychanalyse,
Anna a été accusée
d’homosexualité par
ses adversaires, et
elle a dû s’en
défendre.
Le secret entourant
sa vie privée –
Elisabeth Young
Bruehl précise dans
sa biographie d’Anna
que « personne de
leur entourage ne
les vit jamais
s’embrasser ou se
toucher » – était
donc la condition
sine qua non pour
continuer de
représenter son
père, les fondements
de la psychanalyse,
et tout simplement
d’exercer en tant
que psychanalyste.
Ce n’est qu’en
1973 que
l’homosexualité a
été supprimée de la
liste des
pathologies dans le
Discorder
Statistical Manual
(DSM), le manuel
américain de
référence en
psychiatrie. Et
c’est en 1999 (année
du PACS en France),
lors du congrès de
Barcelone, que l’IPA
a pu dépasser son
« surmoi
institutionnel »
grâce à la fronde
des psychanalystes
homosexuels
américains qui ne
supportaient plus ce
secret. Ce n’est
enfin qu’en 2001 que
l’IPA supprimera
officiellement la
« règle orale », et
inscrira dans ses
statuts la règle de
non-discrimination.
Homophobie dans les
institutions
psychanalytiques
Cette histoire
montre que les
instituts de
psychanalyse peuvent
aussi se montrer
aveugles et
révisionnistes…
Selon le « roman »
psychanalytique,
Anna et Dorothy
eurent une relation
platonique, Anna
n’eut jamais de
sexualité, elles
étaient atteintes du
syndrome de
gémellité, leur
œuvre commune
n’était qu’une
sublimation totale
de leur pulsion
sexuelle…. Alors que
toutes les preuves
de leur relation
homosexuelle étaient
déjà là, à la portée
de tout
investigateur
non-thuriféraire… !
Mais allons un pas
plus loin, et osons
une interprétation
toute…
psychanalytique : de
même que les
patients fusionnels
ont de grandes
difficultés à
imaginer la
sexualité de leurs
parents, il
semblerait que les
institutions aient
été dans le même
schéma défensif, en
fantasmant l’absence
de sexualité de deux
parents-fondateurs,
Anna et Dorothy,
pour continuer à
adhérer à la théorie
orthodoxe et aux
règles dogmatiques,
sans remise en cause
possible de
celles-ci.
On ne peut
qu’espérer que cette
sortie claire du
déni – merci
Elisabeth Roudinesco
– permettra de
travailler
l’homophobie qui
existe encore dans
les institutions
psychanalytiques et
chez certains
psychanalystes
eux-mêmes, voire
revisiter certaines
parties de la
théorie freudienne
et anna-freudienne,
et ouvrir le champ
des recherches sur
l’histoire de ces
deux pionnières de
la psychanalyse.
Les lettres de
Dorothy à Anna
(celles d’Anna ont
été perdues) restent
enfouies aux
« Archives de
Freud » à la
bibliothèque du
Congrès de
Washington. Espérons
qu’un jour prochain
elles fassent, elles
aussi, l’objet d’une
publication.
Pour conclure sur
cette belle histoire
d’amour secrète,
sait-on qu’Anna a
rejoint Dorothy dans
le caveau familial
des Freud, en 1982,
au Golders Green à
Londres ? Elles
peuvent maintenant
reposer en paix,
sans crainte,
enfin."
ARTICLE
rue89.com
/commentaires très
intéressants :
www.rue89.com/2013/01/07/tabou-dans-la-psychanalyse-la-famille-homoparentale-de-la-fille-de-freud-238361
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retour |
Isabelle Alonso:
«L'existence des
lesbiennes est
en soi
subversive»
INTERVIEW
Isabelle Alonso,
co-fondatrice
des Chiennes de
garde.
"La romancière,
essayiste et
chroniqueuse
Isabelle Alonso
a répondu aux
questions de
TÊTUE à
l'occasion de la
réédition de son
«Roman à l'eau
de bleu». Une
ode au féminisme
et à la mixité.
Imaginez un
monde où les
«ils» deviennent
des «elles». Où
les femmes
détiennent
depuis toujours
le pouvoir. Où
les hommes sont
relégués dans
les jardins et
sont considérés
comme de jolies
proies que les
«coureuses de
caleçon» n'ont
de cesse de se
mettre sous la
dent. Ce monde
existe. C'est
celui inventé
par Isabelle
Alonso dans son
Roman à l'eau de
bleu, sorti une
première fois en
2002 mais qui
est réédité par
les Éditions
Héloïse
d'Ormesson dans
une toute
nouvelle
version, revue
et corrigée par
l'une des
féministes
françaises les
plus médiatiques
de
France....(...)
Et quid du
vieux cliché
féministe=lesbienne?
Pour moi, être
féministe c'est
une option
politique. Je
n'ai jamais vu
le rapport avec
le fait d'être
lesbienne ou
hétéro. Je suis
ravie quand il y
a des lesbiennes
féministes,
maintenant, il y
a des lesbiennes
qui ne le sont
pas du tout. Et
pour cause. Je
ne vois pas
pourquoi le fait
d'être lesbienne
entraînerait
automatiquement
cela. Ça
entraîne
sûrement une
expérience
particulière de
la vie qui
pousse à être
plus du genre à
se poser des
questions sur le
système dans
lequel on vit.
Pour autant, ce
serait trop beau
s'il suffisait
d'être brimé
dans sa vie pour
devenir radical.
Ça ne marche pas
comme ça!
Mais évidemment,
le simple fait
que les
lesbiennes
existent est en
soi totalement
subversif!
Subversif?
Oui, parce que
dans notre
société, le fait
de se passer des
hommes ce n'est
pas prévu! Il
faut dépendre
des hommes. Si
ce n'est
matériellement,
au moins
affectivement et
sexuellement.
Alors du coup,
voilà des femmes
qui ont tout en
main pour être
libres. Elles
sont encore
soumises à la
loi du marché
pour le boulot,
les salaires et
tout ça,
évidemment, mais
elles échappent
quand même à
tout un pan de
l'aliénation.
Rien que ça,
c'est vécu comme
un truc marginal
et subversif.
C'est pour ça
que le préjugé
habituel contre
les féministes
se double
habituellement
de: les
féministes sont
forcément laides
et donc
forcément
lesbiennes. Vous
pensez bien que
si les hommes
s'intéressaient
à elles ou si
elles
s'intéressaient
aux hommes,
elles n'auraient
aucune raison
d'être
féministes ou
lesbiennes!
C'est la logique
masculine dans
toute sa
splendeur...
Enfin ils ne
sont pas tous
comme ça les
mecs, hein! Mais
disons que dans
ce qu'on nous
oppose, il y a
très souvent
cette idée de
mettre dans un
fourre-tout les
féministes
hystériques
moustachues mal
baisées et...
lesbiennes.
C'est ZE
cliché.... "
Suite de
l'article
complet
www.tetu.com/actualites/culture/isabelle-alonso-lexistence-des-lesbiennes-est-en-soi-subversive-21426 |
............................................................................................................................................................................................
retour |
Genre /
Sexualité
Forte
controverse sur
l'orientation
sexuelle dans
les manuels
scolaire
(olé)
* |
CNRS
- Florence
Rochefort
(photo)
Le genre produit
d'une
construction
sociale Source
AFP/E-llico.com01/09/2011
-"Toutes
les
représentations
assimilées au
féminin et au
masculin sont le
produit d'une
construction
sociale",
souligne
Florence
Rochefort,
chercheuse au
CNRS et
présidente de
l'Institut
Emilie du
Châtelet pour le
développement
des recherches
sur les femmes,
le sexe et le
genre.
Des associations
catholiques et
des députés UMP
s'insurgent
contre des
passages de
manuels
scolaires
parlant
d'identité
sexuelle et de
genre.
De quoi
s'agit-il ?
Florence
Rochefort : "Le
genre c'est un
concept qui
s'est diffusé
dans les
sciences
humaines et
sociales pour
dire qu'il
existe autre
chose qu'un sexe
biologique
défini par des
hormones -on a
appelé ça à un
moment le sexe
social. Car la
définition même
des catégories
homme et femme,
leurs rôles,
leurs fonctions,
toutes les
représentations
assimilées au
féminin et
masculin sont le
produit d'une
construction
sociale.
Le concept de
genre nous
permet
d'interroger la
construction des
normes, la
construction de
ces catégories.
Notre travail se
situe dans la
prolongation de
la démarche
féministe qui
remet en cause
l'idée d'une
infériorité
naturelle et
d'une
prédestination à
certaines
tâches, dans
cette même
lignée de
déconstruction
des évidences,
pour montrer que
ce sont pas des
vérités
absolues, mais
seulement des
vérités pour une
certaine tranche
de la population
ou à un moment
donné, qui ne
s'appuient pas
sur des preuves.
Où
en est-on
aujourd'hui ?
La société
continue à
reproduire une
norme dominante.
Par exemple les
livres pour
enfants
continuent à
véhiculer des
stéréotypes
souvent très
arriérés par
rapport à la
réalité
d'aujourd'hui :
le petit garçon
est très actif,
courant partout,
conquérant de
l'espace, la
petite fille
plus volontiers
à la fenêtre
regardant au
dehors, figée,
passive. Il y a
aussi le code
des couleurs
rose et bleu, le
fer à repasser
pour la petite
fille...Le
concept de genre
montre
d'ailleurs à
quel point ces
rôles sont
contraignants
pour les hommes.
Le système
craque de
partout, ne
correspond plus
à des mutations
en cours, à des
aspirations plus
individualistes,
à la liberté,
l'épanouissement
et la
singularité de
chacun. Sur une
même journée
j'utilise des
registres très
différents de ma
personnalité,
que l'ancienne
psychologie
définirait comme
masculin ou
féminin :
suis-je un homme
quand je dirige
un institut, une
femme quand je
fais le repas ?
C'est
important qu'on
en parle dans
les manuels
scolaires ?
C'est important
que tout le
monde ait les
outils
scientifiques
adéquats pour
réfléchir, se
faire son
opinion. C'est
un nouveau champ
de la recherche
scientifique qui
existe depuis
plus de 40 ans
et qu'on ne peut
remettre en
cause, un champ
immense qui
touche toutes
les disciplines.
Mais le lobby
catholique veut
faire valoir sa
différence
idéologique par
rapport à la
banalisation de
l'homosexualité,
et il est assez
fort. L'Eglise
se crispe, d'une
façon
ouvertement
doctrinaire. La
droite est
attirée par le
durcissement de
ton à des
moments
particuliers.
>>>>>>
une pétition est
ouverte à la
signature,
sous l'intitulé
"enseigner le
genre, contre
une censure
archaïque".
Genre /
Sexualité Forte
controverse sur
l'orientation
sexuelle dans
les manuels
scolaires
Source
e-llico.com
01/09/2011
Après les
organisations
catholiques au
printemps, 80
députés UMP
demandent le
retrait de
certains manuels
scolaires de
biologie de
première
abordant la
théorie du genre
sur
l'orientation
sexuelle alors
que des
enseignants
crient à la
censure depuis
près de deux
mois. Ces
députés, qui
représentent
près du quart
des 344 députés
UMP,
Voir la liste
des Députés :
www.tetu.com/actualites/france/genre-qui-sont-ces-80-deputes-qui-reclament-le-retrait-des-manuels-scolaires-20070
souhaitent que
le ministre de
l'Education
nationale Luc
Chatel fasse
retirer des
manuels de
sciences de la
vie et de la
terre (SVT) qui
expliquent
"l'identité
sexuelle" des
individus autant
par le contexte
socio-culturel
que par leur
sexe biologique
(théorie du
genre). La
lettre est
notamment signée
par Christian
Vanneste,
Lionnel Luca et
Jacques Myard,
fondateurs du
collectif de la
Droite
populaire,
Bernard Debré,
Eric Raoult ou
Hervé Mariton."
Suite article
complet
http://reloaded.e-llico.com/article.htm?articleID=27162
Vanneste dénonce
le «lobby gay»,
le PS et les
associations
condamnent
>>>
(Grosse) MIGRAINE
www.tetu.com/actualites/france/genre-vanneste-denonce-le-lobby-gay-le-ps-et-les-associations-condamnent-20074
INTERVIEW
Eric Fassin:
«Les députés
confondent genre
et sexualité»
Source tetu.com
01/09/2011
-"...les
manuels sont
très attentifs à
distinguer genre
et sexualité. Ce
sont les députés
qui les
confondent."
INTERVIEW.
Beaucoup de
choses ont été
dites sur les
études de genre
après la demande
de 80 députés de
retirer les
nouveaux manuels
scolaires
faisant
référence à
l'orientation et
l'identité
sexuelles. Le
sociologue Eric
Fassin nous aide
à démêler le
vrai du
faux.Mardi, la
demande faite
par 80 députés
UMP au ministre
de l'Education
nationale de
retirer les
nouveaux manuels
scolaires, qui
expliquent la
différence des
sexes autant par
le contexte
socio-culturel
que par le sexe
biologique (lire
notre article),
a provoqué de
nombreuses
réactions,
relancant la
polémique autour
des fameuses
études du genre.
Le sociologue
Eric Fassin
réagit... "
Article et
interview
complets
:www.tetu.com/actualites/france/eric-fassin-les-deputes-confondent-genre-et-sexualite-20077
*Film culte
"GAZON MAUDIT"
Victoria Abril
et Josiane
Balasko |
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Le Pink Fossé des Générations -
The Pink
Generation Gap
Source GayNZ.com /Communauté 11/2010 by Craig
Young
Pourquoi les personnes
jeunes et les plus âgées LGBT ne s'entendent-ils
pas?
Ils semble qu'il y ait un antagonisme
générationnelle entre les différents groupes
de lesbiennes et de gays... Pourquoi cela?
(...)
La manière d'être lesbienne et gay, les
opportunités et les avantages dans l'espace
social, tous les changements dans le temps
en raison des avancées sociales et législatives,
culturelles,
ou les reculs, nous rappellent les quarante ans
passés depuis Stonewall...
La première génération de militants LGBT s'est
battue pour la réforme du droit des homosexuels,
la suivante s'est battue pour des lois
anti-discrimination et contre le VIH /Sida,
la troisième se bat pour les unions civiles, le
mariage de même sexe et l'homoparentalité.
Une lesbienne âgée me disait son sentiment de frustration
au sujet de l'abandon du militantisme chez les
jeunes lesbiennes. Je lui ai répondu qu'elles
étaient confrontés à d'autres différents défis
et possibilités qui leurs sont propres dans le
présent. Elles ont la possibilité d'être
encore très féministes, à leur
façon... car les relations sociales, le contenu
de l'oppression et le contexte de la résistance
évoluent dans le temps.
Je peux comprendre ces deux comportements
lesbiens, parce que j'ai parfois des problèmes
similaires avec des hommes gays âgés.
Certains jeunes hommes GBT se plaignent que les
gays âgés sont trop sexualistes et ont
des problèmes de limites. Je pense que
c'est probablement parce qu'ils avaient moins
d'espace pour vivre leur homosexualité et sont
devenus opportunistes en "attrapant" ce qu'
ils peuvent - bien que cela n'excuse pas
leur comportement.
(...) C'était
plutôt la même chose avec
Mary Daly
(féministe radicale, auteure, théologienne,
récemment décédée)
et beaucoup d'autres féministes lesbiennes.
Les jeunes Lesbiennes disent qu'elles
considèrent les féministes lesbiennes trop
rigides et désexualisée par rapport à elles.
Elles n'aiment pas beaucoup non plus leur
transphobie sans doute influencée par Janice
Raymond féministe radicale.
Je pense que la leçon à retenir est de ne
pas à tout prix vouloir résoudre ce qui est
temporairement bloqué, mais reconnaître
qu'il existe différentes manières
générationnelles d'être lesbienne ou gay..
Informez-vous de l'histoire, des changements politiques,
de notre culture et des opinions populaires...
Gardez le respect des générations
âgées pour leurs sacrifices en votre nom, sans
les idolâtrer aveuglément. Réalisez
que les jeunes LGBT ont vécu des formes
différentes d'homophobie et de transphobie dans
leur vie, éloignées de vos expériences ou
de celles que votre groupe d'âge connues, les
nouvelles générations ont
leur propre expérience actualisée... "
The Pink Generation Gap - Source
GayNZ.com /Communauté 11/2010 by Craig
Young
Article complet en VO
www.gaynz.com/articles/publish/35/article_8384.php
Livres recommandés : Arlene
Stein: Sex and Sensibility: Stories of Lesbian
Generations: Berkeley: University of California
Press: 1997. Arlene Stein: Sex and Sensibility:
Stories of Lesbian Generations: Berkeley:
University of California Press: 1997.
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ENTRETIEN PHILO entre deux maîtresses du "Genre",
Judith Butler & Beatriz Preciado
propos recueillis par
Ursula Del Aguila 12/08/2009 - Source archives Têtu
Mag n°138 Nov. 2008

Photos Ami Sioux
- Beatriz Preciado (à g.) et Judith
Butler (à dr) - |
Le féminisme
était dans l'impasse. C'est l'avis de Judith Butler,
philosophe majeure à l'origine des Queer Theories,
mais aussi celui de Beatriz Preciado qui ouvre son
Testo Junkie en s'interrogeant : «Quel genre de
féministe suis-je aujourd'hui, une féministe accro à
la testostérone, ou un transgenre accro au
féminisme ?» Rien ne sert de s'enfoncer toujours
plus avant dans la dénonciation perpétuelle des
inégalités dont sont victimes les femmes, encore
faut-il analyser la matière même de l'identité
«femme» qui les emprisonne. Aussi Butler
s'intéresse-t-elle, début 1990, à la réalité du
genre, toujours troublée (son fameux Gender Trouble)
mais sous le prisme des homosexualités.
Pour elle, le corps est une construction. Ce que
met en acte Preciado : «Aucun des sexes que
j'incarne ne possède de densité ontologique, et
pourtant, il n'y a pas d'autre façon d'être corps.
Dépossession dès l'origine.» Elle y consigne son
expérience de prise de testostérone, fait le deuil
de son ami Guillaume Dustan - «ultime représentant
français d'une forme d'insurrection sexuelle par
l'écriture» -, et rencontre V.D. (Virginie Despentes),
sa «pute» dont le «sexe parle le langage de la
révolution». Dans cet «essai corporel», manuel de
bioterrorisme romantico-punk à la langue violente,
érudite et pleine de ferveur, Beatriz Preciado
philosophe avec son corps, ses (nouvelles) hormones
et ses godes. Pour Butler, la première, et pour
Preciado, qui suit la même filiation théorique
(Foucault, Deleuze, Guattari, Wittig, Haraway), les
identités homosexuelles sont subversives et
nécessairement troublées car elles dynamitent
l'ordre hétérosexuel compris comme régime politique
articulé à la reproduction. C'est le corps dans sa
matérialité, ses genres et ses multiples chaînes
discursives, physiologiques et donc politiques d'ADN
mutant qu'il faut décoder.
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1.- Plus globalement, pour les deux philosophes,
il n'y a plus de sujet cartésien, de Moi. Ce
sont uniquement ses techniques, ses ressources, ses
expériences, politiques, sexuelles, ou langagières
qui constituent la subjectivité du sujet politique.
Les discours ont une matérialité, une corporéité,
car, comme le disait John Austin, «dire, c'est
faire». Ce sont donc eux qui fabriquent l'individu.
Réciproquement, le corps se constitue aussi avec du
discours, celui de Preciado tout particulièrement,
puisqu'elle y inscrit, grâce à son expérience, une
vérité singulière mais qui a valeur d'universel :
«Mon genre n'appartient ni au féminisme, ni à la
communauté lesbienne, ni non plus à la théorie queer.
Il faut arracher le genre aux macrodiscours et le
diluer dans une bonne dose de psychédélisme
hédoniste micropolitique.» Voilà le nouveau sujet de
la révolution.
Beatriz, d'où vient ton obsession philosophique
du corps ?
À l'époque où j'étais dans un département
d'architecture, j'étudiais avec Derrida, j'ai publié
mon premier livre, qui portait sur les godes, Le
Manifeste contra-sexuel, chez Balland, dans une
collection dirigée par Guillaume Dustan. Je suis
obsédée par la question du corps et de sa
matérialité et j'ai eu un choc en découvrant
l'analyse performative de l'identité selon Butler.
Son analyse a radicalement changé ma manière de
penser les genres et la sexualité. Ce que je voulais
depuis le début, c'était prendre cette analyse et
l'amener sur le terrain de la corporéité. J'avais
commencé à prendre de la testostérone et je voulais
faire un livre sur une généalogie politique des
hormones, à partir du travail de Judith et de celui
de Foucault. Il s'agissait de montrer comment nous
sommes passés sous un nouveau régime de contrôle et
de production du genre et de la sexualité.
Pourquoi as-tu voulu expérimenter la testostérone
et raconter cette expérience dans Testo Junkie?
Dans ma génération, contrairement à celle de Judith
Butler, la testo est arrivée brutalement dans les
groupes gays et lesbiens et trans de tendance
anarchiste. En Espagne, tous mes amis ont commencé à
en prendre. J'ai toujours pris des drogues, donc
j'ai voulu essayer la testo mais en même temps je ne
voulais pas changer de sexe et signer un contrat de
réassignation sexuelle avec l'État, ce qui est
plutôt la démarche des transsexuels. Beaucoup
pensaient que j'allais devenir un homme
instantanément. Comme si l'hormone portait la
masculinité en elle. Politiquement, en fait, les
hormones, c'est un système de communication, de
circulation, c'est une sorte de contamination
virale. J'ai pris mon corps comme terrain
d'expérimentation. De là, ce style «autofiction»
mais pas dans le sens qu'on lui accorde aujourd'hui,
celui du petit Moi, cantonné au privé. Le corps a un
espace d'extrême densité politique, et c'est le
corps de la multiplicité. C'est l'universel dans le
particulier. Mais, on est de plus en plus nombreux
aujourd'hui à refuser le cadre médical et
psychiatrique, qui jusqu'à maintenant définissait la
transsexualité. Il s'agit de résister à la
normalisation de la masculinité et de la féminité
dans nos corps, et d'inventer d'autres formes de
plaisir et de vivre ensemble.
Judith Butler: Ce qui est important, c'est le
discours qu'on porte sur les hormones et le pouvoir
qu'on leur attribue.
On en parle comme de quelque chose d'interne qui
agit sur nous et qui s'exprime dans nos actions, sur
lesquelles nous n'aurions aucune prise : «Désolée,
c'est mes œstrogènes, c'est pas mon cogito mais mes
hormones», entend-on dire souvent. Alors certes, il
y a une certaine vérité dans ce discours mais la
vraie question, c'est comment on l'a constitué en
vérité. Les hormones produisent une situation
physiologique mais elles sont toujours interprétées,
de façon consciente ou inconsciente, et les
croyances autour de l'hormone «mâle», la
testostérone, en sont une illustration.
Est-ce que
tu prends toujours de la testostérone aujourd'hui ?
Beatriz
Preciad:
Je continue de manière sporadique, avec des prises
très éloignées les unes des autres. Pour moi, la
testostérone est une drogue sexuelle. Je ne crois
pas à la vérité du sexe, ni masculin, ni féminin. Ni
avec la testostérone ni sans. Le sexe et le genre se
produisent dans la relation à autrui. Comme Judith
l'a montré, ils sont des actes.
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Comment passe-t-on du concept de Foucault de
biopouvoir au pharmacopouvoir ou
pharmacopornographie ?
Foucault a fait une analyse extrêmement intéressante
de la production des identités au 19e siècle par le
discours médical, la loi et aussi les institutions
d'enfermement. Ces architectures externes venaient
contrôler, réguler, discipliner, mesurer, contrôler
la vie ou biopouvoir. Ce qui a permis une
compréhension extrêmement précise du moment où
l'identité sexuelle a été inventée. J'ai, par
ailleurs, toujours été frappée par le fait que
Foucault n'a jamais fait une archéologie du présent,
du corps gay et lesbien ou de la normalisation de la
sexualité contemporaine alors qu'il a connu le
féminisme, les débuts du monde gay et lesbien, les
États-Unis, San Francisco. Je pense que c'était très
compliqué pour un intellectuel gay de tenir un
discours à la première personne dans les années
1970. Son analyse aurait perdu en crédibilité. Il a
très peu parlé des techniques contemporaines de
production des identités telles que le cinéma, la
photographie, les médias, et absolument pas de la
pornographie (sauf de celle du 18e siècle). Mon but
était de croiser l'analyse performative de Judith
avec l'archéologie critique des dispositifs
disciplinaires de Foucault, et de les amener sur le
terrain du corps, et des technologies biochimiques
et pornographiques. C'est là qu'on en vient au
pharmacopouvoir. À partir des années 1940, le
biopouvoir prend désormais la forme du régime
pharmacopornographique, selon ma lecture. Le régime
disciplinaire qui coïncidait avec l'émergence du
capitalisme industriel était basé sur la répression
de la masturbation. En gros, la masturbation était
un gâchis d'énergie car elle ne servait pas la
logique de continuité entre le sexe et la
reproduction de l'espèce. Alors, pour surveiller le
corps, les techniques de contrôle vont se
miniaturiser après la Seconde Guerre mondiale, avec
l'invention des hormones, les techniques de contrôle
deviennent intérieures. On n'a plus besoin de
l'hôpital, de la caserne, de la prison car désormais
le corps lui-même est devenu le terrain de
surveillance, l'outil ultime. Qu'est-ce qu'on prend
quand on prend de la testo ou la pilule ? On avale
une chaîne de signes culturels, une métaphore
politique qui charrie toute une définition
performative de construction du genre et de la
sexualité. Le genre, féminin ou masculin, est apparu
avec l'invention des molécules. Ensuite, très
rapidement, la pornographie s'établit comme nouvelle
culture de masse, et la masturbation devient un
levier de production du capital. La main, qui
n'avait pas de genre, comme l'anus, est maintenant
Potentia Gaudendi ou force orgasmique, outil de
production.
Judith,
vous avez analysé la «mélancolie du genre» dans
votre travail, trouvez-vous qu'il y en a dans le
livre de Beatriz ?
Judith Butler: Certains psychanalystes diront que
Beatriz s'imagine toute-puissante, mégalo, occupant
toutes les places, dans son livre. Mais ce que je
trouve très intéressant, c'est qu'elle nous invite
dans un champ d'expérimentation entre deux extrêmes
qui sont, d'un côté, sa position et, de l'autre,
celle de la différence sexuelle défendue par les
analystes. Ce qui est dangereux, c'est de penser que
la masculinité est une chose bien précise et la
féminité une autre, et qu'elles ne peuvent être que
ça. Aussi, la mélancolie dont je parle apparaît
surtout dans la formation d'identités rigides. Si je
clame en frappant du poing : «Je suis homosexuel !»,
ou autre chose, si mon identité devient quelque
chose que j'affirme, que je dois défendre, il y a
rigidité. Quel est ce besoin de se fixer une fois
pour toutes ? Comme si je connaissais mon futur,
comme si je pouvais être un tout continu ! Il y a
des formations identitaires qui se défendent de
ressentir une certaine perte, et c'est la mélancolie
du sujet hétérosexuel qui m'intéresse. Prenons
certaines formes d'hypermasculinité ou
d'hyperféminité dans la culture hétérosexuelle,
elles ont l'air queer (performatives), car elles
sont hyperboliques. Un homme, par exemple, qui
aurait peur d'avoir le moindre soupçon de féminité
en lui, et qui vivrait en traquant ces traces-là.
Dans le monde gay et lesbien aussi, il peut y avoir
une certaine «police de l'identité». Comme si, en
tant que lesbienne, je ne serais que lesbienne, je
ne ferais que des rêves lesbiens, je n'aurais que
des phantasmes avec des femmes. La vie, ce n'est pas
l'identité ! La vie résiste à cette idée de
l'identité, il faut admettre l'ambiguïté. Souvent
l'identité peut être vitale pour faire face à une
situation d'oppression, mais ce serait une erreur de
l'utiliser pour ne pas affronter la complexité. Tu
ne peux pas saturer la vie avec de l'identité.
Beatriz Preciado : J'ai commencé le livre
avec un deuil, la mort de Guillaume (Dustan), et
aujourd'hui, je fais le deuil de l'identité, je ne
serai jamais vraiment lesbienne, jamais vraiment un
transsexuel, et ce deuil, il est libératoire, en
fait. J'aurais pu décider de ne pas prendre de la
testostérone mais ça, ça aurait été mélancolique. La
question, c'est comment faire le deuil de la
politique d'identité. (Fin du premier volet)
Propos recueillis par Ursula Del Aguila
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retour
2.- Ton livre "Testo Junkie" est une utopie
libératrice des genres et des sexualités, et aussi
le constat nihiliste d'une époque désastreuse pour
l'écologie. Comment la révolution est-elle encore
réalisable aujourd'hui ?
Beatriz Preciado : Je ne conçois pas la révolution
sous la forme virile de la lutte, de la
transformation héroïque. Pour moi la révolution,
c'est ce qui est du domaine du possible, uniquement
dans les micro-actes. Cette microrévolution-là, elle
est possible. Après, la question ultime, c'est
comment rester vivant dans ce monde de guerre totale
dans lequel on vit. Nous avons besoin d'une nouvelle
politique de l'expérimentation et pas uniquement de
celle de la représentation. Je milite pour une «Propaganda
for Queer Fucking». Cette microrévolution est dans
le corps, l'expérimentation, le sexe, le plaisir, la
prise de drogues. Aujourd'hui, à partir de Judith
Butler et de Donna Haraway, on doit penser de façon
nouvelle la notion de l'oïkos, du foyer, qui est le
corps, le corps global et la terre, c'est pour ça
qu'on a besoin d'un nouveau féminisme. Et c'est vrai
que mon livre fait peut-être aussi le deuil de la
planète, car le constat écologique est très
alarmant.
Dans Testo Junkie, les femmes sont appelées des
«putes», des «chiennes». Ne joues-tu pas un peu la «machotransgouine» ?
Beatriz Preciado : Quand je dis «pute» ou
«chienne», je ne parle en aucun cas de toutes les
femmes, mais de certaines filles avec qui je baise.
Et ce sont elles qui m'ont appris à les appeler
comme ça. Vous imaginez bien que quand j'appelle
Virginie Despentes ma «chienne», c'est parce qu'elle
est tout à fait d'accord... Quand une femme parle de
la sexualité de façon crue, elle est vue comme
masculine. Ici, ce n'est pas une figure rhétorique
pour moi, c'est une façon d'habiter l'espace public,
et comme c'est totalement interdit d'écrire comme
cela pour une femme, quand tu te réappropries ces
codes-là dans le langage, tu génères une violence,
et moi, je revendique ce langage ! Et puis, les
femmes dont je parle reprennent l'insulte à leur
compte dans une logique d'empowerment (renforcement
de soi), ce que Judith appelle le déplacement de
l'injure qui change le sujet de l'énonciation qui
n'est plus victime. Donc, je préfère chienne à
victime pour désigner les femmes. Judith montre très
bien que les notions politiques avec lesquelles on
travaille viennent du discours politique, juridique,
on doit travailler en permanence avec des notions
qui sont des outils de normalisation, cette tension
est constamment présente. Tu ne peux pas faire de la
politique de manière pure, il y a toujours un moment
où tu peux être lu de façon différente. Que se
passe-t-il quand une femme se réapproprie ces codes
de la masculinité ? J'aimerais que tous les vrais
machos viennent à mes ateliers de drag king, baisent
avec les filles avec qui je baise, viennent aux
cours de Judith: ils ne seront plus machos.
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retour
Judith, que pensez-vous de ces termes ?
Beaucoup de gens s'emprisonnent eux-mêmes dans
toutes ces catégories, butch, fem, lipstick,
macho... Pourquoi ? Elles continuent d'agir en
permanence sur nous, mais la question intéressante
serait de voir comment on agit avec celles-ci, d'une
façon qui ne nous rende ni victimes ni emprisonnées.
Je parie que Beatriz et moi avons offert un nouveau
destin sexuel à toutes les féministes qui désirent
une relation sexuelle à dominante macho, mais qui ne
supportent pas la subordination sociale aux hommes.
Ce qui est important, c'est de ne pas laisser croire
aux hommes qu'ils possèdent entièrement la
masculinité. Mais s'il est encore d'actualité de
parler de domination masculine, ce qui est
problématique c'est quand on pense que la domination
est ce qui caractérise la masculinité. Un macho,
dans le stéréotype, c'est quelqu'un qui est
incapable de se confronter à sa propre féminité.
Parlons de l'actualité. Thomas Beattie, transsexuel
américain «female to male», a accouché cet été d'une
petite fille. Sa grossesse a été présentée par les
médias comme celle du «premier homme enceint».
Thomas Beattie était d'abord né fille. Dans son
processus de changement de sexe, il a pris de la
testostérone et a réalisé une mammectomie. Ils
voulaient un enfant, sa compagne et lui. Or celle-ci
ayant subi une hystérectomie, elle ne pouvait pas
être enceinte. Thomas, lui, avait toujours son
utérus d'origine, donc il a décidé de le porter.
Comment lisez-vous cette grossesse à l'ère de la
reproduction toujours plus biotechnologique ?
Judith Butler: Pour être enceinte, il faut
avoir certaines fonctions reproductives
opérationnelles, mais aussi des techniques. Ça ne
suffit pas d'avoir un appareil reproducteur
biologiquement féminin. La reproduction peut être le
résultat d'un rapport hétérosexuel, d'une
insémination, ou d'un don de gamètes. Certaines
femmes ont les fonctions reproductives, mais ne sont
pas capables d'être enceintes sans intervention
technique. Il y a toujours de la technique, partout,
il n'y a pas de rapport sexuel hétéro ou homo sans
tekhnê, la pornographie est
une technique. L'autre est une technique:
utilise-moi, fais de moi ton instrument de plaisir,
voilà ce qu'est un rapport sexuel...Sinon, on ne
céderait jamais ! (Rires.)
Beatriz Preciado: Ce n'est pas le premier
transsexuel enceint. Matt Rice, FTM américain, a
porté son enfant mais ne l'a pas médiatisé. Ce qui
est intéressant, c'est la publicité de cette
maternité. Ce sont les médias en quelque sorte qui
rendent possible la reproduction de Beattie. S'il a
pu être «enceint», c'est parce qu'il a décidé de
refuser l'ablation des ovaires qui accompagne le
protocole de changement de sexe. Car c'est
nécessaire, pour que l'hétérosexualité continue
d'apparaître comme le cadre naturel dans lequel la
grossesse se déroule, de rendre le sujet ou le corps
transsexuel infertile. Beattie prouve que le corps
est un champ de multiplicité ouvert à la
transformation, son corps n'est ni masculin, ni
féminin, c'est un champ d'implantation technique
dans lequel peuvent arriver des choses multiples.
Cette complexité de techniques ici liées à la
reproduction montre que nos corps sont finalement
des organes techno-vivants, et pas des matières
premières ou des organes purement biologiques,
indépendants du langage, des métaphores, des
discours. Cela fait longtemps : dans le monde
industrialisé, à l'ère de la pilule, de la baise
hétéro programmée par Hollywood et par la
pornographie dominante, aucune grossesse n'est
naturelle. À la fin des années 1960, il y avait
d'emblée dix millions de consommatrices de la
pilule, c'était la première fois qu'un médicament
était prescrit sans maladie, et cette prescription
signifie que le corps féminin est discipliné pour
être maternel. Thomas Beattie est dénoncé comme
l'antinaturel, alors qu'il n'est qu'une des
possibilités parmi des milliers de cas aidés par les
techniques, et ça risque d'être de plus en plus
fréquent. (
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retour
3.- Autre point très important de l'actualité
américaine, le mariage vient d'être ouvert
légalement en Californie aux gays et aux lesbiennes
(contexte de l'interview octobre 2008, depuis le
droit au mariage pour les homos a été de nouveau
interdit). Qu'en pensez-vous ?
Judith Butler : C'est une bonne nouvelle, et
l'institution du mariage devrait exister pour tout
le monde, indépendamment de l'orientation sexuelle.
C'est juste une question d'égalité dans un cadre
libéral et du point de vue des droits individuels.
Mais ce n'est pas suffisant. Je ne sais pas pourquoi
l'institution du mariage devrait concerner seulement
deux personnes. Et il ne faut pas oublier que
l'institution du mariage contrôle d'autres droits
(la nationalité, le droit de propriété, celui de
rendre visite à votre compagnon à l'hôpital) et ça,
c'est préoccupant. Le mouvement promariage est né en
réponse à la crise du sida, le but étant de
transformer les homos en citoyens respectables. Mais
il est aussi très important de séparer la
possibilité de contractualiser une union - de se
marier - de la parenté. Ce qui m'inquiète, c'est que
le mouvement gay est devenu plus conservateur,
centré sur les droits individuels et la propriété
privée. Et ça m'inquiète. Ma petite amie, qui est
marxiste, m'a d'ailleurs prévenue : si je me marie
avec elle, elle demandera le divorce !
Vous avez travaillé plus récemment sur la guerre, la
torture à Guantanamo, et sur ce qui définit l'humain
dans ce contexte. Si je suis torturée dans une
prison par exemple, ma conscience peut quand même
être sauve. Peut-on dire que c'est ce qui reste de
moi ?
Judith Butler : Imaginons donc que je suis en
prison, isolée, dans une position qui va à
l'encontre de ma volonté. Nous aimerions savoir s'il
reste quelque chose d'intouchable dans l'humain, qui
puisse échapper à ce pouvoir coercitif qui fait que
je ne suis pas libre. La question serait plutôt:
quelles sont les ressources du sujet qui permettent
de résister à une domination absolue? En
philosophie, on pense traditionnellement que les
seules techniques de résistance du sujet lui
appartiennent, ou sont «en lui». Ça c'est une
assomption métaphysique et c'est un obstacle pour
penser le problème de la résistance. Peut-être
suis-je capable de résister car des ressources
linguistiques m'ont été transmises. En d'autres
termes, le langage, la pensée, la poésie sont des
ressources qui me forment, qui me structurent, sans
ces ressources culturelles, je ne peux donc opposer
de techniques de résistance pour survivre. La
question serait plutôt : est-ce un Moi qui résiste
ou est-ce un agencement - agency - de ressources par
le biais duquel il y a de la résistance? Certains
prisonniers de Guantanamo ont écrit des poèmes pour
résister. Quand on regarde leurs poèmes, on y voit
des traces de leur culture poétique qu'ils ont
assemblées afin de les mobiliser contre le pouvoir
étatique. La question de fond, c'est donc: comment
l'agencement de techniques du sujet rend possible la
survie? Il ne faut pas prendre le problème en se
demandant quelle liberté il reste au sujet, mais,
plutôt, comment la résistance est-elle possible? Tu
ne peux pas séparer ces sujets des techniques qui
les font survivre, si tu enlèves ces techniques, il
n'y a plus de survie. La vraie question c'est : sous
quelles conditions un Je peut-il donc parler?"
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Judith
Butler est philosophe et professeure au
département de rhétorique et de littérature comparée
de Berkeley, université de Californie. Mondialement
connue pour son essai Gender Trouble, paru en 1990
et traduit en français en 2005 aux éditions de La
Découverte. Défaire le genre (Amsterdam, 2007) ; Le
Récit de soi (PUF, 2007) ; Humain, inhumain
(Amsterdam, 2005) ; Le Pouvoir des mots (Amsterdam,
2004) ; Antigone : La parenté entre vie et mort (Epel,
2003) et Marché au sexe (Epel, 2002) sont désormais
disponibles en français. Bodies that Matter vient
d'être traduit en français (Amsterdam, printemps
2009), suivi de Frames of War (La Découverte, à
l'automne 2009).
Beatriz Preciado est philosophe. Auteure de
Testo Junkie (Grasset) et du Manifeste contra-sexuel
(Balland), elle dirige le projet de recherches et
production artistique «Technologies du genre» au
musée d'Art contemporain de Barcelone (MACBA).
LES MOTS DE
PRECIADO
Capitalisme pharmacopornographique:Le nouveau régime
économique planétaire est basé sur la consommation
de pornographie, de substances chimiques de tous
types et de services sexuels. Le but ultime du
travailleur est d'avoir le plus d'orgasmes possible.
Micropolitiques queer: Désigne les nouvelles
stratégies de résistance pour déconstruire le monde
basé sur l'hétérosexualité dominante. Elles
consistent à expérimenter, sur soi et avec autrui,
le genre ou les corps qu'on désire, en prenant des
hormones, des drogues ou en se travestissant.
Potentia Gaudendi: Capacité d'un corps de jouir,
mais qui détermine aussi sa capacité à changer le
monde. C'est aussi la force de travail du
capitalisme pharmacopornographique.
Technogenre: La médecine est à l'origine du genre
(ou gender). Qui l'eut cru ? Dès les années 1940,
elle décide du genre des bébés intersexués
(hermaphrodites), donc d'une certaine façon, elle
produit techniquement et médicalement une différence
sexuelle qui n'aura désormais plus rien de
naturelle.
Testostérone: Hormone mâle que l'auteure
s'administre sous forme de gel.
Virginologie: Doctrine célébrant la perfection
métaphysique de Virginie Despentes en tant qu'elle
est la plus pornographe et la plus féministe des
femmes. |
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* Lesbian look /Candy Bar
girls |
voir>>>>.Au
Bonheur des Psy
|
*www.philippetastet.com |
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