
"La marginalisation
des lesbiennes"
OSHEN
-
Océanerosemarie
Notre Bien aimée  "Lesbienne
Invisible"
|
Invisibles et Silencieuses
r
Lesbiennes...

"Invisibles, les lesbiennes?"
Génération lesbienne : de la camionneuse à
la gouine Star
Coup de colère de Manuela
Kay
Le mot BON
d'ordre de l'ORGULLO GAY de MADRID !
Lesbiennes & entretiens d'embauche...
Le dire ou ne pas le dire
(à la télé )
"Agir
contre l’invisibilisation croissante des lesbiennes ?"
>>>On a retrouvé
la Lesbienne invisible !!!
Things
Invisible to See: Gay and Lesbian Tales of Magic Realism
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Invisibles,
les lesbiennes?
-Joëlle Girardle
La
question n’est
pas nouvelle. Il
y a déjà un
moment que la
sous-représentation
des lesbiennes
dans la
communauté LGBT
a été constatée,
discutée,
documentée,
voire théorisée.
Entre Elles
plonge donc dans
les origines de
la Dyke March
(la Marche des
Gouines), l’une
des initiatives
les plus
substantielles
pour contrer
cette tendance,
et ainsi mieux
comprendre
pourquoi un tel
mouvement n’a
jamais éclos au
Québec.
En 1993, sous
l’impulsion des
Lesbian Avengers,
avait lieu à
Washington la
toute première
Dyke March.
L’objectif de
l’association
était de porter
à l’attention de
la communauté
LGBT, et du
public en
général, le fait
que les
lesbiennes
étaient
largement
sous-représentées
dans la société.
À l’époque, la
communauté LGBT
de Washington se
mobilisait pour
protester contre
une panoplie de
mesures
homophobes qui
avaient cours
aux États-Unis.
Constatant que
les lesbiennes
étaient à peu
près absentes de
l’organisation
des
manifestations,
les Lesbian
Avengers ont
pris le taureau
par les cornes
en organisant la
première Dyke
March. Le succès
à été immédiat :
20 000 femmes
ont répondu à
l’appel.
Les
lesbiennes
étaient de plus
en plus
fatiguées de se
battre pour des
causes qui ne
les touchaient
pas directement,
comme le sida ou
l’avortement,
par exemple,
alors que leurs
propres
problèmes
demeuraient
irrésolus »,
explique Kelly
Cogswell,
journaliste
indépendante,
directrice du
projet
documentaire The
Lesbian Avengers
et elle-même
membre
fondatrice du
groupe basé à
Washington.
Selon elle, «
les lesbiennes
étaient par
ailleurs
frustrées par
l’invisibilité
dont elles
souffraient dans
la société en
général, ainsi
que par la
misogynie de la
communauté LGBT
»....01/08/2011
- Suite de
l'article
complet
www.entreelles.net/2011/08/invisibles-les-lesbiennes-45 |
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>>>Génération
lesbienne :
de la
camionneuse
à la
gouine
star
Source
Marjorie
Marcillac |tetu.com
27/06/2009
Depuis
quelques
années, les
lesbiennes
s'affichent,
l'assument
et changent
d'image :
une
visibilité
qui n'en est
qu'à ses
débuts…
« La
visibilité
lesbienne
n'est pas
totalement
réalisée,
mais il y a
quand même
eu beaucoup
d'avancées
», comme
l'admet
Jocelyne
Fildard, 62
ans, membre
de la
Coordination
des
lesbiennes
de France.
Les luttes
sociales
antérieures
ont permis à
la nouvelle
génération
de sortir du
placard avec
plus de
facilité : -
« A
mon époque,
lorsque
Martina
Navratilova
affirmait
son
homosexualité,
évidemment
que ça
faisait du
bien ! Si
ces
personnalités
permettent
de
s'identifier
et d'oser
vivre au
grand jour,
on ne va pas
s'en
plaindre. »
Ces
dernières
années
-signe d'une
évolution
des
mentalités-
de plus en
plus de
films
mettant en
scène des
personnages
lesbiens non
caricaturaux,
voire même
des
personnages
principaux
de séries
télé ("The L
Word"... ) ,
ont permis
de
diversifier
les
références.
La lesbienne
n'est plus
seulement la
camionneuse
de service.
Tour à tour
terriblement
sexy ou
garçon
manqué,
timide ou
provocante,
elle est
devenue
multiple.
L'image
véhiculée
des
lesbiennes
s'est donc
transformée.
Il y a
encore vingt
ou trente
ans, les
seules
lesbiennes
visibles
étaient
masculines.
Aujourd'hui,
c'est le
couple de
femmes
féminines
qui est très
représenté.
Mais le fait
que la
lesbienne ne
soit plus
uniquement
perçue comme
masculine
annonce-t-il
vraiment la
fin d'un
tabou ?
Selon
Wendy
Delorme,
écrivaine,
performeuse
burlesque et
actrice
queer, rares
sont les
filles
publiquement
« out » qui
dérogent aux
règles du
genre
féminin :
« Les
lesbiennes
sont
médiatisées
si elles
sont
féminines,
ou si elles
sont mères.
Lesbienne
bandante aux
yeux des
mecs ou
figure
maternelle,
on a le
droit à la
médiatisation,
on ne fait
pas peur
puisqu'on
correspond
encore aux
archétypes
rassurants
de la mère
et de la
putain.
Lesbienne
masculine ou
gouine
radicale, on
est souvent
en disgrâce
de
notoriété.
Le jour où
non
seulement
les
lesbiennes
s'afficheront
sans peur et
sans honte,
mais où le
fait d'être
une femme
masculine ou
une personne
transgenre
sera aussi
accepté, on
pourra
peut-être
crier
hourra ! »
La nouvelle
génération
semble en
effet
vouloir
récupérer
certains
codes de la
féminité
jusqu'à
présent très
stigmatisés
dans les
groupes
lesbiens :
cheveux
longs,
talons,
rouge à
lèvres… « Le
collage aux
codes de la
féminité
hétéro n'est
pas ce qu'il
y a de plus
porteur en
termes de
changement
social »,
souligne
Natacha
Chetcuti,
sociologue à
l'Ecole des
hautes
études en
sciences
sociales et
coauteure de
«
Lesbianisme
et féminisme
: histoires
politiques
». Mais tout
dépend de ce
que l'on
attend : une
annulation
des
catégorisations
de genres ou
une
réintégration
de la
lesbienne à
la catégorie
« femme »
?"
Suite et
article
complet :www.rue89.com/2009/06/27/generation-lesbienne-de-la-camionneuse-a-la-gouine-star |
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A lire aussi
sur Rue89 et
sur Eco89
>>>Les
principales
étapes
de la
visibilité
lesbienne
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 |
Coup de
colère
de
Manuela
Kay
(photo)
Rédactrice
en chef
du
magazine
Lesbien
Allemand
«L-Mag»
 |
- "...Montrez que vous avez plus de visibilité lesbienne, en Femmes que vous êtes!"
-"Les Femmes lesbiennes restent dans l'ombre. Même dans les Défilés..., elles sont presque invisibles..." déclare Manuela Kay |
Manuela Kay rédactrice en chef de L-mag. faisant le "L" provocateur ! Foto: Antje Lenz von Kolkow |
«L-Mag»...
voir
Les
Mag'Lesbiens
|
|
"... Longtemps, les gays ont partagé le sort de l'invisibilité des lesbiennes. Mais aujourd'hui, ils n'ont pas usé nécessairement de modération ni d'humilité (comme les hommes hétéro)... Les luttes contre le "paragraphe 175", le Sida, de combattre pour leurs droits et réclamer leur légitimité" ont trouvé désormais leur place dans le tissu social . À cela s'ajoute (...) que presque chaque série télévisée a aujourd'hui a son "quota" de "charmants gays". En outre, pour l'industrie de la publicité, les hommes Gay ont déjà donné en tant que groupe cible détecté. Pendant ce temps, les lesbiennes demeurent tranquilles et silencieuses, excepté lors de TV événements tels que la série américaine «The L Word», où de de belles femmes glamour s'aiment (...) Comme il est difficile d'annoncer au monde que nous sommes aussi cool, sexy... Avant tout, parce que beaucoup de femmes restent avec leur statut dans les sociétés patriarcales et les interlocuteurs plus généralement, de nombreux gays. Tandis que cette fête donc pour célébrer joyeusement les lesbiennes met en évidence encore plus de dysfonctionnements sociaux. Sont-elles donc, finalement, les responsables elles-mêmes de cette image de gaité frustrés?" Traduction (essai) Tasse de Thé -
Article VO dans le dernier "L Mag" - Source FRAUENTERMINE www.frauentermine.de |
|
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Des centaines de
milliers de personnes à
la Gay Pride de Madrid !
 |
MADRID -
Plusieurs
centaines de
milliers
d'homosexuels,
sympathisants
de la cause
gay ou
simples
touristes
ont assisté
samedi à
Madrid au
grand défilé
de la Gay
Pride,
placé cette
année sous
le thème de
la
"visibilité
lesbienne".
La jeune
secrétaire à
l'Egalité du
gouvernement
socialiste,
Bibiana Aido,
était en
tête du
cortège qui
a traversé
le centre de
la capitale.
-
"C'est un
jour de
joie, de
revendication
des droits
de l'homme
et de tous
les
citoyens", a
déclaré
Bibiana Aido,
qui a
encouragé
les femmes
homosexuelles
à "cesser de
vivre dans
l'ombre",
dans un pays
qui se situe
à
l'avant-garde
des droits
pour les
homosexuels
en Europe.Nombre
d'entre
elles ont
défilé sous
un grande
banderole
affirmant:
"Lesbienne,
parce que
c'est mon
choix".
D'autres
pancartes
réclamaient
"la fin
de
l'homophobie"
ou clamaient
"les
persécutions,
ça suffit".
voir
Viva Viva
Viva
ESPaña
!
|
Les
thèmes
de
"l'égalité"
et de la
"laïcité¨
étaient
aussi
souvent
mentionnés
dans le
cortège
auquel
participaient
des
délégations
d'Amnesty
International,
du Parti
socialiste
espagnol
(PSOE)
et des
principaux
syndicats.
Réuni en
Congrès
à
Madrid,
le PSOE
a
réclamé
samedi
davantage
de
laïcité
pour une
société
espagnole
qui a
beaucoup
évolué
depuis
cinq
ans,
avec
notamment
l'adoption
du
mariage
homosexuel,
mais où
l'Eglise
catholique
demeure
influente.
Une
trentaine
de chars
ont
participé
au
cortège,
donnant
un
aspect
festif
au
défilé,
animé
par de
nombreux
transsexuels
et au
cours
duquel
ont eu
lieu des
distributions
de
préservatifs."
-Source
e-llico.com
07/07/2008 |
|
 |
La MARCHE DES FIERTES
"ORGULLO LGBT"
en Espagne -
organisée par FELGTB et
COGAM
du 05 juillet 2008
à MADRID-
Départ à 18 h de la
Place d'Espagne
aura pour thème "Pour la
Visibilité Lesbienne"
"Le défilé unira des
personnes partout dans
l'Etat en vertu du même
slogan "pour la
visibilité lesbienne"
qui est la devise de la
prochaine manifestation,
comme l'a décidé à
l'unanimité les groupes
LGTB réunis aux états
généraux tenus à
Irkoutsk en avril 2008.
Une décision qui reflète
un des piliers du
mouvement LGTB, la
solidarité, et en même
temps, qui est un
exercice de justice
historique. Parce que
les lesbiennes ont
toujours été en lutte
dans l'ombre pour
l'égalité, la liberté
dont jouissent
aujourd'hui les hommes
et les femmes Espagnols.
Ce soutien reflète la
satisfaction collective
pour tout ce travail et,
tout en proclamant la
conviction que la
visibilité lesbienne est
possible. Un soutien qui
s'inscrit également dans
l'Année de la Lesbian
Visibilité LGTB dont le
mouvement fait la
promotion.(...)voir le site
:
www.cogam.es/secciones/orgullo-lgtb |
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Chassez le Naturel...
Les lesbiennes cachent
leur sexualité pendant
les entretiens
d'embauche !
Source PinkNews
03/09/2007 |
(...)
Les lesbiennes cachent
fréquemment leur
sexualité dans des
entrevues d'emploi en
changeant la manière
dont elles s'habillent.
Ainsi beaucoup de
lesbiennes admettent
déguiser leur sexualité
en s'habillant en "genre
neutre" car la plupart
pensent qu'elles
n'obtiendraient jamais
un travail si elles
s'habillaient comment
elles le voudraient
vraiment. Les
chercheurs
Dr Helen Woodruffe-Burton
and Dr Sam Bairstow,
qui ont entrepris
l'étude à l'université
de Cumbria et de
Glamorgan, ont donné
au problème le nom de
"d'entretien-dilemme".
Elles constatent que les
femmes lesbiennes sont
partagées entre leur
besoin d'exprimer leur
identité et la pression
à se conformer aux
normes imposées.
Le Dr Woodruffe-Burton
précise :
-"Beaucoup considèrent
que l'entretien
d'embauche est assez
stressant sans devoir en
plus déguiser leur vraie
identité...
Pourtant être en robe,
s'habiller en conformité
avec les critères
"acceptables" de leur
sexe leur permet de ce
fait de se sentir
davantage détendue et
"normale" mais en
s'exposant à la
possibilité de préjudice
et même d'hostilité .
"Nous savons tous que
les premières
impressions sont
particulièrement
importantes dans un
entretien d'embauche, et
cela prouve que quand
cette impression va à
l'encontre de la norme
elle peut avoir des
effets négatifs
désastreux sur
l'embauche elle-même ''
a t-elle ajouté.
...voir
Homo
Boulot |
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écouter la
Conférence "Lesbienne
mon amour"
! Enjeux politiques
Cycle : Mémoire
Gay & Lesbienne -
Durée : 51mn -
Intervenantes : Sabreen
Al’Rassace , Chercheuse
en sciences sociales -
Patricia Curzi , ILGA
(International Lesbian
and Gay Association) -
Santé des femmes
lesbiennes et
bisexuelles à travers le
monde |
 |
Date/Lieu
: Le 17/03/2007 à la
Bibliothèque de la
Part-Dieu
http://php.bm-lyon.fr/video_conf/detail.php?id=97
Résumé :
L’invisibilité sociale
et politique des
lesbiennes peut avoir
des conséquences d’ordre
vital, notamment en
matière de santé et de
droit d’asile.
Patricia Curzi
explique les enjeux et
la mise en œuvre d’un
projet de grande
envergure comme le
rapport sur la santé des
femmes lesbiennes et
bisexuelles à travers le
monde (consultable sur
le site de l’ILGA).
Face à l’absence de
recherche spécifique sur
cette question par les
organismes officiels, il
s’agit de repérer et
visibiliser les
initiatives locales, de
mutualiser les
informations et les
compétences, mais aussi
de sensibiliser les
femmes elles-mêmes.
|
L’objet de
l’intervention de
Sabreen Al’Rassace
se situe également sur
une échelle
géopolitique. Elle
revient sur
l’interprétation de la
Convention de Genève de
1951 par l’Office
Français de Protection
des Réfugiés et des
Apatrides et par la
Commission de Recours
des Réfugiés.
Les femmes fuyant leur
pays en raison de leur
lesbianisme rencontrent
deux obstacles majeurs
dans leur requête du
droit d’asile. Le
premier est l’absence
d’approche en terme de
genre au sein tant des
ONG que de l’OFPRA et de
la CRR. Le second est
leur invisibilité en
tant que lesbiennes : si
cette dernière était une
nécessité de survie dans
leur pays d’origine,
elle se retourne contre
elles lorsqu’elles
doivent fournir les
preuves de persécutions
spécifiques à leur
encontre… " |
............................................................................................................................................................
retour |
Le dire ou ne pas
le dire?
Source Canoë 09/2004
 |
Geneviève Paris
(...)"trouvait, à la longue, difficile d'être
sollicitée comme lesbienne et non plus comme chanteuse.
Par manque de joueurs, la partie se joue toujours avec les
mêmes têtes gaies et lesbiennes, qui deviennent presque
militants malgré eux. Enfin, pour d'autres, la sortie du
placard telle que prônée par des groupes militants met sur
leurs épaules une pression insupportable. Écartelés entre
leur désir de garder un profil discret et la peur de se voir
reprocher d'être lâche ou, pour utiliser une expression un
peu datée, d'être qualifiés de "honteuses", ils développent
un discours de résistance vantant les mérites du droit à la
vie privée, à une vie sexuelle et amoureuse privée. "... |
"La spectaculaire visibilité des gais et des lesbiennes
relayés par les médias n'a pas eu la même incidence sur les
personnalités publiques. Beaucoup d'acteurs homosexuels
pourront continuer à jouer des rôle de gais affranchis, et
ne pas appliquer la recette dans leur vie quotidienne. Des
animateurs, des journalistes pourront traiter de
l'homosexualité, mais, au nom du principe d'objectivité,
s'effacer derrière le sujet, même s'il les concerne au
premier chef. Le malaise est là, et chacun d'entre eux doit
composer avec et en tout cas se positionner. L'exercice ne
peut être évité et il revient à chacun d'évaluer ses propres
capacités à gérer sa visibilité, qu'elle soit de proximité
ou grand public. La visibilité n'est jamais simple."
www.canoe.qc.ca/artdevivresociete/mars27_tele_a_Fug-par.html |
Geneviève Paris -
"Si les hommes du milieu
artistique sont plus
enclins à se livrer à
propos de leur
homosexualité, très peu
de femmes en ont fait
autant. La chanteuse
Geneviève Paris est
l’une de celles qui ont
osé. Née en France,
Geneviève Paris y débute
sa carrière aux côtés de
Maxime Le Forestier et
Julien Clerc. Elle y
enregistre aussi deux
albums. C’est à la suite
d’une tournée qu’elle
prend la décision de
s’établir au Québec,
émue par l’accueil
qu’elle avait reçu à ce
moment. En 1983, elle
s’établit dans la belle
province. Elle poursuit
sa carrière et
enregistre quelques
albums, écrit la chanson
thème du film « La femme
de l’hôtel » de Léa Pool
et connaît en 1990 son
plus grand succès avec
la chanson « Passages à
vide ». Elle n’a jamais
vraiment fait de coming-out,
elle a plutôt vécu sa
vie dans la confiance du
public." |
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Images de femmes
"Les petites filles ont toutes leur jardin secret"; l'image, une petite fille,
habillée d'une robe à fleurs et qui tient un petit bouquet de fleurs à la
main; le tout, dans une publicité pour une marque de prêt-à-porter. Voilà
une petite fille bien à sa place, celle du secret: secret valorisé comme
l'une des caractéristiques du genre féminin; secret souvent honteux, futile.
En France, jetons un regard sur notre nouvelle assemblée en mars 1993:
femmes non représentées, invisibles, plus que jamais réduites au silence sur
la scène politique. Invisible: "Qui échappe à la vue en raison de sa
nature, sa distance, etc., ou qui se cache, qui ne veut pas être vu".
Si on se réfère aux image archétypes de "La Femme", celle qui nous donne le
plus à voir se tient en retrait, ne s'affirme pas, ne revendique pas de
pouvoir économique, politique ou social. Elle existe dans le regard des
hommes, dans leur désir. Et paradoxalement son sexe est étalé, son genre
réifié (mère ou putain, élégante ou vulgaire).
Or "les lesbiennes ne sont pas des femmes", disait en 1980 Monique Wittig,
dans la mesure où elles n'orientent pas leur désir vers la différence (au
sens de la bipolarité homme/femme), dans le "ça va de soi hétérosexuel".
L'hétérosexualité repose sur une "évidence": il existe deux sexes
anatomiques qui correspondent à deux genres différents et complémentaires et
qui s'attirent. Cette différence est encore aujourd'hui pensée comme une
hiérarchie. Claude Crépaultt (1991), par exemple, décrit ainsi une sexualité
satisfaisante: "L'homme doit être en mesure d'érotiser à la fois ses
pulsions agressives et ses pulsions fusionnelles. La femme quant à elle doit
parvenir à érotiserr jusqu'à un certain point, l'agressivité masculine à
l'intérieur d'un lien amoureux." On peut remercier l'auteur pour son
"certain point", mais regretter que ce point-là soit aussi mal défini et
ouvre la porte à la violence et à la domination. Quoi qu'il en soit, on peut
lire à travers cette définition que la différence est pensée comme une
hiérarchie des deux genres où l'homme est dominant et la femme naturellement
soumise à ses pulsions, lesquelles sont nécessairement "agressives".
Pour Monique Wittig, les lesbiennes opèrent une rupture avec la
bicatégorisation des sexes; elles ne se reconnaissent pas de cette catégorie
sociale "femme", changent de perspective, se situent hors du champ de
l'hétérosexualité. Les frontières de leur genre sont incertaines, elles en
jouent, les transgressent même.
Femmes, lesbiennes; elles ont en commun d'appartenir à la même catégorie de
sexe, mais si les premières sont assurément de genre féminin, les secondes,
en revanche, ont un genre plus flou. Le silence et le secret sont des
constantes de leur histoire. Et si les lesbiennes échappent ou tentent
d'échapper à la catégorie de genre féminin, elles n'en restent pas moins
socialement invisibles. Elles ne semblent pas se situer autrement que comme
il leur est suggéré: femmes, réduites au silence. Et cachées socialement.
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Les lesbiennes rendues invisibles
L'occultation des lesbiennes prend en fait plusieurs formes. Voyons
lesquelles.
Dans l'histoire
On peut les faire disparaître de l'histoire ou de la littérature, comme Sapho,
dont les écrits ont été épurés de leur contenu lesbien pendant des siècles;
on peut parler de leurs pratiques comme de "péchés silencieux", de "crimes
détestables et contre nature" (XVIe siècle, cité par Marie-jo Bonnet
[19801). On croit même les ramener finalement à l'hétérosexualité, car elles
ne sont décrites que par des hommes, qui, forts de leur pouvoir et de leur
place, n'imaginent pas un érotisme et une sexualité hors de leur portée,
hors de leur définition et de leurs normes. L'extrait du roman de Gérard de
Villiers, cité précédemment par Daniel Welzer-Lang, est éloquent en ce sens.
Dans les discours sur la sexualité
On peut affirmer que les lesbiennes sont moins nombreuses que les hommes
homosexuels ou qu'elles n'existent pas. Ainsi, l'enquête Spira sur la
sexualité en France (Spira, Bajos et al., 1993) montre que les femmes
déclarent moins souvent que les hommes avoir eu une partenaire sexuelle de
même sexe, mais leur taux de non-réponse à ce sujet est supérieur à celui
des hommes, ce qui confirme l'hypothèse du non-dit plutôt que du non-vécu.
On peut aussi prétendre que leur égarement sexuel n'est qu'un passage vers
la vraie sexualité... hétérosexuelle, celle-là. Le mythe de l'homosexualité
adolescente en fournit un exemple.
Chez les hommes homosexuels
Pour ce qui est de la place des lesbiennes dans la catégorie des
homosexualités, force est de constater qu'elles sont englouties par le
masculin, devenu marque du général, cela par un effet de glissement:
homosexualité = homme = gai (Lhomond, 1991). Ainsi, par exemple, le Rapport
gai (Cavailhès, Dutey et Bach-Ignasse, 1984) fait état d'une enquête portant
sur 1600 personnes homosexuelles... dont 259 femmes. Les auteurs s'en
excusent et l'expliquent comme suit dans un chapitre consacré aux "biais de
l'enquête":
"Les femmes sont peu enclines à répondre à ce type de questionnaire." Sur
quelles données s'appuie-t-on pour affirmer une telle chose?
"Certaines femmes refusent pour des raisons idéologiques de répondre à ce type
de questionnaire mixte." Signalons que l'enquête est dirigée par trois
hommes.
"Certaines femmes ont trouvé la tonalité du questionnaire trop masculine ... "
Voilà peut-être la clé du problème... "Sans doute ont-elles raison,
concevoir un questionnaire adapté à la fois aux hommes et aux femmes tenait
de la gageure, tant sont différents les styles de vie... des excuses
s'imposent donc", etc.
L'homosexuel devient la figure universelle de l'homosexualité, les lesbiennes
en sont des expressions particulières, marginales.
Dans les rapports sociaux de sexe
Dans la réalité, comment considère-t-on les femmes entre elles? Comment
considère-t-on les hommes entre eux?
La culture des hommes est valorisée, cultivée dans les groupes masculins
(sport, politique, etc.), où une homosocialité plus ou moins contrôlée et
plus ou moins nommée permet d'acquérir des valeurs viriles et amène les
hommes plus jeunes à trouver leur identité masculine; c'est là que se posent
les jalons de leur pouvoir potentiel.
Lorsque les femmes sont entre elles, elles sont socialement considérées comme
"seules", et surtout comme non protégées (en particulier le soir, dans la
rue). Ou encore, les femmes peuvent être sans les hommes, lorsqu'elles
s'occupent collectivement des enfants, ou lorsqu'elles s'adonnent à quelque
loisir futile (lèche-vitrine, par exemple), qui n'intéresse pas les hommes.
En règle générale, les activités des femmes lorsque celles-ci sont en dehors
du regard des hommes, sont orientées vers leurs fonctions reproductrices ou
vers l'amélioration de leur apparence de femme (soins, beauté, etc. On en
trouvera la confirmation en feuilletant les magazines destinés à l'un et à
l'autre sexe).
Si les femmes s'organisent entre elles hors des limites de l'hétérosexualité
(dans des groupes féministes, par exemple), elles ne sont plus à leur place,
elles deviennent des "harpies", sont critiquées ou dévalorisées. Cette
forme-là d'homosocialité n'est pas pensable pour les femmes. Si, entre
elles, elles se situent hors de l'hétérosexualité, si c'est pour elles une
question de désir ou de plaisir, alors elles disparaissent de la réalité et
des discours. D'ailleurs, elles se cachent pour la plupart.
Car la sexualité "en soi" pour les femmes n'est pas permise, surtout si c'est
entre elles; et on peut considérer avec Nicole-Claude Mathieu (1985) qu'"il
semble bien que les hommes ont davantage la possibilité que les femmes
d'avoir des relations homosexuelles" et que "dans la mesure où on a réussi à
soumettre totalement les femmes à la reproduction, l'homosexualité masculine
peut être structurellement homogène avec le pouvoir des hommes sur les
femmes et n'est donc pas forcément contradictoire avec une hétérosexualité
reproductive masculine. Par contre, l'homosexualité féminine, dans la mesure
où elle exprime le refus du pouvoir des hommes, ( ... ) est évidemment plus
dangereuse".
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Des lesbiennes et des femmes
Un mélange de rejet et d'attirance semble caractériser l'attitude des femmes
hétérosexuelles à l'endroit des lesbiennes. Les lesbiennes plus politisées
se retrouvent dans différents mouvements de femmes; ici, bien qu'elles
soient souvent moteur des actions ou des réflexions, elles sont aussi
invisibles... pour ne pas discréditer la parole de l'ensemble des femmes,
c'est-à-dire des hétérosexuelles, ou parce qu'elles font elles-mêmes passer
la valeur "femme" avant celle de "femme lesbienne".
Chez les féministes hétérosexuelles, ces amantes potentielles peuvent susciter
de l'attirance ou de la peur; dans une équipe féministe d'un centre
d'accueil, l'idée fut émise qu'il ne fallait "pas trop" de lesbiennes, pour
une question d'équilibre...
Certaines féministes hétérosexuelles, associent souvent les lesbiennes à un
idéal de vie entre femmes, à une image de force et de pouvoir. Mais être
proche des lesbiennes, c'est aussi s'exposer à des questionnements nouveaux
ou à des transformations insoupçonnées, parfois intolérables, d'où des
attitudes de fuite ou de rejet. Dans le mouvement des femmes, des
hétérosexuelles ont adressé d'amers reproches aux lesbiennes; des exemples
en sont rapportés dans l'ouvrage Chronique d'une passion (Centre lyonnais
d'études féministes, 1989), qui relate une partie de l'histoire du mouvement
des femmes à Lyon, "les femmes hétérosexuelles", dit Viviane C., la
"bouclaient d'autant plus qu'il y avait la dominance du discours
homosexuel"... En silence donc, nombre de femmes hétérosexuelles
"culpabilisaient quasiment à ne pas être homosexuelle considéraient
l'homosexualité comme une panacée"...
Récemment, j'ai entendu une femme hétérosexuelle dans une rencontre de femmes
lesbiennes dire, rejetante: "Elles draguent comme des hommes ... ", "Elles
ressemblent à des hommes ... " On peut voir là une tentation de déplacer
l'image de la lesbienne hors du genre féminin, même si elle est reconnue
comme personne du sexe féminin: elle drague comme un homme. Car hors du
genre féminin, il n'y a pas d'autre choix que le genre masculin dans les
projections sexuelles des femmes non homosexuelles. En effet, où situer ces
personnages, "transfuges à la classe des femmes" (Wittig, 1980)? Une
projection de soi-même hors de la bicatégorisation des genres serait alors
nécessaire.
J'ai été surprise, en revanche, de trouver le modèle lesbien donné à titre
d'exemple d'une sexualité innovatrice, dans un tout récent magazine édité
par un groupe de jeunes femmes féministes, Marie pas Claire (1993): "( ... )
si tu veux bien admettre qu'on puisse faire l'amour sans qu'il y ait coït.
je ne dis pas que c'est quelque chose qu'on imagine facilement, mais il
suffit de te demander comment les lesbiennes le font, elles!"
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Nous, lesbiennes
Les lesbiennes ont pour leur part de bonnes raisons de rester invisibles.
"Ça ne regarde que moi, je protège ma vie privée et ma carrière
professionnelle." Le secret est une protection contre le rejet ou la
stigmatisation sociale. Mais c'est aussi une protection contre les
agressions sexuelles, contre la violence réelle à laquelle l'ensemble des
femmes est en permanence confronté, et plus encore, dans l'espace public,
celles qui n'ont pas de "protecteur"; la protection est en général le
corollaire de la soumission... même "douce", et toujours celui de la
discrétion et du silence.
Une lesbienne, qui tient un bar de nuit réservé aux femmes, explique qu'elle
ne mentionne pas, sur la carte de visite du lieu, l'exclusivité féminine,
car, "dans ce quartier de bars et de boîtes de nuit, ce serait trop risqué
de se faire repérer [ ... ] il y a un bar échangiste juste à côté et puis on
ne veut pas avoir de problèmes".
Maxime Wolfe (1992) décrit pour sa part des lieux clos et discrets, pour "des
femmes invisibles dans des lieux invisibles": "La plupart des bars dont pas
de fenêtres, ou couvrent leurs fenêtres. Ils ont souvent intérêt à protéger
l'anonymat de leur clientèle. Les bars lesbiens n'ont généralement pas de
signes ou de noms ou d'autres signes extérieurs qui pourraient les révéler
aux autres citoyens." (Traduction libre.)
Rendues invisibles, certaines lesbiennes se taisent ou se cachent pour vivre
tranquilles. Elles intègrent le silence et le secret, comme si elles
utilisaient l'un des archétypes de "l'être femme" à leur propre compte,
comme une arme.
Ce silence est une arme à double tranchant. Sans doute permet-il à court terme
de se sentir en sécurité, non exposée. Mais il est à craindre, comme le
souligne Christiane Jouve (1991), que:
"(... ) notre secret nous frappe de plein fouet: invisibles, nous devenons ce
que nous avons accepté d'être, rien. ( ... ) À force de vouloir nous
protéger, nous dépensons toutes nos forces à nous soumettre. ( ... ) Nous
avons appris qu'il ne faisait pas bon transgresser. Nous nous sommes
nourries d'invisibilité vers laquelle nous poussent tous nos instincts de
survie: la peur de l'affrontement verbal ou physique, la peur des quolibets,
des graffitis, de l'hostilité des voisins ou des collègues, la peur d'être
licenciées, de ne pas avoir de promotion, la peur de perdre nos enfants lors
d'un divorce."
Les lesbiennes sont contraintes au secret, car quoi de plus douloureux que de
se reconnaître murée dans le silence, du fait de sa condition ou de sa
place... ou de son absence de place. Il est certainement plus rassurant de
s'imaginer dans une démarche volontaire que de reconnaître que l'on s'adapte
à la réalité d'une oppression en se niant soi-même.
Ne peut-on voir là, dans cette illusion de l'appropriation de son propre
silence, une forme de déni de l'oppression, et plus profondément, une
pérennisation du sentiment de culpabilité, de honte de soi? Pour les
lesbiennes, la culpabilité découle aussi du fait qu'elles occupent une place
qualifiée de déviante: ne pas être la "bonne fille", ni la "bonne" épouse,
ni la "bonne" mère. Toute la difficulté semble être d'assumer une histoire
construite justement sur l'absence d'histoire et de place, sur le vide, sans
figure emblématique à laquelle raccrocher sa fierté.
Or seule la parole pourrait leur rendre leur histoire. Et les lesbiennes qui
cessent de s'identifier individuellement ou collectivement à l'image
stéréotypée de "la femme" participent de cette ouverture et de cette
visibilité, quel que soit le moyen. Ne plus porter le masque de
l'hétérosexualité dans les relations sociales, c'est déjà parler, c'est
faire émerger d'autres représentations et d'autres manières d'être au monde.
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Lesbiennes et gais, quelle place?
Selon les époques, certaines formes d'homosexualités ont été alternativement
entourées de secret, réprimées ou bien valorisées. Dans tous les cas, il
s'agissait de l'homosexualité masculine: initiation passant par des
pratiques homosexuelles, culte de l'amour des garçons dans la Grèce antique,
etc. Depuis le début du siècle, les discours sur les femmes homosexuelles
émergent, et avec eux les idées reçues continuent malheureusement à
prévaloir. Les hommes et les femmes ne font pourtant pas l'objet des mêmes a
priori. Un homosexuel sera soupçonné, souvent à tort, d'avoir tendance à
adopter le genre féminin, dont on lui attribuera les qualités (sensibilité,
distinction, tact ... ). Il n'en reste pas moins homme, et à ce titre
solidaire des autres hommes... sans même y "réfléchir".
Une homosexuelle est accusée de vouloir imiter les hommes. Elle en devient
ridicule et grossière (dans l'imaginaire et les normes populaires). Elle
n'est plus une femme digne de ce nom...
Ou encore, deux hommes vivant ensemble sont plus aisément repérés comme
homosexuels; deux femmes sont des amies, ce sont deux femmes "seules". Leur
autonomie n'est pas concevable, pas plus d'un point de vue sexuel que
relationnel. Il n'y a pas beaucoup de symétrie entre les gais et les
lesbiennes par rapport au silence et aux modalités de la répression.
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Le silence des lesbiennes
L'injonction au silence pour les lesbiennes s'appuie sur le fait que les
femmes sont, de toute façon, moins bruyantes: "Le contrôle du volume de la
voix est imposé fortement et tôt chez les filles. Cette longue restriction
rend la prise de parole publique (de meeting, de travail, d'assemblée de
quelque nature que ce soit) difficile à la majorité des femmes dont la voix,
habituée de longue date à la fois à un faible volume sonore en public et à
un débit précipité, ne porte pas, et n'est souvent pas entendue."
Le silence des femmes n'est pas questionné, il est. C'est en partie ce silence
qui permet la pérennisation de notre oppression. Lorsque des voix s'élèvent
pour la dénoncer (IVG., violences conjugales, harcèlement sexuel ... ), leur
légitimité est mise en cause. Là encore, les femmes courent le risque d'être
de nouveau réduites au silence, leur discours est perçu comme une
plaisanterie ou de la colère, mais rarement comme une analyse théorique de
l'oppression (Guillaumin, 1992).
Lorsque les lesbiennes commencent à se montrer publiquement, on leur reproche
d'être provocatrices; elles créent un malaise par leur attitude. On
préfère qu'elles restent discrètes; elles n'ont jamais le droit de n'être
"pas comme il faut", c'est-à-dire à leur place de femmes: timbre de la voix,
attitudes corporelles, vêtement, prise de parole, drague...
Nous pouvons nous demander pourquoi, chaque fois que les femmes se
reconnaissent comme sujets désirants, sujets pensants ou sujets de leur
propre histoire, "on" arrange l'histoire pour qu'elles n'y apparaissent pas
comme telles; pourquoi les femmes qui disparaissent de l'histoire et des
mythes sont justement celles qui situent leur sexualité, leur érotisme et
leurs désirs hors du champ de la sexualité des hommes; pourquoi enfin,
chaque fois qu'une femme lève la tête, on fait en sorte de supprimer jusqu'à
ses propres traces.
Les lesbiennes, donc, subissent une double contrainte au silence, comme
femmes et comme homosexuelles. Ainsi, leur invisibilisation, vue comme une
des formes de l'homophobie, est l'un des moyens d'assigner l'ensemble des
femmes à leur place: femmes définies comme telles par le regard des hommes,
femmes en retrait, en secret sauf dans leur féminité.
Celles qui par choix et par désir sortent des rangs de cette féminité-là et
des rapports hétérosociaux (et de ce fait se rendent inaccessibles aux
hommes) sont rendues invisibles, non pas seulement par un aveuglement
culturel, mais surtout parce qu'elles ouvrent des voies (voix) nouvelles.
Même si elles ne dépendent pas économiquement ou sexuellement d'un homme, même
si elles savent créer des lieux ou des réseaux privilégiés pour leur
culture, leur socialisation, l'élaboration de leur parole et de leur
réflexion, elles demeurent privées de parole publique, en plus d'être
contraintes à l'hétérosocialité.
Cette forme d'homophobie est pernicieuse, rampante, sournoise, parce qu'elle
s'appuie sur un aspect millénaire de l'oppression imposée aux femmes.
Que les femmes aient une histoire, une parole, une trace leur permet de se
reconnaître et de s'identifier, de devenir sujets de leur propre histoire.
Cela permet à la plupart des lesbiennes de sortir de l'isolement social, de
la peur de la stigmatisation. Pour Monique Wittig (1983):
"Il nous faut, dans un monde où nous n'existons que passées sous silence, au
propre dans la réalité sociale, au figuré dans les livres, il nous faut
donc, que cela nous plaise ou non, nous constituer nous-mêmes, sortir comme
de nulle part, être nos propres légendes dans nos vies mêmes, nous faire
nous-mêmes êtres de chair aussi abstraites que des caractères de livres ou
des images peintes".
Mais, au-delà de l'intérêt pour la communauté lesbienne, il est de l'intérêt
de toutes les femmes que les lesbiennes aient une place à part entière dans
les discours sur les rapports de sexe et sur la sexualité. Dans
l'analyse des rapports sociaux de sexe, les lesbiennes questionnent la
bicatégorisation homme/femme. Elles jouent avec les genres pour les rendre
obsolètes. Elles rendent inopérant le mythe de "La Femme"; elles sont femmes
et "non femmes", elles sont "masculines", et "non hommes", elles sont
finalement "partout". Elles mettent en lumière la construction sociale et
politique de LA sexualité en révélant la multiplicité de ses formes. Elles
interrogent l'ordre prétendument "naturel" du désir, érigé comme résultant
de LA différence des sexes, le coït comme fin en soi de la sexualité, et le
lien entre le plaisir et la reproduction (Franklin et Stacey, 1991).
Les lesbiennes révèlent le lien entre le sexisme et l'hétérosexisme; leur mode
de vie et de relation met en lumière qu'un comportement hétérosexuel et
homophobe n'est pas universel, même s'il est majoritaire dans les rapports
sociaux.
L'intérêt de leur visibilité est bien justement de rendre public un point de
vue minoritaire; c'est un moyen de questionner l'hétérosexualité. Il importe
donc de ne pas considérer que les lesbiennes transgressent l'ordre de la
sexualité et sont de ce fait marginales ou pour le moins originales. "Les
lesbiennes" ne forment pas une catégorie spécifique; par leur questionnement
et leur mode de vie, elles font partie intégrante de l'ensemble de la
société.
Parler dans la seule perspective de catégories sociales, sexuelles ou autres
ne servirait qu'à renforcer les différences et surtout leur hiérarchisation.
A l'intérieur même du mouvement lesbien, la pensée catégorielle ne peut que
diviser, hiérarchiser: "les vraies lesbiennes", les "trop" hommes, les "pas
tout à fait", les hétérosexuelles... Il importe donc de ne pas les désigner
comme différentes mais plutôt, pour l'ensemble des femmes, de pouvoir aussi
se reconnaître de cette forme-là de recherche d'identité, reconnaissance
symbolique ou non, en tant que sujet, hors de la projection de l'"autre"
sexe, dans une réappropriation réelle de tous les possibles.
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Références
BONNET, Marie-Jo (1980), "Un choix sans équivoque", Paris,
Denoël-Gonthier.
CAVAILHÈS, JeanPierre DUTEY et Gérard BACH-IGNASSE (1984),
Rapport gai, enquêtes sur les modes de vie homosexuels,
Paris, Persona.
CENTRE LYONNAIS D'ÉTUDES FÉMINISTES (1989), Chronique
d'une passion, le mouvement de libération des femmes à Lyon, Paris,
L'Harmattan.
CRÉPAULT, Claude (1991), "Sexoanalyse et processus sexoanalytique", dans
Contraception, fertilité, sexualité, vol. X.
FRANKLIN, Sarah et jackie STACEY (1991), "Le point de
vue lesbien dans les études féministes", dans Nouvelles questions
féministes, Paris.
GUILLAUMIN, Colette (1992), "Le corps construit", dans
Sexe, race et pratique du pouvoir, l'idée de nature, Paris, Côté-Femmes.
JOUVE, Christiane (1992), "Invisibilité et invisibilisation
des lesbiennes", dans Actes du colloque international du GREH,
Sorbonne, 1er et 2 décembre 1989, Cahiers Gai-Kitsch-Camp, série histoire.
LHOMOND, Brigitte (1991), "Lesbianisme et homosexualité
masculine dans les enquêtes sur la sexualité", dans M. POLLAK , R.
MENDES-LEITE et J. VAN DEM BORGH, Homosexualités et sida, actes du
colloque international des 12 et 13 avril 1991, Cahiers Gai-Kitsch-Camp,
Université 4, p. 41-51.
MATHIEU, Nicole-Claude (1985), "Quand céder n'est pas
consentir", dans L'arraisonnement des femmes, Paris, Cahiers de
l'Homme.
Revue Marie pas Claire, c/o Maison des femmes, Paris,
1993.
SPIRA, Alfred, Nathalie BAjos et le groupe ACSF (1993), Les comportements
sexuels en France, Paris, La Documentation française.
WITTIG, Monique (1980), "La pensée straight", Questions
féministes, n° 7, février.(1983), avant note de "La passion",
Djuna Barnes, Paris, Flammarion.
WOLFE, Maxime (1992), "Invisible women in invisible places:
Lesbians, Lesbian Bars, and the Social Production of People/ Environnement
Relationship", dans D. PICHÉ et C. DESPRÉS (dir.), Architecture et
comportement ("Architecture and Behavior"), vol. VIII, n° 2, juin, p.
137-158.
cf.
La peur de l'autre en soi, du sexisme à l'homophobie
Sous la direction de: Daniel WELZER-LANG, Pierre DUTEY et Michel
DORAIS - vlb éditeur 1994 Québec; 302 pp
Françoise Guillemaut, «Images invisibles : les lesbiennes» dans D.
Welzer-Lang, P. Dutey et M. Dorais (dir.), La peur de l’autre en soi. Du
sexisme à l’homophobie, Montréal, vlb éditeur, 1994, p.231.
LESBIENNES
: Les Silences du Droit
par
Marianne Schulz
Séminaire Gai -
http://semgai.free.fr/contenu/textes/mS_lesbiennes.html
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NAMIBIE -
Les
lesbiennes sont partout
pourquoi ne
voulons nous pas les voir ?"
Rainbow
Project -
Behind The Mask
160404
Windhoek - "Les femmes ont au moins 50% ans de notre
population de Namibie. Plus ou moins 10% de ce groupe sont
des femmes qui aiment des femmes, pourtant elles n'ont nulle
part pour être vues (TV, panneaux, magasins ou journaux) .
Sont-elles pas là ou sommes-nous le public conservateur de
Namibie ne voulant juste pas voir et reconnaître leur
présence et leur contribution valable à notre société ? "
(...)
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Débat Cinéffable
:
"Agir
contre l’invisibilisation croissante des
lesbiennes ?"
"Ce débat a été organisé à la demande de
Marie-Hélène Bourcier qui proposait de faire
un point après la discussion organisée au 15e
festival
le
samedi 8 novembre 2003
"Quand les lesbiennes se font du cinéma",
sur les relations entre les institutions
françaises et les associations lesbiennes.
En présence de :
Marie-Hélène Bourcier, sociologue et
membre d’Archilesb !
Maryse Lourmière, co-présidente de la
Coordination Lesbienne en France
Anne Rambach, directrice des éditions
gays et lesbiennes, et auteure avec Marine
Rambach de La culture gay et lesbienne
aux éditions Fayard.
Marie-Hélène Bourcier
« L’invisibilisation des lesbiennes dans
l’espace public (les médias, la sphère
intellectuelle…) n’est pas nouvelle. Mais
elle se renforce avec l’émergence d’une
politique gaie-centrée et la montée en
puissance d’une identité gaie hégémonique.
Elle prend de nouvelles formes : les mises à
l’écart perdurent, les injures pleuvent en
cas de critique et l’on assiste depuis peu à
des formes d’exclusion et de censure
« positives » qui consistent à remplir le L
de lgbt de manière homéopathique, restreinte
et inadéquate. On oubliait les lesbiennes,
on parle désormais à leur place.
L’exclusion des lesbiennes du projet du
centre d’archives de la Ville de Paris,
l’effacement de pans entiers des cultures
lesbiennes dans le dictionnaire des cultures
gays et lesbiennes paru chez Larousse,
l’absence des lesbiennes dans la presse
gaie, le procès qu’intente le magazine Têtu
à une lesbienne militante, autant d’épisodes
récents qui nous permettent de faire le
point. Faut-il réagir ? Avec quels moyens
d’action ? Le séparatisme est-il la
solution ? La solidarité lesbienne
existe-t-elle ? »
Cineffable
expose l’état de ses démarches auprès de la
Mairie de Paris pour obtenir une subvention
(15 000 euros accordés). Pour Cineffable,
il s’agit avant tout d’une opération de
visibilité, et de faire accepter l’intérêt
et la nécessité des événements lesbiens
non-mixtes. Quelles qu’en soient les
raisons, les ¾ des initiatives lesbiennes en
France sont non-mixtes. C’est une réalité.
Cineffable n’est pas la seule
association lesbienne en contact avec la
Mairie de Paris et espère que la subvention
accordée permettra de préparer le terrain
pour les autres.
Pour certaines autres militantes et
intellectuelles lesbiennes, en revanche,
l’année a été rude. Marie-Hélène
Bourcier,
membre d’Archilesb ! a alerté l’opinion
publique sur l’invisibilisation des
lesbiennes dans le projet de Centre
d’archives des homosexualités dirigé par
Jean Le Bitoux et a dû faire face à une
véritable levée de bouclier. Comme
Geneviève Pastre, éditrice, elle a
également dénoncé l’exclusion de certaines
chercheuses et auteures lesbiennes réputées
du
Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes,
dirigé par Didier Eribon, publié chez
Larousse cette année. La réponse calomnieuse
de Didier Eribon sur le site de Têtu (voir
ci-joint) a déclenché un mouvement de
protestation. Un communiqué de Geneviève
Pastre
a été lu pendant la discussion (voir
ci-joint).
M.H. Bourcier constate que dans les événements et les projets LGBT, le mot lesbienne
était encore trop souvent un mot creux ; les
gays, en position hégémonique, parlant
encore trop pour et à la place des
lesbiennes.
Certaines participantes dans le public sont d’avis que le « gay et
lesbien » apporte une légitimité parce que
cette mixité ressemble à de
l’hétérosexualité. Les gays organisent donc
du « gay et lesbien » mais en ne se servant
du « lesbien » que pour la forme.
Pour
Anne Rambach, les lesbiennes se
tiennent encore trop loin des sphères du
pouvoir. Anne et Marine Rambach n’ont pas
hésité à « flirter avec le pouvoir », quitte
à faire quelques concessions pour arriver à
leurs fins, ce qui s’est révélé très
positif.
Comme
le fait remarquer une organisatrice de
Cineffable, malgré tous nos efforts, les
événements lesbiens sont bien souvent
ignorés quand ils ne sont pas méprisés,
notamment dans la presse. On a beau soigner
sa communication, on se heurte toujours au
rapport d’oppression hommes/femmes.
Anne Rambach raconte à ce propos
qu’elle a dû lutter pour imposer le mot
« lesbienne » dans le titre de son essai. Sa
maison d’édition estimait en effet que ce
mot ne voulait rien dire et ne renvoyait à
aucune réalité concrète.
Pour une personne du public, les gays
ont su exploiter le mot « gay », et en ont
fait un terme très positif pour donner d’eux
une bonne image. Mais d’autres sont d’avis
que, quel que soit le nom utilisé, la
lesbophobie resterait la même.
Le
militantisme prend un nouveau visage grâce à
la généralisation des moyens informatiques,
PAO, Internet… Cela n’implique pas de se
« compromettre », de devenir commercial. On
peut se donner les moyens financiers
d’organiser un événement ambitieux tout en
restant très militantes.
Les lesbiennes
hésitent à se montrer dans les médias parce
qu’il est difficile de contrôler son image,
mais certaines pensent que l’essentiel est
de se rendre visibles. Anne et Marine
Rambach ont suivi des stages de
communication destinés aux personnes en
relation avec les médias. D’après A.
Rambach, il faut apprendre les techniques de
communication pour savoir répondre aux
questions pièges et ainsi maîtriser son
image. Une personne du public évoque la
Marche lesbienne, organisée la veille de la
Marche des Fiertés LGBT, qui mériterait,
selon elle, une meilleure communication.
L’idée est lancée d’organiser des stages de
communication avec les médias.
Maryse
Lourmière
constate qu’après des années de militance
commune avec les féministes hétéros et les
gays, les lesbiennes se sont retrouvées
niées en tant que lesbiennes dans le
mouvement féministe et en tant que femme
avec les gays. Elles doivent à présent se
regrouper. Sur la différence entre action
individuelle et action collective, abordée
par le public, l’importance des luttes
collectives a été réaffirmée. Si l’on peut
se dire « lesbienne » aujourd’hui, c’est
grâce aux mouvements collectifs. La
conscience collective nourrit la conscience
individuelle. Beaucoup de lesbiennes, face à
des circonstances difficiles, ne vivent pas
encore leur lesbianisme ouvertement et vont
chercher des forces dans les groupes. Il y a
complémentarité entre ce que chacune fait de
son côté pour exister en tant que lesbienne
et ce que nous pouvons faire ensemble. Plus
on est visibles dans différentes parties de
la société, plus cela peut avoir une action
globale.
Catherine
Florian, dans le public, signale que
pour ouvrir la nouvelle librairie
Violette and co,
elle s’est heurtée « au système » et
notamment aux banques dans lesquelles on
entend sur les lesbiennes des réflexions
épouvantables.
Maryse
Lourmière évoque la dynamique des réseaux
qui sont en train de se constituer, par
exemple celui de lesbiennes artistes, initié
à Nancy par, entre autres, la danseuse
Hélène Marquié.
Il existe deux
raisons à l’invisibilité. La première vient
de notre difficulté à utiliser les
techniques de communication et à nous
imposer dans le domaine militant comme
professionnel, et la seconde, plus difficile
à maîtriser, est due à une misogynie et à
une lesbophobie encore très vivaces.
Nous faisons face à une invisibilisation
systématique et persistante dans tous les
secteurs de la société. Pour la battre en
brèche, nous devons rester vigilantes aussi
bien dans le domaine militant, privé que
commercial. Développer et multiplier les
initiatives, les événements, tout en restant
solidaires. Une initiative n’en empêche pas
une autre, tout peut co-exister, tout
s’enrichit et donne de la force, tout peut
concourir à diffuser la culture lesbienne. "
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Things Invisible to See:
Gay and Lesbian Tales of Magic Realism
(1998)
An anthology of stories edited by Lawrence Schimel"The latest title in The
Ultra Violet Library imprint of lesbian/gay fantasy and science fiction,
Things Invisible to See collects stories from both top writers in the
sf/f field and in lesbian/gay literature. "
Title: Things Invisible to See : Gay and Lesbian Tales of Magic Realism
Author(s): Lawrence Schimel (Editor)
ISBN: 1885865228Amazon
"Whether writing about an encounter
in a sauna or the dynamics of a sexual relationship, Lawrence Schimel
blends the power of lust with the spiritual and emotional aspects of
sex. Schimel doesn't shy away from confronting issues such as safe sex,
monogamy, and open relationships. In these titillating tales, the author
has created a new form of erotic literature: a thinking man's
pornography." |
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On a
retrouvé la Lesbienne Invisible !
(héhéhé...
...elle est sur ton canapé !
"Images
invisibles : les lesbiennes"
par
Françoise Guillemaut
Sociologue, doctorante à l'équipe Simone-SAGESSE de l’Université
de Toulouse, diplômée de santé publique et communautaire et
cofondatrice de Cabiria (association de défense des droits des
prostituées).
-"Or, à mieux y
regarder, nulle place ne leur est faite dans l'histoire ni dans
les sciences humaines. Elles sont comme invisibles,
silencieuses. Cette question du silence ne concerne pas les
seules lesbiennes, puisque l'ensemble des femmes y est
confronté, à des degrés divers. " |
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