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Invisibilité Lesbienne !

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"La marginalisation des lesbiennes"


OSHEN - Océanerosemarie
Notre Bien aimée"Lesbienne Invisible"

 


Invisibles et Silencieuses  
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Lesbiennes...


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Invisibles, les lesbiennes?
Génération lesbienne : de la camionneuse à la gouine Star

Coup de colère de Manuela Kay

Le mot BON d'ordre de l'ORGULLO GAY de MADRID !

Lesbiennes & entretiens d'embauche...

  Le dire ou ne pas le dire (à la télé )
 
"Agir contre l’invisibilisation croissante des lesbiennes ?"

 >>>On a retrouvé la Lesbienne invisible !!!

 Things Invisible to See: Gay and Lesbian Tales of Magic Realism  

LESB QUIZ Découvrez quelle lesbienne vous êtes vraiment...
        ATTENDANT GOUDOU...

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Invisibles, les lesbiennes?  -Joëlle Girardle
La question n’est pas nouvelle. Il y a déjà un moment que la sous-représentation des lesbiennes dans la communauté LGBT a été constatée, discutée, documentée, voire théorisée. Entre Elles plonge donc dans les origines de la Dyke March (la Marche des Gouines), l’une des initiatives les plus substantielles pour contrer cette tendance, et ainsi mieux comprendre pourquoi un tel mouvement n’a jamais éclos au Québec.
En 1993, sous l’impulsion des Lesbian Avengers, avait lieu à Washington la toute première Dyke March. L’objectif de l’association était de porter à l’attention de la communauté LGBT, et du public en général, le fait que les lesbiennes étaient largement sous-représentées dans la société.
À l’époque, la communauté LGBT de Washington se mobilisait pour protester contre une panoplie de mesures homophobes qui avaient cours aux États-Unis. Constatant que les lesbiennes étaient à peu près absentes de l’organisation des manifestations, les Lesbian Avengers ont pris le taureau par les cornes en organisant la première Dyke March. Le succès à été immédiat : 20 000 femmes ont répondu à l’appel.

Les lesbiennes étaient de plus en plus fatiguées de se battre pour des causes qui ne les touchaient pas directement, comme le sida ou l’avortement, par exemple, alors que leurs propres problèmes demeuraient irrésolus », explique Kelly Cogswell, journaliste indépendante, directrice du projet documentaire The Lesbian Avengers et elle-même membre fondatrice du groupe basé à Washington. Selon elle, « les lesbiennes étaient par ailleurs frustrées par l’invisibilité dont elles souffraient dans la société en général, ainsi que par la misogynie de la communauté LGBT »....
01/08/2011 - Suite de l'article complet www.entreelles.net/2011/08/invisibles-les-lesbiennes-45

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>>>Génération lesbienne : de la camionneuse à la gouine star  Source Marjorie Marcillac |tetu.com 27/06/2009
Depuis quelques années, les lesbiennes s'affichent, l'assument et changent d'image : une visibilité qui n'en est qu'à ses débuts…
« La visibilité lesbienne n'est pas totalement réalisée, mais il y a quand même eu beaucoup d'avancées », comme l'admet Jocelyne Fildard, 62 ans, membre de la Coordination des lesbiennes de France. Les luttes sociales antérieures ont permis à la nouvelle génération de sortir du placard avec plus de facilité : - « A mon époque, lorsque Martina Navratilova affirmait son homosexualité, évidemment que ça faisait du bien  ! Si ces personnalités permettent de s'identifier et d'oser vivre au grand jour, on ne va pas s'en plaindre. »
Ces dernières années -signe d'une évolution des mentalités- de plus en plus de films mettant en scène des personnages lesbiens non caricaturaux, voire même des personnages principaux de séries télé ("The L Word"... ) , ont permis de diversifier les références.
La lesbienne n'est plus seulement la camionneuse de service. Tour à tour terriblement sexy ou garçon manqué, timide ou provocante, elle est devenue multiple. L'image véhiculée des lesbiennes s'est donc transformée. Il y a encore vingt ou trente ans, les seules lesbiennes visibles étaient masculines. Aujourd'hui, c'est le couple de femmes féminines qui est très représenté. Mais le fait que la lesbienne ne soit plus uniquement perçue comme masculine annonce-t-il vraiment la fin d'un tabou ?  Selon Wendy Delorme, écrivaine, performeuse burlesque et actrice queer, rares sont les filles publiquement « out » qui dérogent aux règles du genre féminin :
« Les lesbiennes sont médiatisées si elles sont féminines, ou si elles sont mères. Lesbienne bandante aux yeux des mecs ou figure maternelle, on a le droit à la médiatisation, on ne fait pas peur puisqu'on correspond encore aux archétypes rassurants de la mère et de la putain. Lesbienne masculine ou gouine radicale, on est souvent en disgrâce de notoriété. Le jour où non seulement les lesbiennes s'afficheront sans peur et sans honte, mais où le fait d'être une femme masculine ou une personne transgenre sera aussi accepté, on pourra peut-être crier hourra  ! » La nouvelle génération semble en effet vouloir récupérer certains codes de la féminité jusqu'à présent très stigmatisés dans les groupes lesbiens  : cheveux longs, talons, rouge à lèvres… « Le collage aux codes de la féminité hétéro n'est pas ce qu'il y a de plus porteur en termes de changement social », souligne Natacha Chetcuti, sociologue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et coauteure de « Lesbianisme et féminisme : histoires politiques ». Mais tout dépend de ce que l'on attend : une annulation des catégorisations de genres ou une réintégration de la lesbienne à la catégorie « femme »  ?"

Suite et article complet :www.rue89.com/2009/06/27/generation-lesbienne-de-la-camionneuse-a-la-gouine-star
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A lire aussi sur Rue89 et sur Eco89   >>>Les principales étapes de la visibilité lesbienne
 
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Coup de colère de Manuela Kay (photo)   Rédactrice en chef du magazine Lesbien Allemand «L-Mag»
- "...Montrez que vous avez plus de visibilité lesbienne, en Femmes que vous êtes!"
-"Les Femmes lesbiennes restent dans l'ombre. Même dans les Défilés..., elles sont presque invisibles..."  déclare  Manuela Kay
Manuela Kay rédactrice en chef de L-mag. faisant le "L" provocateur !   Foto: Antje Lenz von Kolkow

  «L-Mag»... voir Les Mag'Lesbiens

"... Longtemps, les gays ont partagé le sort de l'invisibilité des lesbiennes. Mais aujourd'hui, ils n'ont pas usé nécessairement de modération ni d'humilité (comme les hommes hétéro)... Les luttes contre le "paragraphe 175", le Sida, de combattre pour leurs droits et réclamer leur légitimité" ont trouvé  désormais leur place dans le tissu social . À cela s'ajoute (...) que presque chaque série télévisée a aujourd'hui a son "quota" de  "charmants gays". En outre, pour l'industrie de la publicité, les hommes Gay ont déjà donné en tant que groupe cible détecté.  Pendant ce temps, les lesbiennes demeurent tranquilles et silencieuses,  excepté lors de TV événements tels que la série américaine «The L Word», où de de belles femmes glamour s'aiment  (...) Comme il est difficile d'annoncer au monde que nous sommes aussi cool, sexy...  Avant tout, parce que beaucoup de femmes restent avec leur statut dans les sociétés patriarcales et les interlocuteurs plus généralement, de nombreux gays. Tandis que cette fête donc pour célébrer joyeusement les lesbiennes met en évidence encore plus de dysfonctionnements sociaux. Sont-elles donc, finalement, les responsables elles-mêmes de cette image  de gaité frustrés?" Traduction (essai) Tasse de Thé -
Article VO dans le dernier "L Mag"
 - Source FRAUENTERMINE www.frauentermine.de
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Des centaines de milliers de personnes à la Gay Pride de Madrid !
MADRID - Plusieurs centaines de milliers d'homosexuels, sympathisants de la cause gay ou simples touristes ont assisté samedi à Madrid au grand défilé de la Gay Pride,
placé cette année sous le thème de la "visibilité lesbienne".
La jeune secrétaire à l'Egalité du gouvernement socialiste, Bibiana Aido, était en tête du cortège qui a traversé le centre de la capitale. - "C'est un jour de joie, de revendication des droits de l'homme et de tous les citoyens", a déclaré Bibiana Aido, qui a encouragé les femmes homosexuelles à "cesser de vivre dans l'ombre", dans un pays qui se situe à l'avant-garde des droits pour les homosexuels en Europe.Nombre d'entre elles ont défilé sous un grande banderole affirmant: "Lesbienne, parce que c'est mon choix". D'autres pancartes réclamaient "la fin de l'homophobie" ou clamaient "les persécutions, ça suffit".
voir Viva Viva Viva ESPaña !
Les thèmes de "l'égalité" et de la "laïcité¨ étaient aussi souvent mentionnés dans le cortège auquel participaient des délégations d'Amnesty International, du Parti socialiste espagnol (PSOE) et des principaux syndicats.
Réuni en Congrès à Madrid, le PSOE a réclamé samedi davantage de laïcité pour une société espagnole qui a beaucoup évolué depuis cinq ans, avec notamment l'adoption du mariage homosexuel, mais où l'Eglise catholique demeure influente.
Une trentaine de chars ont participé au cortège, donnant un aspect festif au défilé, animé par de nombreux transsexuels et au cours duquel ont eu lieu des distributions de préservatifs."
 -Source e-llico.com 07/07/2008
La MARCHE DES FIERTES "ORGULLO LGBT"  en Espagne - organisée par FELGTB et COGAM 
du  05 juillet 2008 à MADRID
- Départ à 18 h de la Place d'Espagne
aura pour thème "Pour la Visibilité Lesbienne"

"Le défilé unira des personnes partout dans l'Etat en vertu du même slogan "pour la visibilité lesbienne" qui est la devise de la prochaine manifestation, comme l'a décidé à l'unanimité les groupes LGTB réunis aux états généraux tenus à Irkoutsk en avril 2008. Une décision qui reflète un des piliers du mouvement LGTB, la solidarité, et en même temps, qui est un exercice de justice historique. Parce que les lesbiennes ont toujours été en lutte dans l'ombre pour l'égalité, la liberté dont jouissent aujourd'hui les hommes et les femmes Espagnols. Ce soutien reflète la satisfaction collective pour tout ce travail et, tout en proclamant la conviction que la visibilité lesbienne est possible. Un soutien qui s'inscrit également dans l'Année de la Lesbian Visibilité LGTB dont le mouvement fait la promotion.(...)voir le site : www.cogam.es/secciones/orgullo-lgtb

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Chassez le Naturel...
Les lesbiennes cachent leur sexualité pendant les entretiens d'embauche !
Source PinkNews 03/09/2007

 (...) Les lesbiennes cachent fréquemment leur sexualité dans des entrevues d'emploi en changeant la manière dont elles s'habillent. Ainsi beaucoup de lesbiennes admettent déguiser leur sexualité en s'habillant en "genre neutre" car la plupart pensent qu'elles n'obtiendraient jamais un travail si elles s'habillaient comment elles le voudraient vraiment.  Les chercheurs Dr Helen Woodruffe-Burton and Dr Sam Bairstow, qui ont entrepris l'étude à l'université de Cumbria et de Glamorgan, ont donné au problème le nom de "d'entretien-dilemme". Elles constatent que les femmes lesbiennes sont partagées entre leur besoin d'exprimer leur identité et la pression à se conformer aux normes imposées.
Le Dr Woodruffe-Burton précise  : -"Beaucoup considèrent que l'entretien d'embauche est assez stressant sans devoir en plus déguiser leur vraie identité...  Pourtant être en robe, s'habiller en conformité avec les critères "acceptables" de leur sexe leur permet de ce fait de se sentir davantage détendue et "normale" mais en s'exposant à la possibilité de préjudice et même d'hostilité . "Nous savons tous que les premières impressions sont particulièrement importantes dans un entretien d'embauche, et cela prouve que quand cette impression va à l'encontre de la norme elle peut avoir des effets négatifs désastreux sur l'embauche elle-même '' a t-elle ajouté. 
...voir Homo Boulot

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écouter la Conférence "Lesbienne mon amour" ! Enjeux politiques
Cycle : Mémoire Gay & Lesbienne - Durée : 51mn - Intervenantes : Sabreen Al’Rassace , Chercheuse en sciences sociales - Patricia Curzi , ILGA (International Lesbian and Gay Association) -
Santé des femmes lesbiennes et bisexuelles à travers le monde

 Date/Lieu : Le 17/03/2007 à la Bibliothèque de la Part-Dieu 
http://php.bm-lyon.fr/video_conf/detail.php?id=97
Résumé :
L’invisibilité sociale et politique des lesbiennes peut avoir des conséquences d’ordre vital, notamment en matière de santé et de droit d’asile.
Patricia Curzi explique les enjeux et la mise en œuvre d’un projet de grande envergure comme le rapport sur la santé des femmes lesbiennes et bisexuelles à travers le monde (consultable sur le site de l’ILGA). Face à l’absence de recherche spécifique sur cette question par les organismes officiels, il s’agit de repérer et visibiliser les initiatives locales, de mutualiser les informations et les compétences, mais aussi de sensibiliser les femmes elles-mêmes.
L’objet de l’intervention de Sabreen Al’Rassace se situe également sur une échelle géopolitique. Elle revient sur l’interprétation de la Convention de Genève de 1951 par l’Office Français de Protection des Réfugiés et des Apatrides et par la Commission de Recours des Réfugiés. Les femmes fuyant leur pays en raison de leur lesbianisme rencontrent deux obstacles majeurs dans leur requête du droit d’asile. Le premier est l’absence d’approche en terme de genre au sein tant des ONG que de l’OFPRA et de la CRR. Le second est leur invisibilité en tant que lesbiennes : si cette dernière était une nécessité de survie dans leur pays d’origine, elle se retourne contre elles lorsqu’elles doivent fournir les preuves de persécutions spécifiques à leur encontre… "

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Le dire ou ne pas le dire?  Source  Canoë 09/2004
Geneviève Paris (...)"trouvait, à la longue, difficile d'être sollicitée comme lesbienne et non plus comme chanteuse. Par manque de joueurs, la partie se joue toujours avec les mêmes têtes gaies et lesbiennes, qui deviennent presque militants malgré eux. Enfin, pour d'autres, la sortie du placard telle que prônée par des groupes militants met sur leurs épaules une pression insupportable. Écartelés entre leur désir de garder un profil discret et la peur de se voir reprocher d'être lâche ou, pour utiliser une expression un peu datée, d'être qualifiés de "honteuses", ils développent un discours de résistance vantant les mérites du droit à la vie privée, à une vie sexuelle et amoureuse privée. "...
"La spectaculaire visibilité des gais et des lesbiennes relayés par les médias n'a pas eu la même incidence sur les personnalités publiques. Beaucoup d'acteurs homosexuels pourront continuer à jouer des rôle de gais affranchis, et ne pas appliquer la recette dans leur vie quotidienne. Des animateurs, des journalistes pourront traiter de l'homosexualité, mais, au nom du principe d'objectivité, s'effacer derrière le sujet, même s'il les concerne au premier chef. Le malaise est là, et chacun d'entre eux doit composer avec et en tout cas se positionner. L'exercice ne peut être évité et il revient à chacun d'évaluer ses propres capacités à gérer sa visibilité, qu'elle soit de proximité ou grand public. La visibilité n'est jamais simple." www.canoe.qc.ca/artdevivresociete/mars27_tele_a_Fug-par.html
Geneviève Paris - "Si les hommes du milieu artistique sont plus enclins à se livrer à propos de leur homosexualité, très peu de femmes en ont fait autant. La chanteuse Geneviève Paris est l’une de celles qui ont osé. Née en France, Geneviève Paris y débute sa carrière aux côtés de Maxime Le Forestier et Julien Clerc.  Elle y enregistre aussi deux albums. C’est à la suite d’une tournée qu’elle prend la décision de s’établir au Québec, émue par l’accueil qu’elle avait reçu à ce moment. En 1983, elle s’établit dans la belle province. Elle poursuit sa carrière et enregistre quelques albums, écrit la chanson thème du film « La femme de l’hôtel » de Léa Pool et connaît en 1990 son plus grand succès avec la chanson « Passages à vide ». Elle n’a jamais vraiment fait de coming-out, elle a plutôt vécu sa vie dans la confiance du public."


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   "Agir contre l’invisibilisation croissante des lesbiennes ?"

    
    Images de femmes
          Les lesbiennes rendues invisibles
    
    Des lesbiennes et des femmes
    
    Nous, lesbiennes
    
    Lesbiennes et gais, quelle place?
    
    Le silence des lesbiennes
    
    Références
 
  Images de femmes
"Les petites filles ont toutes leur jardin secret"; l'image, une petite fille, habillée d'une robe à fleurs et qui tient un petit bouquet de fleurs à la main; le tout, dans une publicité pour une marque de prêt-à-porter. Voilà une petite fille bien à sa place, celle du secret: secret valorisé comme l'une des caractéristiques du genre féminin; secret souvent honteux, futile. En France, jetons un regard sur notre nouvelle assemblée en mars 1993: femmes non représentées, invisibles, plus que jamais réduites au silence sur la scène politique. Invisible: "Qui échappe à la vue en raison de sa nature, sa distance, etc., ou qui se cache, qui ne veut pas être vu".

Si on se réfère aux image archétypes de "La Femme", celle qui nous donne le plus à voir se tient en retrait, ne s'affirme pas, ne revendique pas de pouvoir économique, politique ou social. Elle existe dans le regard des hommes, dans leur désir. Et paradoxalement son sexe est étalé, son genre réifié (mère ou putain, élégante ou vulgaire).

Or "les lesbiennes ne sont pas des femmes", disait en 1980 Monique Wittig, dans la mesure où elles n'orientent pas leur désir vers la différence (au sens de la bipolarité homme/femme), dans le "ça va de soi hétérosexuel". L'hétérosexualité repose sur une "évidence": il existe deux sexes anatomiques qui correspondent à deux genres différents et complémentaires et qui s'attirent. Cette différence est encore aujourd'hui pensée comme une hiérarchie. Claude Crépaultt (1991), par exemple, décrit ainsi une sexualité satisfaisante: "L'homme doit être en mesure d'érotiser à la fois ses pulsions agressives et ses pulsions fusionnelles. La femme quant à elle doit parvenir à érotiserr jusqu'à un certain point, l'agressivité masculine à l'intérieur d'un lien amoureux." On peut remercier l'auteur pour son "certain point", mais regretter que ce point-là soit aussi mal défini et ouvre la porte à la violence et à la domination. Quoi qu'il en soit, on peut lire à travers cette définition que la différence est pensée comme une hiérarchie des deux genres où l'homme est dominant et la femme naturellement soumise à ses pulsions, lesquelles sont nécessairement "agressives".

Pour Monique Wittig, les lesbiennes opèrent une rupture avec la bicatégorisation des sexes; elles ne se reconnaissent pas de cette catégorie sociale "femme", changent de perspective, se situent hors du champ de l'hétérosexualité. Les frontières de leur genre sont incertaines, elles en jouent, les transgressent même.

Femmes, lesbiennes; elles ont en commun d'appartenir à la même catégorie de sexe, mais si les premières sont assurément de genre féminin, les secondes, en revanche, ont un genre plus flou. Le silence et le secret sont des constantes de leur histoire. Et si les lesbiennes échappent ou tentent d'échapper à la catégorie de genre féminin, elles n'en restent pas moins socialement invisibles. Elles ne semblent pas se situer autrement que comme il leur est suggéré: femmes, réduites au silence. Et cachées socialement.
  
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Les lesbiennes rendues invisibles
L'occultation des lesbiennes prend en fait plusieurs formes. Voyons lesquelles.

Dans l'histoire
On peut les faire disparaître de l'histoire ou de la littérature, comme Sapho, dont les écrits ont été épurés de leur contenu lesbien pendant des siècles; on peut parler de leurs pratiques comme de "péchés silencieux", de "crimes détestables et contre nature" (XVIe siècle, cité par Marie-jo Bonnet [19801). On croit même les ramener finalement à l'hétérosexualité, car elles ne sont décrites que par des hommes, qui, forts de leur pouvoir et de leur place, n'imaginent pas un érotisme et une sexualité hors de leur portée, hors de leur définition et de leurs normes. L'extrait du roman de Gérard de Villiers, cité précédemment par Daniel Welzer-Lang, est éloquent en ce sens.

Dans les discours sur la sexualité
On peut affirmer que les lesbiennes sont moins nombreuses que les hommes homosexuels ou qu'elles n'existent pas. Ainsi, l'enquête Spira sur la sexualité en France (Spira, Bajos et al., 1993) montre que les femmes déclarent moins souvent que les hommes avoir eu une partenaire sexuelle de même sexe, mais leur taux de non-réponse à ce sujet est supérieur à celui des hommes, ce qui confirme l'hypothèse du non-dit plutôt que du non-vécu. On peut aussi prétendre que leur égarement sexuel n'est qu'un passage vers la vraie sexualité... hétérosexuelle, celle-là. Le mythe de l'homosexualité adolescente en fournit un exemple.

Chez les hommes homosexuels
Pour ce qui est de la place des lesbiennes dans la catégorie des homosexualités, force est de constater qu'elles sont englouties par le masculin, devenu marque du général, cela par un effet de glissement: homosexualité = homme = gai (Lhomond, 1991). Ainsi, par exemple, le Rapport gai (Cavailhès, Dutey et Bach-Ignasse, 1984) fait état d'une enquête portant sur 1600 personnes homosexuelles... dont 259 femmes. Les auteurs s'en excusent et l'expliquent comme suit dans un chapitre consacré aux "biais de l'enquête":
"Les femmes sont peu enclines à répondre à ce type de questionnaire." Sur quelles données s'appuie-t-on pour affirmer une telle chose?
"Certaines femmes refusent pour des raisons idéologiques de répondre à ce type de questionnaire mixte." Signalons que l'enquête est dirigée par trois hommes.
"Certaines femmes ont trouvé la tonalité du questionnaire trop masculine ... " Voilà peut-être la clé du problème... "Sans doute ont-elles raison, concevoir un questionnaire adapté à la fois aux hommes et aux femmes tenait de la gageure, tant sont différents les styles de vie... des excuses s'imposent donc", etc.

L'homosexuel devient la figure universelle de l'homosexualité, les lesbiennes en sont des expressions particulières, marginales.

Dans les rapports sociaux de sexe
Dans la réalité, comment considère-t-on les femmes entre elles? Comment considère-t-on les hommes entre eux?

La culture des hommes est valorisée, cultivée dans les groupes masculins (sport, politique, etc.), où une homosocialité plus ou moins contrôlée et plus ou moins nommée permet d'acquérir des valeurs viriles et amène les hommes plus jeunes à trouver leur identité masculine; c'est là que se posent les jalons de leur pouvoir potentiel.

Lorsque les femmes sont entre elles, elles sont socialement considérées comme "seules", et surtout comme non protégées (en particulier le soir, dans la rue). Ou encore, les femmes peuvent être sans les hommes, lorsqu'elles s'occupent collectivement des enfants, ou lorsqu'elles s'adonnent à quelque loisir futile (lèche-vitrine, par exemple), qui n'intéresse pas les hommes. En règle générale, les activités des femmes lorsque celles-ci sont en dehors du regard des hommes, sont orientées vers leurs fonctions reproductrices ou vers l'amélioration de leur apparence de femme (soins, beauté, etc. On en trouvera la confirmation en feuilletant les magazines destinés à l'un et à l'autre sexe).

Si les femmes s'organisent entre elles hors des limites de l'hétérosexualité (dans des groupes féministes, par exemple), elles ne sont plus à leur place, elles deviennent des "harpies", sont critiquées ou dévalorisées. Cette forme-là d'homosocialité n'est pas pensable pour les femmes. Si, entre elles, elles se situent hors de l'hétérosexualité, si c'est pour elles une question de désir ou de plaisir, alors elles disparaissent de la réalité et des discours. D'ailleurs, elles se cachent pour la plupart.

Car la sexualité "en soi" pour les femmes n'est pas permise, surtout si c'est entre elles; et on peut considérer avec Nicole-Claude Mathieu (1985) qu'"il semble bien que les hommes ont davantage la possibilité que les femmes d'avoir des relations homosexuelles" et que "dans la mesure où on a réussi à soumettre totalement les femmes à la reproduction, l'homosexualité masculine peut être structurellement homogène avec le pouvoir des hommes sur les femmes et n'est donc pas forcément contradictoire avec une hétérosexualité reproductive masculine. Par contre, l'homosexualité féminine, dans la mesure où elle exprime le refus du pouvoir des hommes, ( ... ) est évidemment plus dangereuse".
      
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  Des lesbiennes et des femmes
Un mélange de rejet et d'attirance semble caractériser l'attitude des femmes hétérosexuelles à l'endroit des lesbiennes. Les lesbiennes plus politisées se retrouvent dans différents mouvements de femmes; ici, bien qu'elles soient souvent moteur des actions ou des réflexions, elles sont aussi invisibles... pour ne pas discréditer la parole de l'ensemble des femmes, c'est-à-dire des hétérosexuelles, ou parce qu'elles font elles-mêmes passer la valeur "femme" avant celle de "femme lesbienne".

Chez les féministes hétérosexuelles, ces amantes potentielles peuvent susciter de l'attirance ou de la peur; dans une équipe féministe d'un centre d'accueil, l'idée fut émise qu'il ne fallait "pas trop" de lesbiennes, pour une question d'équilibre...

Certaines féministes hétérosexuelles, associent souvent les lesbiennes à un idéal de vie entre femmes, à une image de force et de pouvoir. Mais être proche des lesbiennes, c'est aussi s'exposer à des questionnements nouveaux ou à des transformations insoupçonnées, parfois intolérables, d'où des attitudes de fuite ou de rejet. Dans le mouvement des femmes, des hétérosexuelles ont adressé d'amers reproches aux lesbiennes; des exemples en sont rapportés dans l'ouvrage Chronique d'une passion (Centre lyonnais d'études féministes, 1989), qui relate une partie de l'histoire du mouvement des femmes à Lyon, "les femmes hétérosexuelles", dit Viviane C., la "bouclaient d'autant plus qu'il y avait la dominance du discours homosexuel"... En silence donc, nombre de femmes hétérosexuelles "culpabilisaient quasiment à ne pas être homosexuelle considéraient l'homosexualité comme une panacée"...

Récemment, j'ai entendu une femme hétérosexuelle dans une rencontre de femmes lesbiennes dire, rejetante: "Elles draguent comme des hommes ... ", "Elles ressemblent à des hommes ... " On peut voir là une tentation de déplacer l'image de la lesbienne hors du genre féminin, même si elle est reconnue comme personne du sexe féminin: elle drague comme un homme. Car hors du genre féminin, il n'y a pas d'autre choix que le genre masculin dans les projections sexuelles des femmes non homosexuelles. En effet, où situer ces personnages, "transfuges à la classe des femmes" (Wittig, 1980)? Une projection de soi-même hors de la bicatégorisation des genres serait alors nécessaire.

J'ai été surprise, en revanche, de trouver le modèle lesbien donné à titre d'exemple d'une sexualité innovatrice, dans un tout récent magazine édité par un groupe de jeunes femmes féministes, Marie pas Claire (1993): "( ... ) si tu veux bien admettre qu'on puisse faire l'amour sans qu'il y ait coït. je ne dis pas que c'est quelque chose qu'on imagine facilement, mais il suffit de te demander comment les lesbiennes le font, elles!"
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   Nous, lesbiennes
Les lesbiennes ont pour leur part de bonnes raisons de rester invisibles.

"Ça ne regarde que moi, je protège ma vie privée et ma carrière professionnelle." Le secret est une protection contre le rejet ou la stigmatisation sociale. Mais c'est aussi une protection contre les agressions sexuelles, contre la violence réelle à laquelle l'ensemble des femmes est en permanence confronté, et plus encore, dans l'espace public, celles qui n'ont pas de "protecteur"; la protection est en général le corollaire de la soumission... même "douce", et toujours celui de la discrétion et du silence.

Une lesbienne, qui tient un bar de nuit réservé aux femmes, explique qu'elle ne mentionne pas, sur la carte de visite du lieu, l'exclusivité féminine, car, "dans ce quartier de bars et de boîtes de nuit, ce serait trop risqué de se faire repérer [ ... ] il y a un bar échangiste juste à côté et puis on ne veut pas avoir de problèmes".

Maxime Wolfe (1992) décrit pour sa part des lieux clos et discrets, pour "des femmes invisibles dans des lieux invisibles": "La plupart des bars dont pas de fenêtres, ou couvrent leurs fenêtres. Ils ont souvent intérêt à protéger l'anonymat de leur clientèle. Les bars lesbiens n'ont généralement pas de signes ou de noms ou d'autres signes extérieurs qui pourraient les révéler aux autres citoyens." (Traduction libre.)

Rendues invisibles, certaines lesbiennes se taisent ou se cachent pour vivre tranquilles. Elles intègrent le silence et le secret, comme si elles utilisaient l'un des archétypes de "l'être femme" à leur propre compte, comme une arme.

Ce silence est une arme à double tranchant. Sans doute permet-il à court terme de se sentir en sécurité, non exposée. Mais il est à craindre, comme le souligne Christiane Jouve (1991), que:

"(... ) notre secret nous frappe de plein fouet: invisibles, nous devenons ce que nous avons accepté d'être, rien. ( ... ) À force de vouloir nous protéger, nous dépensons toutes nos forces à nous soumettre. ( ... ) Nous avons appris qu'il ne faisait pas bon transgresser. Nous nous sommes nourries d'invisibilité vers laquelle nous poussent tous nos instincts de survie: la peur de l'affrontement verbal ou physique, la peur des quolibets, des graffitis, de l'hostilité des voisins ou des collègues, la peur d'être licenciées, de ne pas avoir de promotion, la peur de perdre nos enfants lors d'un divorce."

Les lesbiennes sont contraintes au secret, car quoi de plus douloureux que de se reconnaître murée dans le silence, du fait de sa condition ou de sa place... ou de son absence de place. Il est certainement plus rassurant de s'imaginer dans une démarche volontaire que de reconnaître que l'on s'adapte à la réalité d'une oppression en se niant soi-même.

Ne peut-on voir là, dans cette illusion de l'appropriation de son propre silence, une forme de déni de l'oppression, et plus profondément, une pérennisation du sentiment de culpabilité, de honte de soi? Pour les lesbiennes, la culpabilité découle aussi du fait qu'elles occupent une place qualifiée de déviante: ne pas être la "bonne fille", ni la "bonne" épouse, ni la "bonne" mère. Toute la difficulté semble être d'assumer une histoire construite justement sur l'absence d'histoire et de place, sur le vide, sans figure emblématique à laquelle raccrocher sa fierté.

Or seule la parole pourrait leur rendre leur histoire. Et les lesbiennes qui cessent de s'identifier individuellement ou collectivement à l'image stéréotypée de "la femme" participent de cette ouverture et de cette visibilité, quel que soit le moyen. Ne plus porter le masque de l'hétérosexualité dans les relations sociales, c'est déjà parler, c'est faire émerger d'autres représentations et d'autres manières d'être au monde.
       
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Lesbiennes et gais, quelle place?
Selon les époques, certaines formes d'homosexualités ont été alternativement entourées de secret, réprimées ou bien valorisées. Dans tous les cas, il s'agissait de l'homosexualité masculine: initiation passant par des pratiques homosexuelles, culte de l'amour des garçons dans la Grèce antique, etc. Depuis le début du siècle, les discours sur les femmes homosexuelles émergent, et avec eux les idées reçues continuent malheureusement à prévaloir. Les hommes et les femmes ne font pourtant pas l'objet des mêmes a priori. Un homosexuel sera soupçonné, souvent à tort, d'avoir tendance à adopter le genre féminin, dont on lui attribuera les qualités (sensibilité, distinction, tact ... ). Il n'en reste pas moins homme, et à ce titre solidaire des autres hommes... sans même y "réfléchir".

Une homosexuelle est accusée de vouloir imiter les hommes. Elle en devient ridicule et grossière (dans l'imaginaire et les normes populaires). Elle n'est plus une femme digne de ce nom...

Ou encore, deux hommes vivant ensemble sont plus aisément repérés comme homosexuels; deux femmes sont des amies, ce sont deux femmes "seules". Leur autonomie n'est pas concevable, pas plus d'un point de vue sexuel que relationnel. Il n'y a pas beaucoup de symétrie entre les gais et les lesbiennes par rapport au silence et aux modalités de la répression.
     
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Le silence des lesbiennes
L'injonction au silence pour les lesbiennes s'appuie sur le fait que les femmes sont, de toute façon, moins bruyantes: "Le contrôle du volume de la voix est imposé fortement et tôt chez les filles. Cette longue restriction rend la prise de parole publique (de meeting, de travail, d'assemblée de quelque nature que ce soit) difficile à la majorité des femmes dont la voix, habituée de longue date à la fois à un faible volume sonore en public et à un débit précipité, ne porte pas, et n'est souvent pas entendue."

Le silence des femmes n'est pas questionné, il est. C'est en partie ce silence qui permet la pérennisation de notre oppression. Lorsque des voix s'élèvent pour la dénoncer (IVG., violences conjugales, harcèlement sexuel ... ), leur légitimité est mise en cause. Là encore, les femmes courent le risque d'être de nouveau réduites au silence, leur discours est perçu comme une plaisanterie ou de la colère, mais rarement comme une analyse théorique de l'oppression (Guillaumin, 1992).

Lorsque les lesbiennes commencent à se montrer publiquement, on leur reproche d'être provocatrices; elles créent un malaise par leur attitude. On préfère qu'elles restent discrètes; elles n'ont jamais le droit de n'être "pas comme il faut", c'est-à-dire à leur place de femmes: timbre de la voix, attitudes corporelles, vêtement, prise de parole, drague...

Nous pouvons nous demander pourquoi, chaque fois que les femmes se reconnaissent comme sujets désirants, sujets pensants ou sujets de leur propre histoire, "on" arrange l'histoire pour qu'elles n'y apparaissent pas comme telles; pourquoi les femmes qui disparaissent de l'histoire et des mythes sont justement celles qui situent leur sexualité, leur érotisme et leurs désirs hors du champ de la sexualité des hommes; pourquoi enfin, chaque fois qu'une femme lève la tête, on fait en sorte de supprimer jusqu'à ses propres traces.

Les lesbiennes, donc, subissent une double contrainte au silence, comme femmes et comme homosexuelles. Ainsi, leur invisibilisation, vue comme une des formes de l'homophobie, est l'un des moyens d'assigner l'ensemble des femmes à leur place: femmes définies comme telles par le regard des hommes, femmes en retrait, en secret sauf dans leur féminité.

Celles qui par choix et par désir sortent des rangs de cette féminité-là et des rapports hétérosociaux (et de ce fait se rendent inaccessibles aux hommes) sont rendues invisibles, non pas seulement par un aveuglement culturel, mais surtout parce qu'elles ouvrent des voies (voix) nouvelles.

Même si elles ne dépendent pas économiquement ou sexuellement d'un homme, même si elles savent créer des lieux ou des réseaux privilégiés pour leur culture, leur socialisation, l'élaboration de leur parole et de leur réflexion, elles demeurent privées de parole publique, en plus d'être contraintes à l'hétérosocialité.

Cette forme d'homophobie est pernicieuse, rampante, sournoise, parce qu'elle s'appuie sur un aspect millénaire de l'oppression imposée aux femmes.

Que les femmes aient une histoire, une parole, une trace leur permet de se reconnaître et de s'identifier, de devenir sujets de leur propre histoire. Cela permet à la plupart des lesbiennes de sortir de l'isolement social, de la peur de la stigmatisation. Pour Monique Wittig (1983):

"Il nous faut, dans un monde où nous n'existons que passées sous silence, au propre dans la réalité sociale, au figuré dans les livres, il nous faut donc, que cela nous plaise ou non, nous constituer nous-mêmes, sortir comme de nulle part, être nos propres légendes dans nos vies mêmes, nous faire nous-mêmes êtres de chair aussi abstraites que des caractères de livres ou des images peintes".

Mais, au-delà de l'intérêt pour la communauté lesbienne, il est de l'intérêt de toutes les femmes que les lesbiennes aient une place à part entière dans les discours sur les rapports de sexe et sur la sexualité. Dans l'analyse des rapports sociaux de sexe, les lesbiennes questionnent la bicatégorisation homme/femme. Elles jouent avec les genres pour les rendre obsolètes. Elles rendent inopérant le mythe de "La Femme"; elles sont femmes et "non femmes", elles sont "masculines", et "non hommes", elles sont finalement "partout". Elles mettent en lumière la construction sociale et politique de LA sexualité en révélant la multiplicité de ses formes. Elles interrogent l'ordre prétendument "naturel" du désir, érigé comme résultant de LA différence des sexes, le coït comme fin en soi de la sexualité, et le lien entre le plaisir et la reproduction (Franklin et Stacey, 1991).

Les lesbiennes révèlent le lien entre le sexisme et l'hétérosexisme; leur mode de vie et de relation met en lumière qu'un comportement hétérosexuel et homophobe n'est pas universel, même s'il est majoritaire dans les rapports sociaux.

L'intérêt de leur visibilité est bien justement de rendre public un point de vue minoritaire; c'est un moyen de questionner l'hétérosexualité. Il importe donc de ne pas considérer que les lesbiennes transgressent l'ordre de la sexualité et sont de ce fait marginales ou pour le moins originales. "Les lesbiennes" ne forment pas une catégorie spécifique; par leur questionnement et leur mode de vie, elles font partie intégrante de l'ensemble de la société. 

Parler dans la seule perspective de catégories sociales, sexuelles ou autres ne servirait qu'à renforcer les différences et surtout leur hiérarchisation. A l'intérieur même du mouvement lesbien, la pensée catégorielle ne peut que diviser, hiérarchiser: "les vraies lesbiennes", les "trop" hommes, les "pas tout à fait", les hétérosexuelles... Il importe donc de ne pas les désigner comme différentes mais plutôt, pour l'ensemble des femmes, de pouvoir aussi se reconnaître de cette forme-là de recherche d'identité, reconnaissance symbolique ou non, en tant que sujet, hors de la projection de l'"autre" sexe, dans une réappropriation réelle de tous les possibles.  
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Références

BONNET, Marie-Jo (1980), "Un choix sans équivoque", Paris, Denoël-Gonthier.

CAVAILHÈS, JeanPierre DUTEY et Gérard BACH-IGNASSE (1984), Rapport gai, enquêtes sur les modes de vie homosexuels, Paris, Persona.

CENTRE LYONNAIS D'ÉTUDES FÉMINISTES (1989), Chronique d'une passion, le mouvement de libération des femmes à Lyon, Paris, L'Harmattan.

CRÉPAULT, Claude (1991), "Sexoanalyse et processus sexoanalytique", dans Contraception, fertilité, sexualité, vol. X.

FRANKLIN, Sarah et jackie STACEY (1991), "Le point de vue lesbien dans les études féministes", dans Nouvelles questions féministes, Paris.

GUILLAUMIN, Colette (1992), "Le corps construit", dans Sexe, race et pratique du pouvoir, l'idée de nature, Paris, Côté-Femmes.

JOUVE, Christiane (1992), "Invisibilité et invisibilisation des lesbiennes", dans Actes du colloque international du GREH, Sorbonne, 1er et 2 décembre 1989, Cahiers Gai-Kitsch-Camp, série histoire.

LHOMOND, Brigitte (1991), "Lesbianisme et homosexualité masculine dans les enquêtes sur la sexualité", dans M. POLLAK , R. MENDES-LEITE et J. VAN DEM BORGH, Homosexualités et sida, actes du colloque international des 12 et 13 avril 1991, Cahiers Gai-Kitsch-Camp, Université 4, p. 41-51.

MATHIEU, Nicole-Claude (1985), "Quand céder n'est pas consentir", dans L'arraisonnement des femmes, Paris, Cahiers de l'Homme.

Revue Marie pas Claire, c/o Maison des femmes, Paris, 1993.

SPIRA, Alfred, Nathalie BAjos et le groupe ACSF (1993), Les comportements sexuels en France, Paris, La Documentation française.

WITTIG, Monique (1980), "La pensée straight", Questions féministes, n° 7, février.(1983), avant note de "La passion", Djuna Barnes, Paris, Flammarion.

WOLFE, Maxime (1992), "Invisible women in invisible places: Lesbians, Lesbian Bars, and the Social Production of People/ Environnement Relationship", dans D. PICHÉ et C. DESPRÉS (dir.), Architecture et comportement ("Architecture and Behavior"), vol. VIII, n° 2, juin, p. 137-158.


cf.
La peur de l'autre en soi, du sexisme à l'homophobie
Sous la direction de:  Daniel WELZER-LANG, Pierre DUTEY et Michel DORAIS  - vlb éditeur 1994  Québec; 302 pp
  
Françoise Guillemaut, «Images invisibles : les lesbiennes» dans D. Welzer-Lang, P. Dutey et M. Dorais (dir.), La peur de l’autre en soi. Du sexisme à l’homophobie, Montréal, vlb éditeur, 1994, p.231.


LESBIENNES : Les Silences du Droit  par Marianne Schulz
    
        Séminaire Gai   -  http://semgai.free.fr/contenu/textes/mS_lesbiennes.html

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NAMIBIE -  Les lesbiennes sont partout pourquoi ne  voulons nous pas les voir ?" Rainbow Project  - Behind The Mask 160404
Windhoek  - "Les femmes ont au moins 50% ans de notre population de Namibie. Plus ou moins 10% de ce groupe sont des femmes qui aiment des femmes, pourtant elles n'ont nulle part pour être vues (TV, panneaux, magasins ou journaux) . Sont-elles pas là ou sommes-nous le public conservateur de Namibie ne voulant juste pas voir et reconnaître leur présence et leur contribution valable à notre société ? " (...)
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Débat Cinéffable : "Agir contre l’invisibilisation croissante des lesbiennes ?"
"Ce débat a été organisé à la demande de Marie-Hélène Bourcier qui proposait de faire un point après la discussion organisée au 15e festival
le samedi 8 novembre 2003 "Quand les lesbiennes se font du cinéma", sur les relations entre les institutions françaises et les associations lesbiennes.
En présence de : Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre d’Archilesb !
Maryse Lourmière, co-présidente de la Coordination Lesbienne en France
Anne Rambach, directrice des éditions gays et lesbiennes, et auteure avec Marine Rambach de La culture gay et lesbienne aux éditions Fayard.
 
Marie-Hélène Bourcier
« L’invisibilisation des lesbiennes dans l’espace public (les médias, la sphère intellectuelle…) n’est pas nouvelle. Mais elle se renforce avec l’émergence d’une politique gaie-centrée et la montée en puissance d’une identité gaie hégémonique. Elle prend de nouvelles formes : les mises à l’écart perdurent, les injures pleuvent en cas de critique et l’on assiste depuis peu à des formes d’exclusion et de censure « positives » qui consistent à remplir le L de lgbt de manière homéopathique, restreinte et inadéquate. On oubliait les lesbiennes, on parle désormais à leur place. L’exclusion des lesbiennes du projet du centre d’archives de la Ville de Paris, l’effacement de pans entiers des cultures lesbiennes dans le dictionnaire des cultures gays et lesbiennes paru chez Larousse, l’absence des lesbiennes dans la presse gaie, le procès qu’intente le magazine Têtu à une lesbienne militante, autant d’épisodes récents qui nous permettent de faire le point. Faut-il réagir ? Avec quels moyens d’action ? Le séparatisme est-il la solution ? La solidarité lesbienne existe-t-elle ? »

 Cineffable expose l’état de ses démarches auprès de la Mairie de Paris pour obtenir une subvention (15 000 euros accordés). Pour Cineffable, il s’agit avant tout d’une opération de visibilité, et de faire accepter l’intérêt et la nécessité des événements lesbiens non-mixtes. Quelles qu’en soient les raisons, les ¾ des initiatives lesbiennes en France sont non-mixtes. C’est une réalité. Cineffable n’est pas la seule association lesbienne en contact avec la Mairie de Paris et espère que la subvention accordée permettra de préparer le terrain pour les autres.

Pour certaines autres militantes et intellectuelles lesbiennes, en revanche, l’année a été rude. Marie-Hélène Bourcier, membre d’Archilesb ! a alerté l’opinion publique sur l’invisibilisation des lesbiennes dans le projet de Centre d’archives des homosexualités dirigé par Jean Le Bitoux et a dû faire face à une véritable levée de bouclier.  Comme Geneviève Pastre, éditrice, elle a également dénoncé l’exclusion de certaines chercheuses et auteures lesbiennes réputées du Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, dirigé par Didier Eribon, publié chez Larousse cette année. La réponse calomnieuse de Didier Eribon sur le site de Têtu (voir ci-joint) a déclenché un mouvement de protestation. Un communiqué de Geneviève Pastre a été lu pendant la discussion (voir ci-joint).

M.H. Bourcier constate que dans les événements et les projets LGBT, le mot lesbienne était encore trop souvent un mot creux ; les gays, en position hégémonique, parlant encore trop pour et à la place des lesbiennes.

Certaines participantes dans le public sont d’avis que le « gay et lesbien » apporte une légitimité parce que cette mixité ressemble à de l’hétérosexualité. Les gays organisent donc du « gay et lesbien » mais en ne se servant du « lesbien » que pour la forme.

Pour Anne Rambach, les lesbiennes se tiennent encore trop loin des sphères du pouvoir. Anne et Marine Rambach n’ont pas hésité à « flirter avec le pouvoir », quitte à faire quelques concessions pour arriver à leurs fins, ce qui s’est révélé très positif.

 Comme le fait remarquer une organisatrice de Cineffable, malgré tous nos efforts, les événements lesbiens sont bien souvent ignorés quand ils ne sont pas méprisés, notamment dans la presse. On a beau soigner sa communication, on se heurte toujours au rapport d’oppression hommes/femmes.

Anne Rambach raconte à ce propos qu’elle a dû lutter pour imposer le mot « lesbienne » dans le titre de son essai. Sa maison d’édition estimait en effet que ce mot ne voulait rien dire et ne renvoyait à aucune réalité concrète.
Pour une personne du public, les gays ont su exploiter le mot « gay », et en ont fait un terme très positif pour donner d’eux une bonne image. Mais d’autres sont d’avis que, quel que soit le nom utilisé, la lesbophobie resterait la même.

 Le militantisme prend un nouveau visage grâce à la généralisation des moyens informatiques, PAO, Internet… Cela n’implique pas de se « compromettre », de devenir commercial. On peut se donner les moyens financiers d’organiser un événement ambitieux tout en restant très militantes.

 Les lesbiennes hésitent à se montrer dans les médias parce qu’il est difficile de contrôler son image, mais certaines pensent que l’essentiel est de se rendre visibles. Anne et Marine Rambach ont suivi des stages de communication destinés aux personnes en relation avec les médias. D’après A. Rambach, il faut apprendre les techniques de communication pour savoir répondre aux questions pièges et ainsi maîtriser son image. Une personne du public évoque la Marche lesbienne, organisée la veille de la Marche des Fiertés LGBT, qui mériterait, selon elle, une meilleure communication. L’idée est lancée d’organiser des stages de communication avec les médias.

Maryse Lourmière constate qu’après des années de militance commune avec les féministes hétéros et les gays, les lesbiennes se sont retrouvées niées en tant que lesbiennes dans le mouvement féministe et en tant que femme avec les gays. Elles doivent à présent se regrouper. Sur la différence entre action individuelle et action collective, abordée par le public, l’importance des luttes collectives a été réaffirmée. Si l’on peut se dire « lesbienne » aujourd’hui, c’est grâce aux mouvements collectifs. La conscience collective nourrit la conscience individuelle. Beaucoup de lesbiennes, face à des circonstances difficiles, ne vivent pas encore leur lesbianisme ouvertement et vont chercher des forces dans les groupes. Il y a complémentarité entre ce que chacune fait de son côté pour exister en tant que lesbienne et ce que nous pouvons faire ensemble. Plus on est visibles dans différentes parties de la société, plus cela peut avoir une action globale.

Catherine Florian, dans le public, signale que pour ouvrir la nouvelle librairie Violette and co, elle s’est heurtée « au système » et notamment aux banques dans lesquelles on entend sur les lesbiennes des réflexions épouvantables.

 Maryse Lourmière évoque la dynamique des réseaux qui sont en train de se constituer, par exemple celui de lesbiennes artistes, initié à Nancy par, entre autres, la danseuse Hélène Marquié.

Il existe deux raisons à l’invisibilité. La première vient de notre difficulté à utiliser les techniques de communication et à nous imposer dans le domaine militant comme professionnel, et la seconde, plus difficile à maîtriser, est due à une misogynie et à une lesbophobie encore très vivaces. Nous faisons face à une invisibilisation systématique et persistante dans tous les secteurs de la société. Pour la battre en brèche, nous devons rester vigilantes aussi bien dans le domaine militant, privé que commercial. Développer et multiplier les initiatives, les événements, tout en restant solidaires. Une initiative n’en empêche pas une autre, tout peut co-exister, tout s’enrichit et donne de la force, tout peut concourir à diffuser la culture lesbienne. "

     

Festival "Quand les Lesbiennes se font du cinéma"            
   
            
Cineffable
37, av. Pasteur 93100 MONTREUIL  - contact : cineffable@wanadoo.fr
www.cineffable.fr

           Voir aussi  CINEMALESBIEN    et      LEZ Tendance                

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Things Invisible to See: Gay and Lesbian Tales of Magic Realism (1998)
An anthology of stories edited by Lawrence Schimel
"The latest title in The Ultra Violet Library imprint of lesbian/gay fantasy and science fiction, Things Invisible to See collects stories from both top writers in the sf/f field and in lesbian/gay literature. "
Title: Things Invisible to See : Gay and Lesbian Tales of Magic Realism
Author(s): Lawrence Schimel (Editor) ISBN: 1885865228Amazon
"Whether writing about an encounter in a sauna or the dynamics of a sexual relationship, Lawrence Schimel blends the power of lust with the spiritual and emotional aspects of sex. Schimel doesn't shy away from confronting issues such as safe sex, monogamy, and open relationships. In these titillating tales, the author has created a new form of erotic literature: a thinking man's pornography."


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On a retrouvé la Lesbienne Invisible  ! (héhéhé...

...elle est sur ton canapé  !

 

 "Images invisibles  :  les lesbiennes"  par Françoise Guillemaut  
Sociologue, doctorante à l'équipe Simone-SAGESSE de l’Université de Toulouse, diplômée de santé publique et communautaire et cofondatrice de Cabiria (association de défense des droits des prostituées).
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"Or, à mieux y regarder, nulle place ne leur est faite dans l'histoire ni dans les sciences humaines. Elles sont comme invisibles, silencieuses. Cette question du silence ne concerne pas les seules lesbiennes, puisque l'ensemble des femmes y est confronté, à des degrés divers. "
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